CSDHI – La Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, c’était le 25 novembre dernier. Mais pour les femmes iraniennes, c’est encore loin d’être acquis. En fait, même les autorités admettent que les rapports sur la violence contre les femmes ont augmenté d’au moins 20 % par rapport aux années précédentes.
L’Iran n’a pas criminalisé la violence contre les femmes
Le problème est que, contrairement à la plupart des pays, l’Iran n’a pas criminalisé la violence contre les femmes. En réalité, elle l’a plutôt encouragée. Examinons les principaux éléments de ce comportement.
Les autorités iraniennes imposent et mettent en œuvre des règles de contrainte
En Iran, les femmes n’ont pas le droit de choisir leurs vêtements. Même si la grande majorité des gens s’opposent au hijab obligatoire. Cependant, il ne s’agit pas de la négation de cette liberté fondamentale, mais plutôt de la façon dont sont traitées les femmes et les jeunes filles qui ne respectent pas ce code vestimentaire sexiste.
Il existe plus de 27 institutions chargées de faire respecter le hijab obligatoire. De nombreuses femmes sont battues, poignardées. Les responsables iraniens n’hésitent pas à les attaquer à l’acide parce qu’elles ne respectent pas le hijab. Ou parce qu’il avait légèrement glissé sur la chevelure, laissant apparaître quelques mèches de cheveux.
Les meurtres d’honneur soutenus par les lois misogynes de l’Iran
Des centaines de « crimes d’honneur » sur des femmes ont lieu chaque année. L’agence de presse officielle ISNA estiment que les chiffres se situent « entre 375 et 450 », ce qui représente 20 % de tous les meurtres en Iran.
Cette situation est systémique car le gouvernement les tolère. Le code pénal stipule que la justice ne peut pas condamner à mort les pères et les grands-pères paternels pour le meurtre de leur enfant ou petit-enfant. Il stipule même qu’un mari peut légalement tuer sa femme sur-le-champ s’il la surprend en plein adultère.
Les autorités et les religieux encouragent les mariages précoces
Les parents peuvent marier leurs filles à 13 ans, ou à neuf ans avec l’approbation d’un juge. Récemment, le Parlement (Majlis) a rejeté des projets de loi visant à porter l’âge du mariage à 16 ans. Cela constitue une violence à l’encontre des plus vulnérables.
Chaque année, Quelques 600 000 jeunes filles mineures se marient. 234 000 d’entre elles ont moins de 15 ans. Elles se marient à un homme beaucoup plus âgé puis sont forcées d’avoir des relations sexuelles précoces. Ensuite, elles tombent enceintes et accouchent précocement. Ces jeunes filles subissent des violences domestiques.
Les femmes et les filles iraniennes exposées à la violence domestique
L’Iran n’a pas de loi pour lutter contre la violence domestique. En effet, le Majlis a créé de nombreux obstacles à l’adhésion à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, que seuls quatre pays des Nations unies n’ont pas signée.
Depuis le début de la pandémie du coronavirus, de nombreuses provinces ont signalé une augmentation de 50 % à 1 000 % des appels d’urgence sociale liés à la violence domestique.
Harcèlement systématique contre les défenseurs des droits des femmes en Iran
Les militants des droits des femmes sont victimes d’abus importants en Iran. La justice iranienne les condamnent à des peines de prison de longue durée, suivies d’horribles abus systématiques dans les prisons. Ils sont conçus pour briser l’esprit des prisonniers et dissuader les autres militants.
Dans un cas, la justice a condamné trois militantes antihijab – Yasaman Aryani, Monireh Arabshahi et Mojgan Keshavarz – à 55 ans et demi de prison car elles n’ont pas porté le Hijab. Les chefs d’accusation sont les suivants : « association et collusion contre la sécurité nationale », « diffusion de propagande contre l’État », « encouragement et préparation des bases de la corruption et de la prostitution » et « insulte au caractère sacré. » Aucun d’entre eux n’a bénéficié d’une représentation juridique.
Le projet de loi sur la violence à l’égard des femmes
En septembre 2019, le pouvoir judiciaire a annoncé qu’il avait approuvé un projet de loi sur la violence contre les femmes après huit ans. Mais lorsque ce projet de loi est parvenu au gouvernement, son objectif a été modifié. Il a été dépouillé de tout pouvoir. Il n’a fait que doubler les protections existantes pour ceux qui maltraitent les femmes.
« Si le projet de loi est adopté, la situation des femmes va empirer. Le projet de loi actuel élimine le mot violence faite aux femmes et les parties qui portaient sur la sécurité des femmes ont été omises ou modifiées d’une façon ou d’une autre. En conséquence, la nature du projet de loi est totalement perdue », a déclaré l’ancienne députée de Téhéran Parvaneh Salahshori.
Source : Iran Focus (site anglais)