CSDHI – Le 2 septembre, le nouveau président du régime iranien, Ebrahim Raïssi, a officiellement nommé Ensieh KhazAli au poste de directrice des affaires féminines et familiales. Elle devient ainsi la seule femme membre de l’administration de M. Raïssi.
Néanmoins, les anciens responsables du régime ont reconnu à plusieurs reprises qu’ils n’avaient aucun pouvoir exécutif. Ils ont aussi révélé qu’une telle défense minutieuse des droits des femmes n’aboutirait à rien dans le système patriarcal des mollahs.
Le prédécesseur de Mme KhazAli, Massoumeh Ebtekar, a admis le mois dernier que les « préjugés existants » rendaient son travail difficile. Elle a ajouté : « Il y a un sentiment de discrimination envers les femmes ».
Fille d’Abolghasem KhazAli, ancien membre de l’Assemblée des experts, Ensieh KhazAli est née à Qom en 1963. Suivant les traces politiques de sa famille, sa sœur fait partie du Conseil suprême de la révolution culturelle. Cette dernière dirige le Conseil culturel et social pour les femmes et la famille.
La famille de Mme KhazAli était étroitement liée à Ruhollah Khomeini, fondateur de la dictature religieuse des mollahs en Iran. Ensieh KhazAli a déclaré que Khomeini avait lu personnellement son sermon de mariage et fixé sa dot à 14 pièces d’or.
Seul membre du cabinet de M. Raïssi, chargée de défendre les droits des femmes, affiliée à la faction misogyne du régime, elle a admis que malgré son éducation et son parcours, elle n’a jamais été indépendante, même dans sa vie privée.
Elle a déclaré dans une interview que « les hommes n’aiment pas que leurs femmes sortent beaucoup de la maison. Mon mari a même fixé une limite de 15 heures par semaine pour mon travail à l’extérieur de la maison. Mon mari s’attend à ce que j’accepte toujours ce qu’il dit, et je le fais toujours. »
En tant que seule représentante des droits des femmes au sein du gouvernement, Ensieh KhazAli plaide pour le mariage précoce des filles. Dans une interview de juin 2017, elle a déclaré qu’elle s’était mariée à 16 ans, et que ses enfants l’avaient fait aussi.
Lors d’une conférence organisée en 2015 à l’université Az-Zahra, intitulée » La viabilité de la famille, l’excellence de la société « , elle a insisté sur le fait qu’il fallait promouvoir la » croyance selon laquelle se marier apporte du bien-être aux familles « . Elle a ajouté que certaines femmes n’ont pas autant d’enfants, voire aucun, car » elles ne veulent pas sacrifier leur confort pour les autres et voient les enfants comme des obstacles à leurs intérêts « .
Ancienne présidente de l’université Az-Zahra, Mme KhazAli a mis en œuvre la « Charte morale ». Celle-ci réprime les étudiantes sous des prétextes moraux aux mains de l’équipe de sécurité de l’université.
Pendant sa présidence, Ensieh KhazAli a expulsé Atena Farghadani, une militante civile condamnée à la prison pour avoir insulté les responsables du régime clérical et les membres du parlement des mollahs en dessinant des caricatures.
En colère contre Mme KhazAli pour son expulsion, Mme Farghadani, une étudiante très talentueuse et la mieux classée dans le domaine de l’art de l’université Az-Zahra, a dessiné une caricature en réponse à son expulsion. Dans un message destiné à Mme KhazAli, elle a déclaré : « En réponse à l’insulte et l’humiliation que j’ai subies en étant expulsée de l’université, le seul cadeau que je pouvais vous faire était de dessiner quelque chose qui sommeille en vous pendant des années ! »
Source : Iran Focus