CSDHI – Selon Faezeh Hashemi, ce sont les politiques gouvernementales successives qui ont causé l’extrême pauvreté au Sistan-Baloutchistan. Elles ont forcé ses citoyens (les Baloutches) appauvris à devenir des trafiquants de pétrole.
Le régime iranien en plein massacre de la minorité baloutche
« Ils ont tué des transporteurs de carburant. Ils ont ensuite menti à ce sujet en disant qu’ils avaient été tués de l’autre côté de la frontière. »
« Pour les dirigeants de l’Iran, l’intérêt national, les droits du peuple et leurs moyens de subsistance ne sont pas prioritaires. Ils ne se préoccupent que de leur propre survie et de celle de leur gouvernement. »
Faezeh Hashemi est une militante politique réformiste et ancienne membre du parlement iranien. Dans un fichier audio partagé avec IranWire, elle a parlé des récentes protestations de la population du Sistan-Baloutchistan.
Mme Hashemi estime également que l’incapacité du gouvernement à se procurer un vaccin Covid-19 est indéfendable. « Si quelqu’un meurt du coronavirus en Iran depuis le développement du vaccin », dit-elle, « on doit considérer cela comme un meurtre au premier degré de la part des dirigeants. »
Le contenu complet du message enregistré de Mme Hashemi est détaillé ci-dessous.
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Dans un récent fichier audio reçu par IranWire, Faezeh Hashemi, parle des manifestations au Sistan-Baloutchistan.
Pour commencer, elle déclare : « Il y a quelques points évidents concernant les récentes protestations des habitants du Sistan-Baloutchistan et la réponse du gouvernement à celles-ci.
« Le premier est qu’ils ont tué les transporteurs de carburant et ont ensuite menti à ce sujet. Ils ont dit qu’on les avait tués de l’autre côté de la frontière. Pourtant, des sources locales disent que de l’autre côté, au Pakistan, ils aidaient les blessés et les sauvaient.
« Ils ont ensuite poursuivi leur répression contre les habitants du Sistan-Baloutchistan. C’est-à-dire qu’ils ont poursuivi leur politique malavisée. Maintenant, je veux demander : n’est-ce pas un scandale après l’autre, de dépenser autant d’énergie à déformer la vérité et à falsifier des histoires pour gagner le soutien de la population ? Des histoires dont aucune n’est convaincante et qui continuent à aggraver la méfiance ? N’aurions-nous pas un meilleur résultat si nous réagissions avec honnêteté, si nous respections les droits et les moyens de subsistance des gens ? Et, en somme, si nous leur donnions un bon gouvernement ?
Ces derniers jours, note Mme Hashemi, les médias contrôlés par le régime ont qualifié les transporteurs de carburant de « contrebandiers de pétrole. » Le débat continue de tourner autour de la meilleure façon de décrire ces personnes appauvries.
« Disons qu’ils sont des contrebandiers », dit Hashemi. « Ce sont les politiques erronées du gouvernement qui préparent le terrain pour la contrebande. C’est la différence de prix qui crée la contrebande. Le phénomène de la contrebande est le résultat des politiques erronées des dirigeants.
« Premièrement, nous devons faire en sorte que la situation économique soit telle que les gens n’aient pas besoin de faire cela. Deuxièmement, nous devons faire en sorte qu’il soit illogique pour les gens de sortir le pétrole du pays pour le vendre. Ces choses vont forcément se produire lorsque nous sommes si éloignés de l’économie mondiale, des politiques mondiales et des normes mondiales. »
Elle demande : « Est-ce que tuer est la bonne punition pour quelqu’un qui fait de la contrebande de pétrole pour un morceau de pain ? Cette punition ne devrait-elle pas être pour ceux qui ont poussé les gens si loin qu’ils doivent prendre des risques si extrêmes pour ce morceau de pain ?
