Human Rights Watch – Au début de l’été, une foule d’Iraniens se tenait devant un tribunal de Stockholm dans l’attente d’un verdict contre un responsable iranien. À l’intérieur, Hamid Noury, un ancien responsable iranien, a été reconnu coupable de crimes de guerre et de meurtre pour son rôle dans l’exécution massive de prisonniers politiques en Iran en 1988.
Pour de nombreux Iraniens de l’étranger, ce fut un moment de soulagement, de validation et de reconnaissance qui n’avait jamais semblé possible. Le massacre de 1988 est l’un des nombreux drames qui hantent la mémoire collective de la diaspora. Les familles irano-canadiennes comme la mienne ressentent une immense frustration du fait que les auteurs liés à des crimes graves puissent échapper à l’obligation de rendre des comptes, même lorsqu’ils vivent en dehors de l’Iran.
Human Rights Watch a récemment dévoilé une liste de contrôle en cinq points décrivant les mesures que les gouvernements devraient prendre pour faire progresser la justice et la responsabilité au niveau mondial. Grâce à l’affaire du responsable iranien Noury et à d’autres efforts, les autorités judiciaires suédoises ont fait preuve de leadership sur un point clé de cette liste : tirer parti des lois de compétence universelle pour poursuivre les crimes internationaux graves au niveau national.
Reconnaissant que de nombreuses voies de justice sont bloquées dans certains États, plusieurs pays européens poursuivent activement les auteurs de crimes graves sur leur propre sol. Malheureusement, le Canada est loin derrière.
Bien que le Canada ait promulgué en 2000 une loi sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre, peu de mesures ont été prises depuis, en matière de responsabilité. Bien que les autorités judiciaires aient le mandat d’enquêter et de poursuivre les auteurs présumés de crimes graves au Canada, le manque de financement, de personnel et de ressources adéquates a rendu ces efforts caducs.
À ce jour, seule une poignée de personnes ont été poursuivies en vertu de la Loi sur les crimes de guerre. Au lieu de cela, les autorités canadiennes ont surtout cherché à expulser les accusés ou à leur interdire l’entrée au Canada.
Le responsable iranien Noury n’est probablement qu’un des nombreux suspects vivant à l’étranger qui ont tenté d’échapper à la responsabilité de leurs crimes. Les autorités canadiennes ont reçu des preuves impliquant un ressortissant libérien, Bill Horace, dans de graves crimes internationaux, mais il n’a jamais été inculpé avant d’être tué au cours d’une effraction à son domicile.
Chaque année, le Canada accueille des dizaines de milliers de réfugiés et de demandeurs d’asile en provenance de pays en crise, dont beaucoup peuvent avoir été témoins ou victimes de crimes graves.
Ottawa devrait veiller à ce que les autorités judiciaires du Canada disposent de ressources suffisantes pour poursuivre activement les enquêtes sur les crimes de guerre lorsque cela est possible. C’est ce que le gouvernement devrait faire pour les victimes qui gardent l’espoir qu’un jour elles pourront partager leur histoire, demander justice et se sentir en sécurité au sein de leur communauté.