CSDHI – L’Iran en ce moment est franchement la terre des coincidences. Après le premier et le second tour des « élections » législatives, on n’a cessé de lire à droite et à gauche, sous de multiples plumes qui frisaient l’extase, l’arrivée en fanfare de 17 femmes dans l’Assemblée des mollahs. Une volée de moineaux qui a passé tous les filtres d’allégeance « dans la pratique et dans le coeur » au Guide suprême de la dictature qui a fait de la misogynie le fondement de son système. Un mariage contre nature en quelque sorte.
Emotion, alleluias, analyses et grosses doses d’espoirs malsains injectés ici en Occident sur ce que les Iraniennes considèrent comme un non événement. Car l’évènement est ailleurs, c’est toute la forêt que cache ces 17 fantômes en tchador noir.
En effet, ce vacarme a servi et sert encore à couvrir un silence abyssal sur un mois d’avril d’une rare violence contre les femmes. Un silence religieux sur quatre exécutions de femmes les 14 et 25 avril. Un silence d’or sur une femme fouettée de cent coups en public. Un très léger bruissement sur les 7000 sadiques lâchés dans les rues de Téhéran pour marquer l’ouverture de la chasse aux femmes dans la capitale iranienne.
Or ce silence a accompagnée les visites en Iran d’une floppée de délégations européennes de toutes sortes et de nombreuses responsables politiques, voilées comme ils se doit, soumises « aux lois et aux traditions » scélérates des mollahs mais pas des Iraniens. On les voit sourire aux lèvres avec Rohani, roi des pendaisons de femmes, 68 à lui tout seul.
Il est évident que le traitement réservé aux femmes par les mollahs relève du crime contre l’humanité. Et ce silence ?
Ainsi donc cette fois en plus des 55 exécutions au mois d’avril qui scellent les millions de dollars promis aux entreprises et aux Etats européens, figure au bas des contrats une ration spéciale de répression des femmes. Il s’agit pour les mollahs de tester les partenaires occidentaux et de rappeler à la population qu’ils jouissent de l’impunité internationale.
En sortant de prison hier, la jeune dessinatrice Atena Faraghdani a eu ce mot courageux : « les artistes doivent s’engager et payer le prix de leur engagement. »
Le silence des démocraties à l’évidence encourage et alimente la machine de la répression. Ne serait-il pas temps d’imposer des sanctions aux mollahs pour qu’ils cessent les exécutions et les violences faites aux femmes ? Un prix à payer pour la liberté.