CSDHI – Une ancienne détenue politique vient de partager son année d’expérience à la prison de Yazd, dans le centre de l’Iran, après sa libération. Elle raconte :L’hygiène en prison était déplorable et les sections étaient infestées de poux. Seules les femmes qui avaient des lits avaient droit à des draps. Ainsi les deux tiers des prisonnières, qui dormaient par terre, n’avaient pas de draps. Les couvertures étaient crasseuses et on devait les laver nous-mêmes alors qu’on n’avait pas de place pour les faire sécher. Dans notre section, il y avait des lits à trois étages pour 18 personnes. Le lit du milieu était si étroit qu’on ne pouvait pas s’y mettre à genoux. Il était très difficile de monter sur celui du haut et celui du bas était le plus sale.
Nous étions 40 femmes dans cette section et à part les 18 qui avaient un lit, les autres devaient dormir à même le sol dans cette pièce de 14 mètres, d’autres dormaient dans le couloir, dans la cuisine et même devant les toilettes.
Il y avait 4 douches et 4 WC pour 150 personnes. En temps normal un ou deux WC ne fonctionnaient pas. L’eau fuyait des robinets.
La cuisine était toujours un lieu de conflit. Il y avait 2 cuisinières à 3 feux pour 150 personnes qui cuisaient leurs repas avec ce qu’elles pouvaient acheter au magasin de la prison. Les femmes entreposaient tout ce qu’elles avaient dans des sacs en plastique et les mettaient sous leurs lits.
Le magasin de la prison, situé dans un coin de la cour, abritait une colonie de rats. Toutes les pelotes de laine qu’on y achetait avaient été mastiquées. Les marchandises se vendaient à prix d’or. Aussi les prisonnières qui n’avaient pas d’aide de l’extérieur ne pouvaient même pas s’acheter du shampoing.
Dans une autre section, on trouvait la plupart des détenues enceintes ou déjà mères. Certaines avaient accouché en prison. Elles étaient à 10 ou 15 dans une cellule de 12 mètres avec leurs enfants. Les toilettes et la salle de bain se trouvaient dans la cellule. les enfants n’avaient pas de place pour jouer et on les emmenait dans la cour générale avec toutes les détenues adultes.
Les visites se déroulaient dans le stress et à toute vitesse. Il fallait attendre son tour pour prendre le téléphone et parler à travers la vitre, mais soit le téléphone coupait soit c’est à vous qu’il manquait les mots. Et quand vous commenciez enfin à parler, votre temps de parole était terminé.”