CSDHI – Mehdi Rajabian, Hossein Rajabian et Yousef Emadi, tous manageurs de BargMusic – un des principaux producteurs et distributeurs de musique underground en Iran depuis son lancement en 2009 – ont été convoqués à la prison d’Evine de Téhéran pour commencer à purger leur peine la semaine prochaine, a annoncé une source à la Campagne internationale pour les droits de l’homme en Iran.
« Ils sont choqués de devoir aller en prison si rapidement », a déclaré la source. « Tout ce qu’ils espèrent actuellement c’est que les artistes du monde entier ne les oublient pas pendant la durée de leur incarcération ».
En Iran, les musiciens doivent passer par des censeurs officiels et recevoir des licences gouvernementales afin de pouvoir produire de la musique ; sans cette autorisation, ils risquent l’arrestation et l’emprisonnement.
Les trois distributeurs de musique devaient commencer à purger leur peine le 26 mai 2016, mais la date a été reportée au 4 juin à cause des traitements médicaux de Mehdi Rajabian, a dit la source.
La source a ajouté que Mehdi Rajabian souffre probablement de dystrophie musculaire d’après les symptômes détectés par les médecins après avoir enduré des interrogatoires intenses : « Il doit faire un IRM tous les mois et passer des radiographies. Sa famille est très inquiète de ce qui va arriver à sa santé et s’il aura ses traitements une fois qu’il sera en prison ».
Les trois distributeurs de musique ont d’abord été condamné en mai 2015 pour six ans de prison et à payer une amende de 200 millions de rials (environ $ 6,600 USD) chacun pour « insulte envers le sacré » et « propagande contre l’État » par le juge Mohammad Moghisseh. En février 2016, le tribunal d’appel a confirmé l’amende, mais a réduit la peine de prison à trois ans accompagnée d’une peine de prison avec sursis supplémentaire de trois ans.
Les trois hommes ont été arrêtés le 5 octobre 2013, par les servives de renseignements des gardiens de la révolution et détenus pendant plus de deux mois en cellule d’isolement dans le quartier 2-A de la prison d’Evine avant qu’ils ne soient libérés moyennant le paiement de deux milliards de rials (environ 66.650 $ USD).
« Le montant de la caution n’a pas encore été rendu et le studio de Mehdi est toujours fermé et il n’a pas accès à ses équipements ou à ses comptes bancaires », a déclaré la source.
Mehdi Rajabian, Hossein Rajabian et Yousef Emadi ont tous été accusés de « propagation de la corruption » en diffusant de la musique sans permis, et parce qu’ils ont travaillé avec des chanteuses (qui sont interdites en chant solo en vertu des lois à caractère religieux de l’Iran) ainsi qu’avec des musiciens « anti-révolutionnaires » à l’étranger. La source a déclaré que les trois maintiennent qu’ils demandé des permis pour exercer leur travail, permis qu’on ne leur a jamais accordé et que leur musique n’a jamais été de nature politique.
L’année 2015 a vu un nombre alarmant d’artistes harcelés et sanctionnés par des peines de prison lourdes pour avoir créé et diffusé un travail considéré comme menaçant pour l’Etat ou offensant envers l’Islam.
Depuis 2013, lorsque le président Hassan Rouhani a été élu tout en promettant une société plus ouverte, de nombreux musiciens sanctionnés par l’État, y compris les artistes musicaux populaires Alireza Ghorbani et Sirvan Khosravi, ont également vu leurs concerts annulés au dernier moment.