
CSDHI – Un militant de la liberté d’Internet a tweeté hier que des lettres confidentielles avaient fuité d’Iran. Il a révélé que le chef adjoint du département de la justice de Téhéran a donné l’ordre de filtrer Instagram, Google Play et les VPN. Une censure d’Internet se préparerait-elle à nouveau ?
Vers une nouvelle censure d’Internet
C’est Nariman Gharib qui a posté le tweet. Il s’agit d’un militant de la liberté de l’internet qui travaille avec un groupe anti-filtrage d’Internet.
« Selon une lettre très confidentielle que j’ai reçue, le pouvoir judiciaire de Téhéran a ordonné aux organisations concernées de filtrer Instagram, Google Play, les VPN et les outils anti-filtrage. Ils ont une semaine à partir du 15 mai pour exécuter les ordres. Plus d’informations bientôt », a tweeté Nariman hier.
Le site officiel Mehr News a également confirmé les lettres. Le président de la Cour suprême d’Iran, Ebrahim Raisi, est candidat aux élections présidentielles du 18 juin prochain. Il est l’un des favoris du Guide suprême du régime, Ali Khamenei.
La lettre du 15 mai demande aux responsables des grandes entreprises de télécommunications et de téléphonie cellulaire d’exécuter le plus rapidement possible « les ordres émis pour filtrer le cyberespace, notamment Instagram, Google Play, les réseaux privés virtuels (VPN) et les outils de contournement d’Internet. »
La lettre a chargé les pasdarans de « garantir l’exécution de l’ordre. » Le commandant en chef des pasdarans, Hossein Salami, ainsi que d’autres responsables des pasdarans ont été invités à « suivre la mise en œuvre » de l’ordonnance et à traiter avec les sociétés de télécommunications qui ne l’exécutent pas dans un délai d’une semaine.
Dans cette lettre, le pouvoir judiciaire a menacé de fermeture les sociétés qui refusent de se conformer à l’ordonnance. Il a ajouté que les dirigeants de ces sociétés seraient poursuivis.
Le pouvoir judiciaire a ordonné aux fournisseurs d’accès à Internet de filtrer Instagram de telle sorte que tout accès par le biais d’outils anti-filtrage, y compris les VPN, soit impossible. La plupart des Iraniens utilisent des outils anti-filtrage pour accéder aux informations politiques ou à de nombreux sites web déjà filtrés par le régime.
Censure de l’internet avant les élections en Iran
Le décret de filtrage ordonné par le président de la Cour suprême d’Iran intervient à un moment où de nombreux Iraniens appellent au boycott des élections. En effet, ces derniers publient sur les médias sociaux des contenus à charge contre M. Raisi. Ils mettent en lumière son implication dans l’exécution de milliers de prisonniers politiques. La lettre indique aussi clairement à quel point le régime craint les manifestations anti-régime à l’approche des élections.
« La formation de l’ennemi dans le cyberespace a augmenté la possibilité de risques graves pour la sécurité et la formation du chaos et de la sédition, à un niveau inquiétant », peut-on lire dans la lettre.
La lettre énumère également une longue liste de « délits » commis dans le cyberespace. Par exemple, « insulte du Guide suprême », « propagande contre l’État », « trouble de l’opinion publique », « activités d’espionnage » et « blasphème. »
Le pouvoir judiciaire fait marche arrière après la fuite
Environ une heure après la divulgation de la lettre, le pouvoir judiciaire est revenu sur sa décision. Il a laissé entendre que le chef adjoint du pouvoir judiciaire de Téhéran, M. Javidnia, n’était pas autorisé à rédiger une telle lettre.
Dans un communiqué, le service de presse du pouvoir judiciaire a déclaré que M. Javidnia serait poursuivi pour ses « actions illégales. »
La déclaration indique que les actions de M. Javidnia constituent « une violation administrative. » En effet, il intervient dans des questions qui vont « au-delà de ses fonctions et de son autorité. » Il est hautement improbable qu’il ait pris sur lui de signer un tel ordre. Car il est même allé jusqu’à ordonner aux pasdarans d’assurer la mise en œuvre du filtrage.
Source : Iran News Wire