CSDHI – L’équipe des footballers iraniens affronte les États-Unis dans un match décisif de la Coupe du monde aujourd’hui. Les joueurs iraniens sont confrontés à des pressions contradictoires sur leur comportement de la part de leur gouvernement et des Iraniens qui soutiennent un mouvement de protestation national.
Les équipes iranienne et américaine abordent leur dernier match du premier tour avec les États-Unis. Toutes deux ont besoin d’une victoire pour passer au deuxième tour.
L’une des sources de pression sur les joueurs iraniens provient des dirigeants religieux de la République islamique. Ces derniers ont publiquement dénoncé les athlètes iraniens pour avoir refusé de chanter l’hymne national lors de compétitions internationales en solidarité avec les manifestants ces dernières semaines. Les autorités iraniennes ont également placé en détention deux anciens membres de l’équipe masculine de football pour s’être exprimés en faveur des protestations.
Une autre source de pression vient des militants antigouvernementaux en Iran et de la diaspora iranienne, qui ont appelé les membres actuels de l’équipe à soutenir davantage les manifestations exigeant la fin du régime islamiste. Ces Iraniens ont également réagi avec colère à ce qu’ils considèrent comme un échec de l’équipe.
Les militants antigouvernementaux iraniens ont été particulièrement mécontents lorsque l’équipe a rencontré le président Ebrahim Raïssi avant de quitter l’Iran pour le Qatar.
Les joueurs iraniens n’ont pas chanté l’hymne de la République islamique au début de leur premier match de la Coupe du monde contre l’Angleterre la semaine dernière, dans un geste apparent de solidarité avec les manifestants. Ils ont ensuite perdu le match 6-2, l’une des pires défaites de l’histoire de l’équipe.
Mais les footballers iraniens ont fait marche arrière. Ils ont chanté l’hymne national avant de donner le coup d’envoi de leur prochain match du premier tour contre le Pays de Galles, qu’ils ont battu 2-0. Le fait que les joueurs aient chanté l’hymne national et célébré leurs buts sur le terrain n’a fait que renforcer l’hostilité des Iraniens, qui considèrent l’équipe comme un instrument du gouvernement oppresseur.
Le mouvement de protestation iranien a éclaté en septembre en réaction à la mort en garde à vue de Mahsa Amini, une Iranienne de 22 ans arrêtée ce mois-là par la police des mœurs parce qu’elle n’aurait pas porté son hijab conformément au code vestimentaire islamique strict. Selon les groupes de défense des droits, les manifestations, pour la plupart pacifiques, réclamant le respect des droits des femmes et la libération du régime islamiste, ont donné lieu à une répression brutale de la part du gouvernement. Celui-ci a tué des centaines de personnes et procédé à des milliers d’arrestations.
Après la victoire de l’Iran sur le Pays de Galles, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a remercié l’équipe pour sa performance. Le personnel de sécurité iranien non informé, que le gouvernement a utilisé pour réprimer violemment les manifestations, a également été vu célébrant la victoire dans les rues, dans des images critiquées par les utilisateurs des médias sociaux iraniens qui s’opposent au gouvernement.
Un journaliste de VOA Persian, qui a assisté au match contre l’Angleterre, a déclaré que les supporters iraniens présents dans le stade étaient pour la plupart des partisans du gouvernement iranien qui avaient reçu des billets gratuits pour le match afin de montrer leur soutien à l’équipe aux téléspectateurs de la télévision d’État iranienne.
Mais le journaliste a déclaré que plusieurs milliers d’Iraniens opposés au gouvernement ont réussi à entrer dans le stade de Doha pour le match contre l’Angleterre et que certains se sont livrés à des actes de protestation, notamment en huant l’hymne de la République islamique et en portant des chemises et des pancartes portant des slogans de protestation. D’autres militants qui avaient essayé d’entrer dans le stade avec des chemises, des pancartes ou des drapeaux similaires de la monarchie iranienne d’avant 1979 ont été bloqués par des agents de la sécurité.
Dans un article publié dimanche, l’agence de presse nationale iranienne IRNA a cité le gouverneur de la province de Bushehr, dans le sud de l’Iran, Ahmad Mohammadizadeh. Celui-ci a déclaré que les forces armées iraniennes avaient utilisé leurs pouvoirs pour empêcher la Coupe du monde de devenir une « scène » pour la « propagande » antigouvernementale.
Mohammadizadeh ne s’est pas étendu sur la participation du personnel militaire iranien à l’administration du tournoi organisé par le Qatar, un allié régional de l’Iran. L’article d’IRNA ne mentionne pas les activistes anti-gouvernementaux qui ont réussi à organiser des manifestations à l’intérieur et à l’extérieur des stades qataris où l’équipe iranienne a concouru (….)
Source : VOA