CSDHI – Dans une interview accordée à l’agence de presse Tasnim, affiliée aux pasdarans, le député iranien Reza Taghipour a fait la lumière sur un nouveau projet de loi au Parlement. Celui-ci interdirait les messagers étrangers s’il était adopté. L’interview du 6 juin a ensuite été retirée de Tasnim.
Reza Taghipour est le responsable du cyberespace dans la campagne électorale du candidat présidentiel Ebrahim Raïssi. Il a déclaré que 170 députés avaient signé le projet de loi. Il a ajouté qu’il serait vérifié par la Commission culturelle avant que le Parlement ne l’examine publiquement.
Selon d’autres sites Web publics, le nouveau projet de loi « interdit les messagers étrangers en Iran, à moins qu’ils ne respectent les lois de la République islamique. » Il prévoit également que tous les internautes doivent être identifiés. Il précise que les personnes qui distribuent des VPN et d’autres types d’outils anti-filtrage seront condamnées à des peines de prison et à des amendes. Il ajoute que tous les messages seront contrôlés lorsqu’un utilisateur « commence » à commettre des infractions contre le régime.
Le projet de loi souligne également qu’un « conseil de supervision » doit approuver toutes les applications de messagerie nationales et étrangères. Sinon elles sont illégales. Et le ministère des technologies de l’information et des communications peut bloquer l’application.
Les applications de messagerie étrangères comprennent Instagram, Whatsapp et Facebook, entre autres.
L’interdiction des messageries étrangères est-elle une coïncidence ?
Les médias sociaux indiquent que ce projet de loi n’est pas une coïncidence à l’approche de la mascarade électorale, présidentielle, du 18 juin. Beaucoup pensent que le projet de loi ouvrira la voie à une sévère répression d’Internet une fois que M. Raïssi sera président. Toutefois, Reza Taghipour, le ministre des technologies de l’information et des communications sous le gouvernement d’Ahmadinejad, a démenti l’interview accordée à Tasnim.
Taghipour a déclaré qu’il poursuivrait en justice les personnes qui « répandent ces rumeurs. »
Il est hautement improbable que le projet de loi détaillé ne soit qu’une rumeur. Des cas de filtrage par des responsables du régime sont déjà signalés.
Le 20 mai, un militant de la liberté d’internet a tweeté que des lettres confidentielles avaient fuité d’Iran, révélant des ordres du chef adjoint du département de la justice de Téhéran de filtrer Instagram, Google Play et les VPN. Environ une heure après la fuite de la lettre, le pouvoir judiciaire est revenu sur cet ordre. Il a laissé entendre que le chef adjoint du pouvoir judiciaire de Téhéran, Javidnia, n’était pas autorisé à rédiger une telle lettre.
Le 21 mai, un journaliste iranien a indiqué sur Twitter que la justice avait convoqué deux personnes le 15 mai pour avoir publié des tweets critiquant le président de la Cour suprême d’Iran et le candidat à la présidence Ebrahim Raïssi.
Le 23 mai, les forces du régime ont arrêté un journaliste kurde, Kaveh Najaf, dans la province occidentale d’Ilam pour la rédaction d’un article critiquant Ebrahim Raïssi.
Selon certaines informations, les agents du renseignement des pasdarans ont contacté plusieurs activistes des médias sociaux, les menaçant de ne pas publier de contenu critiquant Raïssi, sous peine d’avoir des « ennuis. »
La police de sécurité et la cyberpolice iranienne (FATA) ont également contacté de nombreux militants, les mettant sous pression en raison de leurs prises de position.
Source : Iran News Wire