CSDHI – Mon père prisonnier politique en Iran un jour m’a demandé : « Paria c’est moi qui suis libre ou les gens qui sont hors de la prison? ».Je lui ai répondu : « Ceux qui sont hors de prison, car ils ne sont pas enchainés ». Mon père m’a alors répondu : « Paria, n’oublie pas, celui qui en prison ne peut vivre libre même enchainé, ne peut pas vivre libre dehors même dans un palais. Moi je suis plus libre que tous les autres.» C’est un témoignage émouvant qu’a mis en ligne l’excellent site Women Site de la jeune opposante Paria Kohandel qui a fui l’Iran il y a peu. Son père est toujours dans les prisons politiques des mollahs.
Depuis l‘âge de onze ans, j’allais seule voir mon père au parloir de la prison. Mais il y avait beaucoup d’enfants comme moi. Pour aller au parloir, il fallait traverser un long tunnel d’un kilomètre, le tunnel de la prison de Gohardacht à Karadj (banlieue de Téhéran). Un de mes pires souvenirs qui me hante encore, ce sont ces petits enfants qui allaient eux aussi tout seuls au parloir, et qui de temps en temps apportaient un dessin à leur père. Mais quand ils arrivaient sur place, les gardiens leur disaient comme ça sans ménagement « ton père est parti », c’est-à-dire qu’ils l’avaient exécuté ! Le plus beau souvenir que j’ai sont ces vingt minutes de rencontre avec mon père et les prisonniers. Ces vingt minutes de parloir, si courtes, où j’essayais de toutes mes forces de parler avec chacun d’entre eux, de parler parce que je les considérais tous comme mes oncles. A chaque fois que je leur parlais, ils me donnaient de l’énergie, de l’espoir, beaucoup d’espoir. Quand je les ai perdus, parce qu’ils ont été exécutés, ce fut très dur pour moi, tout comme pour mon oncle Ali Saremi qui a été pendu alors quil était handicapé sur une chaise roulante, ou mon oncle Mohsen Dogmehtchi, mort d’un cancer privé de soins jusqu’au bout. Alors mon plus grand voeu serait que toutes les jeunes filles en Iran soient vraiement libres.
A mon avis il est absolument nécessaire que tout le monde participe à cette manifestation à Paris (le 28 janvier sur la Place Denfert Rochereau à 13H) pour crier ensemble comme en 2009 en Iran, malgré la terrible répression et la peur qui nous assaillaient, que nous voulions la liberté. De la même façon à l’étranger, j’ai participé à plusieurs protestations pour crier, mais sans la peur, mon désir de liberté. Et je vais participer à cette grande manifestation, parce que je dois être la voix de toutes les jeunes filles d’Iran dont le cri est aujourd’hui étouffé par la chape de plomb en Iran. Je pourrai être la voix de mon amie Narguesse qui, en raison des pressions qui pèsent sur les filles, s’est suicidée à 15 ans en avalant un médicament, ou la voix d’Atefeh qui a été défigurée à l’acide comme des dizaines de jeunes filles, parce qu’elle ne voulait pas de ce code vestimentaire obligatoire qu’on nous martèle sous le mandat de Rohani.
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Manifestation à Paris, le 28 janvierà 13H à partir de la place Denfert-Rochereau