
CSDHI – Des derviches de Gonabadi ont dénoncé les dirigeants islamistes d’Iran pour le décès, dimanche, d’un des leurs en prison. Selon eux, il s’est vu refuser des soins médicaux appropriés son état neurologique grave pendant des mois.
Cinq derviches de Gonabadi dénoncent avec force la mort de Behnam Mahjoubi
Un groupe de cinq militants emprisonnés de la minorité des derviches de Gonabadi en Iran a envoyé une déclaration à VOA Persian. Ils expriment leur indignation face à la mort d’un autre derviche dissident, Behnam Mahjoubi, à l’hôpital Loghman de Téhéran. C’est là que les autorités de la prison d’Evine l’avait transféré, le 13 février. L’organisation carcérale iranienne a déclaré que M. Mahjoubi souffrait d’un trouble panique. Les responsables de la prison l’avaient transféré à l’hôpital après l’avoir empoisonné avec un médicament. Il est décédé huit jours plus tard. Les efforts du personnel hospitalier pour le réanimer ont été vains.
Les cinq militants derviches emprisonnés ont qualifié la mort de M. Mahjoubi de « meurtre » et de « grand crime ». Ils ont déclaré que les dirigeants islamistes iraniens l’ont utilisé pour envoyer un message aux opposants. C’est une manière pour les mollahs de leur dire : « Dans la rue, en salle d’interrogatoire, dans les cellules ou dans les quartiers, on peut vous tuer partout ! »,
Les prisonniers qui ont publié cette déclaration se sont identifiés comme étant Kianoush Abbaszadeh, Mostafa Abdi, Abbas Dehghan, Mohammad Sharifi Moghadam et Kasra Nouri. Ils l’ont envoyée à VOA sous la forme d’un message audio lu par l’un des hommes, qui a demandé à garder l’anonymat.
Un militant des droits des derviches se joint à la condamnation des militants
Un autre militant des droits des derviches, Alireza Roshan, a accusé les autorités iraniennes d’avoir tué M. Mahjoubi. Il affirme qu’elles l’ont traité plus mal qu’un animal. Il s’est entretenu avec VOA Persan lors d’une interview vidéo sur Skype, lundi, depuis son exil en Turquie.
Les derviches de Gonabadi sont une secte religieuse musulmane soufie. Elle se plaint depuis longtemps du harcèlement des religieux chiites au pouvoir en Iran. Ces derniers les considèrent comme des hérétiques.
M. Mahjoubi fait partie des 300 membres de la communauté des derviches arrêtés pour leur participation aux manifestations anti-gouvernementales à Téhéran, les 19 et 20 février 2018. Les manifestations ont dégénéré en violents affrontements de rue entre les forces de sécurité iraniennes et les militants. Cinq officiers sont morts.
Les militants iraniens ont déclaré que les autorités ont libéré M. Mahjoubi sous caution en 2018. En même temps, il était également condamné à deux ans de prison pour « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale. » Il a commencé à purger sa peine à Evin en juin 2020.
Behnam Mahjoubi
Dans une interview à VOA, un ami de Behnam Mahjoubi a déclaré que le transfert du dissident de la prison d’Evine de Téhéran vers l’hôpital psychiatrique s’est produit samedi contre la volonté de M. Mahjoubi.
L’ami de M. Mahjoubi basé en Iran est un ancien prisonnier politique. Il s’appelle Ebrahim Allah Bakhshi. Il a déclaré à VOA Persian en septembre qu’il était en contact téléphonique régulier avec M. Mahjoubi en prison. Il a appris que les autorités d’Evine empêchaient M. Mahjoubi de prendre les médicaments contre les troubles de panique que lui apportaient les membres de sa famille depuis le mois d’août.
Les Nations Unies demandent une enquête sur le décès de M. Mahjoubi
Dans un tweet publié lundi, le bureau des droits humains des Nations unies a appelé l’Iran à faire une enquête complète et transparente sur la mort de M. Mahjoubi en détention.
« Sa mort est un autre rappel de la façon dont les traitements médicaux adéquats sont constamment refusés aux détenus. Nous demandons un accès immédiat à des soins adéquats pour tous les prisonniers », a déclaré le bureau des droits humains des Nations Unies.
Dans une déclaration également publiée lundi, le directeur exécutif du Centre pour les droits de l’homme en Iran, basé à New York, Hadi Ghaemi, a déclaré que les gouvernements du monde entier « devraient condamner la pratique iranienne consistant à refuser les soins médicaux aux prisonniers. Car elle équivaut à de la torture et un meurtre extrajudiciaire effectif des prisonniers. »
L’organisation carcérale iranienne a déclaré que la cause de la mort de M. Mahjoubi ferait l’objet d’une enquête. Elle sera annoncée ultérieurement.
Dans le premier et unique commentaire en anglais de l’administration Biden sur le bilan de l’Iran en matière de droits humains, le secrétaire d’Etat Antony Blinken s’est joint à ses homologues britannique, français et allemand pour publier le 18 février une déclaration commune qui aborde la question de l’Iran. Il exprime « une profonde inquiétude quant à la persistance de graves violations des droits de l’homme » dans ce pays.
Les derviches impliqués dans les manifestations de 2018 à Téhéran avaient demandé la libération des membres arrêtés de leur communauté. Ils avaient aussi réclamé la suppression des contrôles de sécurité autour de la maison de leur leader âgé, Noor Ali Tabandeh. Il est mort en décembre 2019.
Source : VOA