CSDHI – Des membres éminents de l’Association des écrivains iraniens (IWA) ont commencé à purger des peines de prison pour avoir exprimé pacifiquement leur opposition à la censure.
L’avocat : « Ces condamnations sont sans fondement légal et juridique. Ce ne sont que des décisions politiques ».
« Le 26 septembre 2020, les membres du conseil d’administration de l’IWA, Reza Khandan Mahabadi et Baktash Abtin, ainsi que l’ancien membre du conseil d’administration Keyvan Bajan, ont été transférés à la prison d’Evine pour commencer à purger leur peine… Les trois membres de l’IWA doivent être libérés sans condition », a déclaré l’association des écrivains, le 27 septembre.
Elle ajoute : « IWA estime que l’exécution des peines est un acte criminel et une violation des principes des droits humains… »
L’Iran a condamné les trois membres d’IWA en mai 2019 à six ans de prison chacun. Il les a accusé de « propagande contre le régime » (un an) et « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale » (cinq ans), via leurs actions pacifiques. Notamment, ils ont publié des documents sur l’histoire d’IWA et ont fait des déclarations contre la censure. De plus, ils ont organisé des cérémonies commémoratives pour les membres de l’IWA que des agents du régime avaient tués, dans les années 1990.
En décembre 2019, la section 36 de la cour d’appel a confirmé les peines prononcées contre Abtin et Mahabadi. Il a réduit la peine de Bajan à trois ans et six mois. Sur la base de l’article 134 du code pénal islamique iranien, qui stipule que dans les cas où il y a plusieurs accusations, seule la peine pour l’accusation la plus grave sera purgée, Abtin et Mahabadi devront purger cinq ans de prison.
L’avocat : « Les cours d’appel en Iran sont devenues des tribunaux de confirmation »
« Malheureusement, les cours d’appel en Iran se sont transformées en tribunaux de confirmation », a déclaré l’avocat des droits humains Nasser Zarafshan au Centre pour les droits de l’homme en Iran (CDHI) dans une interview le 6 octobre 2020.
« L’autorité des cours d’appel est complètement diluée. Leurs décisions ne sont plus qu’une formalité pour confirmer les peines », a-t-il ajouté.
M. Zarafshan a déclaré que les peines prononcées contre les trois membres de l’IWA n’avaient aucun fondement juridique. »
« Ces sentences sont sans fondement juridique et légal. Ce sont des décisions politiques », a-t-il déclaré.
L’avocat a lui-même passé cinq ans en prison. Le régime l’avait condamné parce qu’il avait représenté les familles de dissidents assassinés dans les années 1990. Il a déclaré que la persécution de la communauté littéraire montre le niveau d’intolérance des autorités iraniennes envers les voix opposées.
Il a noté qu’IWA est une organisation professionnelle qui n’a jamais demandé une part de pouvoir. Le régime ne devrait donc pas la traiter comme un rival politique.
« Les écrivains et les penseurs ont toujours écrit contre la censure. Ils prônent la liberté d’expression et ceux qui détiennent le pouvoir ont toujours imposé la censure et confronté les écrivains. Mais, à l’heure actuelle, l’ampleur de la situation est sans précédent. »
Zarafshan a poursuivi : « La pression sur les intellectuels et les écrivains a tellement augmenté que certains ont été mis en cause pour leur silence sur certaines questions. »
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran