Reuters, 3 octobre – Le bureau des droits de l’homme des Nations Unies a appelé mardi à la libération immédiate d’importants militants et journalistes qui, dit-il, ont été arrêtés ou intimidés dans le cadre d’une apparente répression des voix critiques avant la prochaine élection présidentielle de l’an prochain.
Le porte-parole Rupert Colville a cité entre autres le cas d’Ali Akbar Javanfekr, conseiller de presse du président Mahmoud Ahmadinejad et chef de l’agence de Presse gérée par l’Etat, l’IRNA, emprisonné pendant six mois pour avoir insulté le Guide suprême et le chef du bureau de Reuters Parisa Hafezi accusée de propager des mensonges et de la propagande.
«C’est certainement une vague de répression, c’est un grand nombre de personnes, des gens plutôt importants juste au cours des deux dernières semaines. Il semble y avoir un lien politique possible avec les prochaines élections », a déclaré Colville dans une conférence de presse.
Colville a déclaré qu’il était particulièrement préoccupé par l’arrestation le 29 septembre de l’avocat des droits de l’homme Mohammad Ali Dadkhah, qui avait été condamné à neuf ans de prison pour « appartenance à une association cherchant à renverser le gouvernement et pour propagande contre le système ».
Dadkhah, co-fondateur avec la lauréate du Prix Nobel en 2003, Shirin Ebadi, du Centre des défenseurs des droits de l’homme, est impliqué dans la défense de plusieurs affaires très médiatisées.
Colville a également évoqué la détention, le mois dernier, de Faezeh Hashemi et Mehdi Hachemi Rafsandjani, la fille et le fils d’Akbar Hachemi Rafsandjani, l’ancien président iranien.
Le Président Mahmoud Ahmadinejad a été élu une première fois en 2005 et devrait abandonner l’an prochain lors du scrutin. Sa réélection en 2009 avait donné lieu à des manifestations et à des accusations de fraude électorale qui avaient secoué le pays.
BUREAU FERME
Dans son second mandat, il est de plus en plus entré en conflit avec le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, ce qui a révélé des divisions plus larges au sommet. Les tensions ont à nouveau été exacerbées par des problèmes économiques résultant, du moins en partie, des sanctions imposées par les puissances occidentales sur le programme nucléaire de Téhéran.
« Les arrestations et les détentions continues des professionnels des médias et l’intimidation des organes de médias sont profondément inquiétantes, d’autant plus que nous entrons maintenant dans la perspective de l’élection présidentielle de juin 2013 », a dit Colville. « Nous exhortons le gouvernement iranien à libérer rapidement tous ceux qui ont été arrêtés pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux ».
En mars, le gouvernement iranien a suspendu l’accréditation de presse du personnel de Reuters à Téhéran après la publication d’un script de vidéo sur l’entrainement des femmes qui pratiquent des arts martiaux qui, à tort, assimilant incorrectement les athlètes à des «assassins». Depuis lors, Reuters a été incapable de faire une dépêche depuis l’Iran.
Reuters, la branche médiatique de Thomson Reuters, groupe d’informations et de nouvelles générales, a corrigé l’histoire après que le club d’arts martiaux se soit plaint. Reuters a également présenté ses excuses pour cette erreur.
La chef du bureau de Reuters en Iran, une ressortissante iranienne, Parisa Hafezi, a été accusée par la suite de plusieurs chefs d’accusation, comme la diffusion de mensonges et de propagande contre l’establishment. Hafezi n’avait pas participé à la rédaction du script de la vidéo.
Un jury iranien a voté dimanche pour condamner l’organe de presse Reuters sur le script de la vidéo. Une décision finale sera prise par un juge, qui devrait rendre son verdict ce mois-ci.
(traduit de l’original en anglais)