CSDHI – L’Aïd Nowrouz, le nouvel an persan, approche à grands pas. Mais le régime iranien a fait de l’Aïd un deuil pour le peuple, en particulier les travailleurs et les pauvres.
Aïd Nowrouz en pleine pandémie et paupérisation de la population iranienne
Il arrive cette année à un moment où le coronavirus croît en Iran, et où les autorités iraniennes privent les travailleurs de leur salaire. Car elles les obligent à venir travailler au risque d’être infectés par le coronavirus.
Rappelons-nous que le seuil de pauvreté de 10 millions de Tomans. Aussi, leurs salaires ne leur permettent pas de subvenir à leurs besoins fondamentaux. Mais les responsables refusent également de payer ces maigres salaires.
À cet égard, le 18 février, un groupe de travailleurs de la municipalité de Shahriar a organisé un rassemblement de protestation devant le conseil municipal. Ils protestaient contre le non-paiement de leurs salaires pendant deux mois.
Des travailleurs qui n’ont plus de salaires
Dans une interview vidéo, trois des travailleurs protestataires ont décrit leurs problèmes.
Un travailleur : « Nous sommes venus ici et nous nous sommes rassemblés pour l’augmentation de salaire. Ils ne nous ont pas payés depuis deux mois. »
Le journaliste : « A combien s’élève votre salaire ?
Le travailleur : « Mon salaire est de 2,45 millions. Et la prime de fin de service est de 150 000. Vous, Monsieur le Maire, pouvez-vous vivre avec 2,6 millions ? Et gagner votre vie ?
Le journaliste : Avez-vous un problème avec le maire ou avec la société de contrat et de services ?
Le travailleur : M. l’entrepreneur dit que le maire devrait me le donner, alors je peux vous le donner.
Un autre travailleur : Je suis comme lui aussi. Mon salaire est bas. Et à ce jour, je n’ai pas reçu mon salaire depuis deux mois. »
Des travailleurs qui ne perçoivent plus de salaires
Les conditions de tous les travailleurs sont compliquées. Leurs cycles de vie ne changent pas, un groupe de travailleurs à Mahshahr a fait grève pour la troisième journée le 15 février. Ils protestent contre le licenciement de leurs collègues de la compagnie du sud de Téhéran.
Le 15 février, un groupe de travailleurs de l’HEPCO a organisé un rassemblement de protestation contre leurs problèmes et leurs revendications le long de la voie ferrée d’Arak.
Le quotidien officiel Kar-o-Karegar a reconnu les conditions de vie désastreuses des travailleurs. Il a écrit : « Le coût du panier de la ménagère pour une famille de 3,3 personnes est de 10 millions de tomans, alors que le salaire minimum perçu par les travailleurs atteint finalement 3 millions de tomans. Cependant, en raison de la forte inflation, le pouvoir d’achat a fortement baissé et la table des travailleurs s’est vidée. » (Kar-o-Karegar, 9 février)
Et le 15 février, le même quotidien, a cité un responsable iranien, le chef de la Chambre suprême des syndicats. Il a écrit : « Les salaires et les avantages des travailleurs seront déterminés unilatéralement et à l’avantage de l’employeur dans le cadre de conventions collectives. Dans les circonstances actuelles, les travailleurs verront leur salaire minimum violé. Par exemple, la nature du travail des ouvriers des briqueteries est l’un des emplois les plus durs et les plus nuisibles. Non seulement ce groupe est privé de ses droits en raison du travail pénible. Mais les nouvelles indiquent que la situation de ce groupe n’est pas bonne. Et ils sont privés du minimum. L’employeur, d’une part, est réticent à négocier dans le vrai sens du terme. Mais, d’autre part, il viole tout simplement les droits du travailleur. »
Une population ignorée par les mollahs du régime
Mais pourquoi les problèmes des gens ne sont-ils pas résolus ? La situation est tellement difficile et incontestable que les médias officiels l’ont également admis.
Le 20 février, le quotidien officiel Mostaghel a écrit : « Aucune des classes sociales du peuple iranien n’a de véritable représentant dans la structure gouvernementale. Les travailleurs et les autres classes inférieures en Iran sont pires que les autres secteurs de la société. Les travailleurs n’ont même pas de véritable syndicat. Ils n’ont pas non plus de médias. Leurs voix ne parviennent nulle part. » (Mostaghel, 20 février).
Le 15 février, le quotidien Arman, sous le titre « Ne remplissons pas le « bol de la patience » des travailleurs », a reconnu l’oppression et l’exploitation du gouvernement et de ses institutions. Il a également reconnu l’impatience des travailleurs face à toute cette oppression et cette exploitation.
En attendant que le bol de la patience déborde
Il a exprimé son inquiétude. A ce titre, il a écrit : « Ce n’est pas la bonne voie qui a été choisie (par le gouvernement) pour les travailleurs et leurs vies et moyens de subsistance, et il peut atteindre des points critiques. Une fois que nous avons atteint cette situation dangereuse et franchi ce point critique, personne ne peut résoudre les problèmes qui se sont posés. Il faut noter que tous les problèmes vont exploser comme un volcan et en même temps, nous ne verrons pas de bons résultats le jour où la tolérance de la majorité de la société, c.-à-d. les travailleurs, est épuisée et leur patience est épuisée. » (…)
Bien sûr, de telles conditions d’oppression et d’exploitation par le gouvernement ne se limitent pas à la classe ouvrière, mais toutes les couches pauvres de la société se trouvent dans une telle situation que les médias et les experts gouvernementaux, tout en la reconnaissant, s’inquiètent de leur patience et de leur révolte. Un soulèvement qu’on appelle parfois le soulèvement des affamés.
Source : Iran Focus (site anglais)