CSDHI – Les principales violations des droits humains en Iran incluses dans ce mensuel se concentrent sur les protestations actuelles qui ont émergé dans tout le pays depuis le 16 septembre 2022.
Les autorités iraniennes sont les moins transparentes en matière de publication de statistiques. Elles opèrent dans le secret. Il est donc très difficile de fournir des chiffres précis sur les violations des droits humains. Ce rapport se limite aux preuves et aux informations que nous avons pu recueillir.
Le droit à la vie
Selon les statistiques compilées par Iran Human Rights Monitor, au moins 54 citoyens ont été exécutés en Iran en novembre. Iran HRM a également pu confirmer les noms d’au moins 555 manifestants tués par les forces de sécurité iraniennes. Sur cette liste, au moins 175 citoyens ont été tués en novembre.
Parmi eux, 65 étaient mineurs. Ce qui inclut un enfant de 2 ans, trois filles de 7 ans, une fille de 8 ans et un garçon de 10 ans. Les noms d’au moins 60 femmes figurent sur la liste.
Ahmad Alirezabeigi, membre du Parlement iranien représentant Tabriz, a déclaré : « Depuis des jours, le nombre de personnes tuées dans le pays reste élevé, mais personne n’explique qui les a tuées. Ils les ont abattus et ont fait pleurer leurs familles (Le site officiel etemadonline.com – 22 novembre 2022).
Violation des droits humains et de l’intégrité corporelle, des balles de plomb tirés dans les yeux des manifestants
140 ophtalmologistes ont mis en garde contre l’utilisation de balles de plomb pour réprimer les manifestants en Iran. Dans une lettre datée du 25 novembre 2022, ils déclarent qu’un grand nombre de patients se sont adressés à des établissements médicaux en raison de plombs et de balles de peinture tirés dans leurs yeux. Certains ont perdu la vue d’un œil ou des deux.
Arrestations arbitraires
Le nombre de détenus lors des manifestations nationales est estimé entre 14 000 et 30 000.
Des agents des services du renseignement et de la sécurité ont fait des descentes dans les dortoirs des étudiants. Ils ont enlevé des habitants à leur domicile sans mandat d’arrêt officiel. Ils ont également enlevé de nombreux citoyens après les avoir battus pendant les manifestations. Parmi eux, 22 personnes ont été kidnappées à Sarabla, dans la province de Kermanshah, 12 à Piranshahr et 18 autres à Mahabad, tous deux dans la province de l’Azerbaïdjan occidental.
En 11 jours seulement, au moins 25 citoyens, dont 5 enfants, ont été arrêtés ou enlevés par les forces des mollahs à Abdanan, dans la province d’Ilam.
Mauvais traitements infligés aux prisonniers et aux détenus
La situation dans les prisons est terrible et inhumaine. Les prisons, qui étaient auparavant surpeuplées, sont de plus en plus surpeuplées avec l’ajout des manifestants arrêtés. Ils souffrent d’un manque d’espace, de nourriture de qualité, de soins médicaux décents, de chauffage ou de climatisation, de lieux de couchage adéquats et d’air conditionné.
Procès inéquitables
Le système judiciaire iranien a condamné les manifestants arrêtés, accusés de « moharebeh » et de « corruption sur terre » sans organiser de procès équitable. Il a jusqu’à présent prononcé des condamnations à mort pour six détenus. Quatre de ces condamnés sont Mohammad Ghobadlou, Mohammad Boroughani, Sahand Noor Mohammadzadeh et Mahan Sedarat Madani.
Les autorités iraniennes et les responsables de la prière du vendredi ont appelé à plusieurs reprises à accélérer le châtiment des manifestants et à les exécuter. Le 19 novembre 2022, au bureau d’Ebrahim Raïssi, les trois chefs des branches du gouvernement ont déclaré que la sécurité de la société était une priorité. Ils ont insisté sur la nécessité de s’occuper des émeutiers (manifestants).
Le système judiciaire iranien a déjà inculpé environ 2 000 manifestants.
