CSDHI – L’Iran a annoncé lundi que le guide suprême du pays avait gracié plus de 22 000 personnes arrêtées lors des récentes manifestations antigouvernementales qui ont balayé la République islamique. Il n’y a pas eu de confirmation indépendante immédiate de cette libération massive.
La déclaration du chef du pouvoir judiciaire iranien, Gholamhossein Mohseni Ejehi, donne pour la première fois un aperçu de l’ampleur de la répression exercée par le gouvernement à la suite des manifestations provoquées par la mort, en septembre, de Mahsa Amini, 22 ans, qui avait été arrêtée par la police des mœurs du pays.
Elle suggère également que la théocratie iranienne se sent désormais suffisamment en sécurité pour admettre l’ampleur des troubles, qui ont représenté l’un des défis les plus sérieux lancés à l’establishment depuis les lendemains de la révolution islamique de 1979. Des dizaines de milliers de personnes ont également été arrêtées lors des purges qui ont suivi la révolution.
Toutefois, la colère persiste dans le pays qui lutte contre l’effondrement de sa monnaie, le rial, les difficultés économiques et l’incertitude quant à ses liens avec le reste du monde après l’échec de l’accord nucléaire conclu en 2015 par Téhéran avec les puissances mondiales.
L’agence de presse officielle IRNA a cité M. Ejehi comme ayant annoncé ce chiffre lundi. Les médias officiels iraniens avaient précédemment suggéré que le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, pourrait gracier autant de personnes impliquées dans les manifestations, à l’approche du mois sacré musulman du ramadan, au cours duquel les pieux jeûnent de l’aube au crépuscule. Le ramadan commence la semaine prochaine.
M. Ejehi a déclaré qu’un total de 82 656 prisonniers et personnes inculpées avaient été graciés. Parmi eux, quelque 22 628 avaient été arrêtés lors des manifestations. Les personnes graciées n’ont pas commis de vols ou de crimes violents, a-t-il ajouté. Ses commentaires suggèrent que le nombre réel de personnes détenues lors des manifestations est encore plus élevé.
En février, l’Iran avait reconnu que des « dizaines de milliers » de personnes avaient été arrêtées lors des manifestations. L’aveu de M. Ejehi, lundi, donne un chiffre encore plus élevé que celui que les militants avaient précédemment cité. Cependant, aucune libération massive de prisonniers n’a été documentée ces derniers jours par les médias iraniens ou les activistes.
Plus de 19 700 personnes ont été arrêtées au cours des manifestations, selon Human Rights Activists in Iran, un groupe qui suit la répression. Au moins 530 personnes ont été tuées lors de la répression violente des manifestations par les autorités. L’Iran n’a pas communiqué de bilan depuis des mois.
« Dès le premier jour, il n’y a pas eu de comptabilité transparente des personnes arrêtées et emprisonnées – avant ou après les manifestations de masse de ces derniers mois – c’est pourquoi il n’y a aucun moyen de vérifier combien de personnes sont libérées aujourd’hui », a déclaré Jasmin Ramsey, directeur adjoint du Centre pour les droits de l’homme en Iran, basé aux États-Unis.
« Nous savons également que plus de cinq mois après la mort de Mahsa Amini, arrêtée par les forces des mollahs, pas un seul responsable iranien n’a été tenu de rendre des comptes pour les massacres de manifestants dans les rues, ni pour l’emprisonnement arbitraire de dizaines de milliers de personnes.
L’annonce du pouvoir judiciaire intervient également avant la célébration, la semaine prochaine, de Nowrouz, le Nouvel An perse. Mardi, certains Iraniens célèbreront également une tradition persane vieille de près de 4 000 ans, la fête du feu, liée à la religion zoroastrienne. Les partisans de la ligne dure découragent ces célébrations, qu’ils considèrent comme des survivances païennes.
Des appels à des manifestations antigouvernementales ont été lancés à l’occasion de ces deux événements. Si les manifestations de masse se sont calmées ces dernières semaines, des chants nocturnes contre la théocratie iranienne peuvent encore être entendus dans certains quartiers de Téhéran, la capitale de l’Iran.
Cette annonce fait suite à un événement majeur survenu la semaine dernière, lorsque l’Iran et l’Arabie saoudite ont déclaré vendredi qu’ils avaient accepté, avec la médiation de la Chine, de rétablir leurs liens diplomatiques et de rouvrir leurs ambassades après sept ans de gel des relations. Cet accord pourrait contribuer à mettre un terme à la guerre qui dure depuis des années au Yémen, où une coalition dirigée par l’Arabie saoudite combat les rebelles houthis soutenus par l’Iran qui tiennent la capitale, Sanaa. Il a également contribué à renforcer le rial ces derniers jours par rapport au dollar.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko s’est rendu à Téhéran et a rencontré lundi son homologue iranien, Ebrahim Raïssi. L’Iran a fourni les drones porteurs de bombes que la Russie utilise actuellement dans sa guerre contre l’Ukraine. M. Loukachenko, le dirigeant autoritaire de la Biélorussie, reste proche de la Russie, qui a utilisé le territoire biélorusse pour lancer l’invasion de l’Ukraine par Moscou.
M. Lukashenko a déclaré que son pays et l’Iran signeraient une série d’accords non précisés d’une valeur de 100 millions de dollars. L’Iran « s’oppose aux pressions extérieures, aux tentatives d’imposer la volonté de quelqu’un d’autre », a déclaré M. Lukashenko en s’adressant à ses hôtes. L’Iran « s’oppose aux pressions extérieures et aux tentatives d’imposer la volonté de quelqu’un d’autre », a déclaré M. Loukachenko en s’adressant à ses hôtes. Et, comme nous l’avons décidé aujourd’hui avec le président iranien, nous pouvons être très utiles l’un à l’autre si nous unissons vraiment nos efforts.
Source : VOA
