CSDHI – Khamenei avait annoncé trois jours avant que le défilé mettrait l’ennemi à genou
Alors que depuis quelque temps, Khamenei avait mobilisé le corps des pasdaran et tous les moyens de l’Etat pour organiser le plus grand rassemblement possible le 11 février pour l’anniversaire de la révolution antimonarchique et malgré toutes les menaces et les primes brandies, une grande partie de la population, en particulier les lycéens et les salariés, ont affiché une indifférence sans précédent à cette à Téhéran comme en province. Le défilé était franchement plus clairsemé que les années précédentes.
La foule était visiblement éparse même sur la place Azadi et les rues avoisinantes, point de rassemblement final, les avenues Enghelab et Azadi et les places Enghelab et Ferdoussi situées sur le parcours principal. Dans de nombreuses administrations publiques, la participation du personnel à la manifestation avait été rendue obligatoire, et beaucoup avaient reçu la promesse d’une prime à leur salaire s’ils allaient défiler.
Dans de multiples quartiers et rues de la capitale, dès le petit matin, des agents et des miliciens haut-parleur à la main exhortaient les Téhéranais à se rendre à la manifestation. Dans certains secteurs, ils promettaient la distribution d’un repas.
Sur le parcours du défilé, une multitude de portraits de Khomeiny et de Khamenei, distribués par les pasdarans et les miliciens du Bassidj jonchaient le sol, déchirés, ou remplissaient les poubelles. Pour essuyer l’affront, les autorités ont mobilisé les agents municipaux afin de nettoyer rapidement les rues et ramasser ces photos.
Dans son discours du 8 février, Khamenei, qui voulait prétendre que son régime ne s’était pas rendu aux négociations nucléaires sous la pression des sanctions, avait mentionné au moins trois fois ce défilé : « Le responsable américain dit que les Iraniens sont coincés et qu’ils sont assis à la table des négociations les mains liées (…) alors vous allez voir le 11 février ce que va faire le peuple iranien et quelle sera sa participation. A ce moment, on verra si le peuple iranien a les mains liées. » « L’Etat a une multitude de moyens, a-t-il poursuivi, pour neutraliser le coup des sanctions. Si Dieu le veut, le 11 février le peuple montrera que celui qui veut humilier les Iraniens, recevra en retour un coup équivalent du peuple. » Il a terminé par cette phrase : « Le peuple iranien, si Dieu le veut, par sa présence le 11 février, en montrant sa force, en montrant sa détermination, mettra l’ennemi à genou. »
En plus de cet échec lamentable, la manifestation du 11 février a laissé transparaitre des règlements de compte internes du régime. Dans son discours, Rohani a accusé de trahison ceux qui s’opposent aux négociations nucléaires avant d’ajouter : « il n’y a pas de plus grande trahison que celle de l’arrière-garde (…) aujourd’hui les seuls ennemis du peuple sont ceux qui s’opposent à cette table de négociations. » De leur côté, les hommes de la faction de Khamenei ont défilé en conspuant copieusement Rohani, Rafsandjani et les négociations. Ils ont fustigé Rohani en l’accusant de « trahison en première ligne ». Le quotidien « Vatan-e-Emrouz » lié à la faction de Khamenei, explique les efforts de Rohani et de son ministre des Affaires étrangères pour conclure un accord en deux temps et souligne : « si le peuple doit apprendre à connaitre les traitres, un rappel des faits ne devrait pas mettre ces messieurs mal à l’aise. M. Rohani parle de trahison de l’arrière-garde (…) il faut dire qu’il y aura trahison si un accord est signé sans la levée de toutes les sanctions. »
Source : Secrétariat du Conseil national de la Résistance iranienne