Attaque militaire et sanglante contre les minorités ethniques et religieuses
Lors de l’attaque contre des manifestants à Izeh, dans la province du Khouzistan, des officiers en civil ont tiré, tué et blessé de nombreuses personnes. Au cours de l’attaque, Kian Pirfalak, un garçon de 10 ans qui se trouvait dans une voiture de passage avec sa famille, a été tué par des agents du gouvernement. Artin Rahmani et Sepehr Maghsoudi, 14 ans, figurent parmi les personnes tuées lors de l’attaque contre les habitants d’Izeh.
Mobilisation des forces vers les villes kurdes
Selon des sources kurdes, 104 citoyens kurdes sont morts lors de manifestations au Kurdistan. Les Gardiens de la révolution – les pasdarans ont lancé des attaques et une contre-insurrection sur la province du Kurdistan. Ils ont ciblé les villes kurdes avec des armes légères et semi-lourdes et ont stationné leurs armes dans le centre de la ville de Mahabad.
L’électricité de la ville a été coupée, et les forces ont ouvert le feu sur les maisons des habitants.
Les pasdarans ont fait entrer des véhicules blindés et des hélicoptères dans la province du Kurdistan le lundi 21 novembre 2022.
Des témoins de Javanrud ont rapporté que la mitrailleuse lourde d’infanterie (Duska) a été utilisée contre des civils et que des hélicoptères ont survolé la ville.
Les forces militaires et de sécurité déployées dans la région kurde d’Iran, ont utilisé des armes interdites et du gaz hexachloroéthane. Ce gaz est toxique et perturbe le système nerveux central. Il est également cancérigène pour l’homme et provoque de graves complications. Il répand une fumée verte.
Les cartouches de ces gaz qui ont été tirées sur les habitants de Piranshahr ont été retrouvées. Les personnes visées ont souffert de graves problèmes respiratoires, de vomissements, de vertiges et d’éruptions cutanées.
Les forces de sécurité des mollahs ont ouvert le feu sur un véhicule qui s’apprêtait à livrer des poches de sang aux blessés à Javanrud. Le véhicule, qui venait de la banque du sang de Kermanshah le 21 novembre 2022, a été arrêté. Les pasdarans ont volé les installations hospitalières utilisées pour réaliser les dons de sang des citoyens. Les dons de sang pour les blessés de Javanrud à l’hôpital Hazrat-e Rasool, n’ont pas pu être réalisés.
Les pasdarans et le département du renseignement à Bukan, ont tué et arrêté des dizaines de personnes. Plus de 300 citoyens ont été blessés, dont certains sont dans un état critique. Les blessés sont soignés en dehors des centres médicaux car ils craignent d’être enlevés. Ils ont un besoin urgent de sang, de médicaments et de chirurgie. Il n’y a aucune information concernant les citoyens disparus. Les maisons des gens ont été perquisitionnées, leurs bijoux et leurs effets personnels ont été volés. Leurs téléphones portables ont été confisqués et leurs voitures ont été détruites jusque dans leur garage.
Répression sanglante des manifestations au Sistan-Baloutchistan
La répression sanglante du 30 septembre 2022 contre les manifestants à Zahedan a fait plus de 100 morts. Le 4 octobre 2022, les autorités ont à nouveau commis un massacre contre les personnes démunies du Sistan-Baloutchistan. Les pasdarans ont ouvert le feu depuis les toits de la résidence du gouverneur et d’autres bâtiments appartenant à l’État. Dans la ville de Khash, au moins 20 fidèles ont été tués et 60 blessés.
Les centres médicaux ont été confrontés à de graves pénuries de sang pour soigner les blessés et les conditions étaient très inquiétantes à la morgue de Khash.
Des dizaines d’enfants, dont une fillette de 7 ans nommée Hasti Naru’i, figuraient parmi les morts. Au moins 128 Baloutches qui ont été tués pendant les manifestations ont été identifiés. Selon les normes internationales, il s’agit de crimes contre l’humanité.
Source : Iran HRM