CSDHI – Lors des élections iraniennes de la semaine dernière, le favori Ebrahim Raïssi est sorti vainqueur. Le monde a réagi à la nouvelle de sa présidence.
Le chef du Hezbollah Hassan Nasrollah, le dictateur syrien Bachar Al-Assad et l’ancien premier ministre irakien Nouri Al-Maliki l’ont félicité. Toutefois, une grande partie du reste du monde a réagi avec horreur à sa nomination.
Alerte lancée par Amnesty International
La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a déclaré dans un communiqué : « Le fait qu’Ebrahim Raïssi ait accédé à la présidence au lieu de faire l’objet d’une enquête pour crimes contre l’humanité tels que les meurtres, les disparitions forcées et la torture, est un sinistre rappel que l’impunité règne en maître en Iran. »
Elle a souligné le rôle de M. Raïssi dans le massacre, en 1988, de 30 000 prisonniers politiques. Il est aussi l’auteur de la répression des droits humains qu’il a menée en tant que chef de la magistrature. Ce sont autant de motifs d’inquiétude. Elle a exhorté la Cour pénale internationale à enquêter sur lui pour « son implication dans des crimes passés et actuels relevant du droit international. »
Le commissaire allemand aux droits humains demande que Raïssi se justifie sur son passé de bourreau
Le commissaire allemand aux droits humains, Bärbel Kofler, a tweeté : « Il est inquiétant que le président élu n’ait pas, jusqu’à présent, clarifié son propre passé ni pris clairement ses distances par rapport aux violations des droits humains. Les droits humains ne sont pas négociables. De plus, l’Iran s’est engagé au niveau international à les respecter. La voix du peuple iranien qui réclame la liberté et les droits de l’homme doit être entendue ! »
Au même moment, plusieurs médias ont fait état de l’exécution de prisonniers politiques en 1988, citant de nombreuses informations révélées par l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK), notamment les lieux d’enterrement des victimes. M. Raïssi était l’un des membres de la « commission de la mort » qui a condamné à mort des partisans de l’OMPI qui purgeaient déjà des peines de prison, à la suite d’un simulacre de procès.
Sept rapporteurs des Nations Unies ont publié une lettre en 2020
Sept rapporteurs spéciaux des Nations unies ont publié une lettre ouverte en 2020. Dans celle-ci, ils demandaient une enquête sur le massacre. Ils ont d’abord écrit à Téhéran pour lui demander d’enquêter. Cependant, ils n’ont reçu aucune réponse.
Les États-Unis ont déjà mis Raïssi et d’autres responsables impliqués dans le massacre sur leur liste noire. De son côté, l’UE lui a imposé des sanctions pour violation des droits de l’homme.
L’opposition iranienne a écrit : « Les puissances mondiales sont désormais face à un dilemme. Elles négocient avec un régime dont le nouveau président figure sur leurs listes noires. En effet, il est notoirement connu dans le monde entier pour ses violations des droits humains. Toute personne assise à la table des négociations avec eux le représentera directement. Il n’y a plus de façade de personnalités « modérées » derrière laquelle se cacher pour justifier des concessions au régime. Ils devront décider s’ils sont à la hauteur de leurs propres valeurs. Ou s’ils continuent à nier la nature meurtrière du régime au nom de leurs intérêts politiques et économiques. »
Source : Iran Focus (site anglais)