Amnesty International – Les autorités iraniennes préparent leur machine de torture pour mutiler, amputer et traumatiser délibérément, une fois de plus des personnes par le biais de châtiments corporels judiciaires d’une cruauté indicible, a mis en garde Amnesty International, le 3 décembre 2020. L’Organisation a reçu des informations sur les autorités judiciaires à Oroumieh, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental.
Celles-ci se préparent à apporter une guillotine utilisée pour amputer les doigts à la prison d’Oroumieh. Jusqu’à six hommes condamnés pour vol et détenus dans la prison courent le risque imminent de se faire amputer les doigts, quelques jours à peine après que les autorités de Téhéran ont fouetté un syndicaliste, 74 fois, pour avoir organisé une manifestation pacifique en solo.
Selon les informations obtenues par Amnesty International, le 25 novembre 2020, les prisonniers de la prison d’Oroumieh ont appris que le bureau du procureur de la ville et les responsables de la prison se préparent à mettre en oeuvre les peines d’amputation de plus de six hommes détenus dans la prison. Il s’agit de Hadi Rostami, Mehdi Sharfian, Mehdi Shahivand, Kasra Karami et deux frères,
Shahab Teimouri Ayeneh et Mehrdad Teimouri Ayeneh. Tous les six ont été condamnés, à l’issue de procès manifestement inéquitables, à « l’amputation des quatre doigts de la main droite complètement coupés de sorte qu’il ne reste que la paume de la main et le pouce », selon la peine prévue pour certains types de vol en vertu de l’article 278 du code pénal islamique iranien. Les hommes n’ont pas eu accès à leurs avocats pendant la phase d’enquête et les tribunaux se sont appuyés sur des « aveux » obtenus sous la torture pour obtenir des condamnations, même lorsque les accusés les ont rétractées au cours de leur procès. Les peines des six hommes ont été confirmées par la cour suprême et renvoyé au centre pour l’exécution des peines, ce qui signifie qu’ils pourraient être mises en œuvre à tout moment.
Le 23 novembre 2020, le parquet a fouetté 74 fois Davoud Rafiee sur le dos, en présence du chef du bureau du procureur du district 10 de Téhéran. M. Rafiee était un travailleur et militant des droits du travail. L’entreprise de construction automobile dans laquelle il travaillait, l’avait licencié.
En juin 2018, les autorités judiciaires l’avaient condamné à 74 coups de fouet pour « avoir insulté » le ministre du travail, uniquement dans le cadre d’une manifestation pacifique en solo qu’il avait organisée devant le ministère des coopératives, du travail et de la protection sociale le 5 mars 2018 contre le chômage endémique, la corruption généralisée, les salaires et les conditions de travail injustes.
Amnesty International renouvelle son appel aux autorités iraniennes pour qu’elles annulent immédiatement les peines d’amputation de Hadi Rostami, Mehdi Sharfian, Mehdi Shahivand, Kasra Karami, Shahab Teimouri Ayeneh et Mehrdad Teimouri Ayeneh.
Les autorités doivent abolir, en droit et en pratique, toutes les formes de châtiments corporels, y compris la flagellation, l’amputation et l’énucléation qui constituent des crimes de torture selon le droit international, et accorder à Davoud Rafiee et à toutes les autres victimes de ces tortures des recours efficaces, y compris la restitution, l’indemnisation, la réhabilitation et des garanties de non-répétition. Dans l’affaire de Davoud Rafiee, cela doit inclure l’annulation de sa condamnation et l’effacement de son casier judiciaire, car il était uniquement visé pour l’exercice pacifique de son droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Amnesty International a pu obtenir et examiner les verdicts des tribunaux de toutes les personnes dont les cas sont documentés dans cette déclaration ; pour un certain nombre de victimes concernées, elle a également pu s’adresser à des sources disposant d’informations primaires, mais elle a dissimulé leur identité pour des raisons de sécurité.
Pour en savoir davantage : Article complet d’Amnesty International