CSDHI – Avec plus de quatre mois de soulèvements nationaux en Iran, la brutalité de l’appareil judiciaire et de sécurité du régime iranien contre les droits humains a provoqué l’indignation et la condamnation dans le monde entier. Les politiciens, les législateurs, les militants et les organisations de défense des droits de la personne demandent à Téhéran de respecter les droits des civils et de mettre fin à la torture et à l’exécution des manifestants détenus. Cependant, le régime s’abstient de dire la vérité sur ce qui se passe à l’intérieur de ses prisons et donne plutôt des informations falsifiées pour dissimuler la réalité de la catastrophe humaine qui se produit dans les prisons iraniennes.
Le porte-parole judiciaire du régime iranien a affirmé avoir libéré un total de 5200 personnes arrêtées lors de manifestations à l’échelle nationale et environ 98 % de celles arrêtées dans la province de Téhéran. Mais il a encore une fois refusé de fournir le nombre total d’arrestations au cours des quatre derniers mois.
Lors d’une conférence de presse le mercredi 18 janvier, Massoud Setayeshi, qui avait annoncé la libération de 1 200 manifestants arrêtés dans tout le pays, a déclaré : « Récemment, environ 4 000 personnes ont obtenu des concessions légales et ont été libérées des prisons du pays. »
Setayeshi n’a donné aucune explication sur l’état des cas de plus de 5 000 détenus « libérés » et n’a pas annoncé le nombre de détenus libérés sous caution qui attendent leur procès et leur verdict.
Le porte-parole de la magistrature du régime a également déclaré que le nombre de détenus libérés dans la province de Téhéran est de 98,5 % et qu’il semble être le même partout dans le pays.
Décès et suicide suspects
Si ce pourcentage est vrai, le nombre total de détenus serait d’environ 6 000 personnes, ce qui est très différent des statistiques annoncées par les organisations de défense des droits de la personne.
Certaines sources des droits humains ont signalé entre 19 000 et 20 000 personnes arrêtées lors de la répression des manifestations à l’échelle nationale au cours des quatre derniers mois. En outre, tous ceux qui ont annoncé leur libération ont souligné qu’ils ont été libérés temporairement sous caution, et attendent un procès ou un verdict judiciaire. Selon des sources de l’Organisation des Moudjahidines du peuple iranien (MEK), le régime a arrêté plus de 30 000 manifestants depuis le début du soulèvement en septembre. L’opposition iranienne rapporte également que les forces de sécurité ont tué au moins 750 manifestants, dont des dizaines d’enfants.
Même les renseignements internes du régime contredisent les chiffres publics déclarés par les responsables judiciaires. Selon un bulletin confidentiel publié par l’agence de presse Fars, affiliée aux Gardiens de la révolution (les pasdarans), 29 400 personnes ont été arrêtées lors des récentes manifestations en Iran.
Au cours des derniers mois, plusieurs manifestants détenus ont décidé de mettre fin à leurs jours peu après leur libération ou sont morts dans des conditions suspectes. L’augmentation des décès et des suicides parmi les prisonniers libérés a provoqué des réactions généralisées en Iran. Certainzq informations indiquent que pour éliminer les opposants, le régime utilise des substances chimiques et des pilules psychoactives comme médicaments dans les prisons et les centres de détention, ce qui augmente le désir de se suicider chez les détenus. De plus, le régime utilise le viol comme torture contre les opposants, ce qui a un effet psychologique très destructeur sur eux.
Pendant ces manifestations, le régime a tenté, de différentes façons, de soustraire à sa responsabilité dans les meurtres de manifestants. Dans la plupart des certificats délivrés par le bureau du médecin légiste, la cause du décès a été réduite à des cas comme « une chute de hauteur, un accident, un accident cérébral ou cardiaque, une maladie chronique, une intoxication et même, dans un cas, une morsure par un chien ».
Processus judiciaire vicié, atteinte aux droits humains
Plusieurs avocats et professeurs de droit ont récemment publié une lettre ouverte au chef de la magistrature iranienne pour protester contre l’interdiction de certains avocats de participer à des affaires politiques et de sécurité. Ils ont considéré cela comme un exemple clair de « comportement extrajudiciaire et arbitraire », une violation des droits humains.
La lettre, signée par 45 avocats et professeurs de droit universitaire, fait référence aux lois nationales du régime, qui mettent l’accent sur le droit de choisir librement un avocat. Mais un addenda qui a été ajouté dans les années 2010 indique que dans les affaires liées à la « sécurité interne ou externe », ce droit est ignoré à l’étape de l’enquête préliminaire, et les défendeurs sont forcés de choisir leur défense juridique parmi les avocats approuvés par le chef du pouvoir judiciaire iranien. La lettre décrit cette question comme un « problème juridique et une contestation » qui « réduit la validité des verdicts ».
Le cas de Mohammad Mehdi Karami et de Mohammad Hosseini, récemment exécutés par le régime, fait partie des cas qui ont provoqué de nombreuses manifestations.
Le choix d’un avocat leur a été refusé jusqu’à ce que leur peine de mort soit prononcée. Tous deux ont également été torturés pour faire des aveux incriminants. Ils ont été jugés dans un tribunal où le juge, les témoins et même leurs avocats ont été choisis pour passer la corde au cou.
« Malheureusement, nous avons vu que lors de récentes arrestations, qui sont principalement politiques, ces comportements arbitraires se sont davantage produits que par le passé », peut-on lire dans la lettre.
Source : Iran Focus (site anglais)