CSDHI – Nous appelons la Haute-Commissaire des Nations unies aux droits humains ainsi que les États membres du Conseil des droits de l’homme et l’ECOSOC à soulever cette affaire auprès du gouvernement iranien au plus haut niveau. Le gouvernement iranien devrait annuler la décision de justice visant à dissoudre l’Organisation caritative de l’Imam Ali (Imam Ali Popular Student Relief Society -IAPSRS).
Celle-ci œuvre à la réduction de la pauvreté, ont déclaré aujourd’hui 15 organisations de défense des droits humains et de la société civile, dont Iran Human Rights (IHR) dans une déclaration commune. Un tribunal a ordonné la fermeture à la demande des autorités iraniennes en coordination apparente avec l’appareil du renseignement et de sécurité de l’Iran.
Voici la déclaration :
Nous, les organisations de défense des droits humains et de la société civile soussignées, exprimons notre vive inquiétude quant à la décision d’un tribunal iranien de dissoudre l’une des plus grandes ONG enregistrées du pays. Elle travaille sur la réduction de la pauvreté, en coordination apparente avec les services iraniens du renseignement et de sécurité. Nous appelons le gouvernement iranien à annuler immédiatement cette décision. Elle constitue une violation manifeste des libertés d’association et d’expression.
L’Imam Ali’s Popular Student Relief Society (IAPSRS) est une ONG indépendante. Elle a travaillé sur la réduction de la pauvreté et d’autres questions cruciales, notamment le mariage des enfants et les condamnations à mort de mineurs. Au cours des 20 dernières années, avec le soutien de bénévoles dans tout le pays, l’IAPSRS a étendu ses activités caritatives. Ces dernières ont pour objectif l’éducation, les soins médicaux, les événements culturels et sportifs pour les enfants vulnérables. Mais pas seulement. Les programmes de soutien aux mères célibataires vivant dans des quartiers marginalisés, le travail avec les avocats et les familles pour sauver les mineurs délinquants condamnés à mort et la collecte de fonds et l’envoi de bénévoles en réponse aux catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre font aussi partie des activités de l’organisation. Depuis 2010, l’organisation est dotée du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) et a participé à plusieurs événements parallèles au Conseil des droits humains.
Selon le verdict du tribunal publié dans les médias, le 5 mars, le tribunal s’est rangé à l’avis du ministère de l’Intérieur. Selon lui, l’IAPSRS a « dévié » de sa mission initiale et insulté les croyances religieuses. Les activités citées par le tribunal comme preuve de « déviation » comprennent « la remise en question des règles islamiques telles que le qisas (la loi du Talion) » et « la promotion du mensonge en publiant des déclarations contre la République islamique d’Iran. » La déclaration fait référence à des preuves qui incluent la déclaration de l’IAPSRS au lendemain de la répression brutale des autorités iraniennes contre les manifestants en novembre 2019. Celle-ci a fait des centaines de morts et des milliers d’arrestations.
Le verdict du tribunal fait suite à des années de pression croissante des autorités sur le groupe. Le 21 juillet 2020, les autorités iraniennes ont arrêté le fondateur de l’organisation, Sharmin Meymandinejad. Deux de ses collègues sont aussi en détention. La justice a inculpé M. Meymandinejad d’ « insulte du Guide suprême et fondateur de la République islamique. » Les autorités auraient également perquisitionné le bureau principal de l’IAPSRS à Téhéran et confisqué ses appareils électroniques et ses documents financiers. Selon l’IAPSRS, les autorités ont maintenu M. Meymaninejad en isolement pendant toute la durée de sa détention, malgré la détérioration de son état de santé, Enfin, elles l’ont libéré sous caution le 27 octobre 2020.
En juin 2020, la directrice exécutive de l’IAPSRS, Zahra Rahimi, a déclaré aux médias que le ministère de l’Intérieur exigeait des changements fondamentaux dans la structure de gestion du groupe et que, si l’ONG refusait, il demanderait sa dissolution.
Dans un espace civil très restreint, l’IAPSRS travaille dans les limites de la loi pour apporter un soutien essentiel aux groupes marginalisés, notamment aux enfants. La pression coordonnée de l’administration Rouhani et de l’appareil du renseignement pour dissoudre l’IAPSRS est une nouvelle attaque contre les associations indépendantes. C’est ce qu’ont ajouté les organisations de défense des droits de l’homme et de la société civile soussignées.
Nous appelons la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits humains ainsi que les Etats membres du Conseil des droits humains et de l’ECOSOC à soulever cette affaire auprès du gouvernement iranien au plus haut niveau, et à faire pression sur lui pour qu’il cesse de restreindre davantage l’espace civil déjà restreint en Iran.
Centre Abdorrahman Boroumand pour les droits de l’homme en Iran
Fondation Arseh Sevom
Institut du Caire pour les études sur les droits de l’homme
Centre pour les droits de l’homme en Iran
Centre pour les défenseurs des droits de l’homme (CSHR)
Démocratie pour le monde arabe maintenant (DAWN)
FEMENA
Centre du Golfe pour les droits de l’homme
Activistes des droits de l’homme (en Iran)
Human Rights Watch (en anglais)
Iran Human Rights (IHR)
Centre de documentation sur les droits de l’homme en Iran (IHRDC)
Groupe MIAAN
Fondation Siamak Pourzand
Le réseau arabe d’information sur les droits de l’homme
Source : IHR