CSDHI – En Iran, on dénombre au moins 76 manifestants tués par les forces de sécurité. La plupart des familles ont été contraintes d’enterrer discrètement leurs proches la nuit et ont subi des pressions pour ne pas organiser de funérailles publiques. De nombreuses familles ont été menacées de poursuites judiciaires si elles rendaient leur décès public. Les perturbations d’Internet continuent d’entraîner des retards dans la transmission des informations.
Les vidéos et les certificats de décès obtenus par Iran Human Rights confirment que des balles réelles sont tirées directement sur les manifestants.
Iran Human Rights met en garde contre la poursuite des meurtres de manifestants et l’utilisation de la torture et des mauvais traitements contre les détenus pour leur extorquer de faux aveux télévisés. IHR appelle à une action urgente et solidaire de la communauté internationale. Son directeur, Mahmood Amiry-Moghaddam, a déclaré : « Le risque de torture et de mauvais traitements à l’encontre des manifestants est grave et l’utilisation de balles réelles contre les manifestants est un crime international. Nous appelons la communauté internationale à prendre, de manière décisive et unie, des mesures concrètes pour mettre fin au meurtre et à la torture des manifestants. » Il a ajouté : « Le monde doit défendre les demandes du peuple iranien pour ses droits fondamentaux. »
Selon les informations obtenues par Iran Human Rights, on dénombre au moins 76 manifestants tués lors des manifestations nationales déclenchées par le meurtre de Mahsa Amini par la police la semaine dernière. Au moins six femmes et quatre enfants figurent parmi les personnes tuées. Des manifestations ont eu lieu à Téhéran, Yazd et Karaj hier malgré la répression sanglante.
Les noms des manifestants tués dans 14 provinces : Mazandaran : 25 personnes ; Gilan : 10 personnes ; Azerbaïdjan occidental : 11 personnes ; Kermanshah : 6 personnes ; Kurdistan : 6 personnes ; Alborz : 4 personnes ; Téhéran : 3 personnes ; Kohguilouyeh-et-Bouyer-Ahmad: 2 personnes ; Ispahan : 2 personnes ; Khorassan-e Razavi : 2 personnes ; Zanjan : 2 personnes ; Semnan : 1 personne ; Qazvin : 1 personne ; Ilam : 1 personne ; Azerbaïdjan oriental : 1 personne.
Au moment de la rédaction de cet artcicle, l’IRIB de la République islamique a confirmé 41 manifestants tués.
Selon les informations obtenues par Iran Human Rights auprès des victimes de violences policières et après avoir examiné les preuves vidéo, les forces de sécurité ont fait un usage disproportionné de la force et des balles réelles pour réprimer les manifestations pacifiques ces derniers jours, ce qui constitue une violation claire et flagrante du droit international.
On ne sait pas combien de manifestants ont été arrêtés, mais on estime que des centaines d’entre eux ont été arrêtés lors des répressions sanglantes qui ont eu lieu dans tout l’Iran. Il existe un précédent dans le recours à la torture et aux mauvais traitements pour obtenir de faux aveux forcés.
De nombreux défenseurs et militants des droits humains ont été arrêtés ces derniers jours.
L’accès à Internet a également été soit gravement perturbé, soit complètement coupé au cours des cinq derniers jours. Instagram, WhatsApp, Signal, Google Play et l’App Store sont tous hors service et leurs sites web ont été filtrés.
Mahsa (Jina) Amini était une jeune fille de 22 ans originaire de Saqqez (Kurdistan) qui s’était rendue à Téhéran avec sa famille pour rendre visite à des proches à Téhéran lorsqu’elle a été arrêtée par des agents de la patrouille d’orientation le 14 septembre. Peu après, elle a perdu connaissance au poste de police de Vozara et elle est tombée dans le coma. D’après les témoignages, Mahsa a été battue par les agents qui l’ont arrêtée dans le fourgon de police, puis au poste de police. Son décès a été officiellement déclaré à l’hôpital de Kasra le 16 septembre.
Source : IHR