Un signe de peur
Faezeh Hashemi estime que la répression des manifestants est un signe de peur de la part des dirigeants iraniens. Ils traitent les manifestants de cette façon, dit-elle, « pour les remettre à leur place et éviter les protestations. »
Pour illustrer ce point, elle raconte une histoire qui a eu lieu après l’élection présidentielle contestée de 2009. Environ un an après les événements de 2009, un haut responsable s’est fait dire : « Apaisons le peuple. Libérez les prisonniers politiques et mettez fin aux assignations à résidence. » L’essentiel de sa réponse a été : « Nous n’allons pas faire la même erreur que le Shah. Si nous donnons un doigt, ils essaieront de prendre la main. Si nous faisons la même erreur, nous devrons partir, tout comme le Shah l’a fait. »
Mme Hashemi pense qu’au contraire, la situation actuelle est différente de celle de l’époque où le Shah était au pouvoir. Dans les conditions actuelles, dit-elle, les gens ne veulent plus une révolution. Ils veulent une vie meilleure. « Dès le début [avant la révolution islamique], dit-elle, les gens disaient que le Shah devait partir. Et quand le Shah a battu en retraite et a été forcé de quitter le pays, il y a eu une révolution. » (…)
Ils sont dans le même bateau
La crise au Sistan et au Baloutchistan, dit Faezeh Hashemi, est aggravée par les actions inutiles du gouvernement. « Ces erreurs doivent être évitées par des politiques sages et du tact », dit-elle. « Qui, malheureusement, font défaut. »
Pourquoi, demande Faezeh Hashemi, un ordre définitif pour mettre fin à la violente répression des manifestants n’a-t-il pas été émis ? À cause de la vision monopolistique du monde qui dit que « tout doit être à nous ». Les gens n’ont aucun droit. Chaque droit nous appartient, à nous qui dirigeons le pays. Or nous n’agissons que dans le cadre de la préservation du gouvernement et de notre propre survie. » Ils prennent tous ces décisions ensemble. Alors qui doit émettre un tel ordre et résoudre le problème ? »
Mme Hashemi déclare alors qu’on lui a dit : « L’Ayatollah Khamenei est celui qui a donné l’ordre de « tirer à volonté. » Dans ce cas, on lui aurait certainement obéi. »
Mais, ajoute-t-elle, « Ils sont dans le même bateau. Ils décident tous ensemble. Et ils sont tous partenaires. Malheureusement, la priorité pour eux n’est pas l’intérêt national, les droits et les moyens de subsistance des gens. La seule chose qui est prioritaire, c’est le maintien du pouvoir. C’est pour cela que ces choses arrivent. Et que personne ne les empêche. »
Ne pas fournir le vaccin, est un meurtre
Mme Hashemi évoque l’acquisition par l’Iran d’un vaccin contre le coronavirus. « Le vaccin est disponible depuis un certain temps déjà, sous différentes formes et dans différents pays », dit-elle. Ils disent : « Nous n’avons pas d’argent, nous sommes sous sanctions », etc. Ne devrions-nous pas établir des priorités ?
« En ce moment, notre priorité est de fabriquer des satellites et des missiles. Mais aussi d’envoyer de l’aide en dehors de nos frontières. Mais la priorité doit être de s’occuper des gens. Nous devons résoudre le problème du coronavirus et du vaccin. Je pense que si quelqu’un meurt du coronavirus en Iran depuis le développement du vaccin, cela doit être considéré comme une sorte de meurtre au premier degré commis par les dirigeants.
« Oui, il y a encore des décès dans les pays qui ont importé le vaccin. Mais dans notre pays, même le premier pas n’a pas été fait. Nous ne sommes pas prêts à arrêter de dépenser de l’argent pour des choses qui sont inutiles. Mais aussi, qui poussent notre pays à la ruine et le font reculer, au lieu de s’occuper de la vie des gens. Le coronavirus n’a rien à voir avec la politique ou avec qui dirige le pays. Il s’agit de la vie des gens et elle doit être la priorité (…)
Source : IranWire