The Guardian.com, 30 juin – L’Iran recrute secrètement des centaines de chiites afghans en Afghanistan dans le but de combattre pour le président syrien Bachar al-Assad, les tirant hors de leur propre pays ravagé par les conflits pour les pousser dans une autre guerre dans laquelle l’Afghanistan ne joue aucun rôle officiel.
Les combattants afghans sont souvent pauvres, dévots ou exclus de la société, à la recherche d’argent, d’acceptation sociale et d’un but qu’ils sont incapables de trouver chez eux.
Le recrutement par l’Iran des migrants et des réfugiés afghans à l’intérieur de ses propres frontières a été documenté. Mais ces activités iraniennes en Afghanistan n’avaient déjà pas été signalées.
L’Iran dément utiliser « tout type d’appât ou de coercition », ou de recruter des Afghans pour combattre en Syrie, selon un porte-parole de l’ambassade à Kaboul. Mais une enquête du Guardian peut révéler à la fois comment l’Iran réussi à convaincre des Afghans à aller faire la guerre, et les motifs qui incitent ces hommes à faire des milliers de kilomètres pour se joindre à une bataille dont ils risquent de ne pas revenir.
Un élément central dans ce recrutement, ce sont des hommes tels que Javad. Un officier de police le jour et « agent de voyage » auto-déclarée hors service, Javad dit avoir agi pendant un an comme intermédiaire pour les gardiens de la révolution iranien (pasdaran) quand en 2014 il a formé une milice afghane chiite, la division Fatemiyoun, pour se battre contre aux côtés des forces gouvernementales syriennes.
De son « agence de voyage » au deuxième étage d’un immeuble de bureaux, Javad a relié des hommes prêts à se battre à l’ambassade d’Iran à Kaboul. L’ambassade a aidé pour les visas et le voyage, et payé à Javad une commission pour ses ennuis.
En contrepartie des combats, les Afghans se voient offrir un permis de séjour en Iran et environ 500 $ de salaire mensuel. « La plupart vont en Syrie pour l’argent », a déclaré Javad, portant des jeans délavés et des fausses Ray-Ban. « D’autres vont y défendre le sanctuaire. »
La première fois que le Guardian a rencontré Javad, il se préparait à se rendre en Syrie lui-même. Daech avait enlevé 12 combattants afghans dans une banlieue de Damas. C’était Jawad qui les avait recrutés, et leurs familles exigeaient qu’il aide à obtenir leur libération, a-t-il dit.
Quand il est revenu de Syrie un mois plus tard, il était été clairement secoué. Montrant des photos de Damas, il a dit qu’il avait négocié la liberté des otages, mais aussi qu’il avait vu de près comment « les Iraniens utilisent les Afghans comme boucliers humains ». Il a dit qu’il allait cesser de travailler comme intermédiaire pour les Iraniens. «J’ai honte parce que j’envoyé ces gens là-bas », a-t-il dit.
Il pourrait y avoir une autre raison pour ce changement dans Javad. À son retour, les services de renseignement afghans, NDS, ont arrêté Javad pendant 48 heures. « Ils m’ont dit : ne pas vends pas tes frères à un autre pays ».
En l’absence de chiffres officiels disponibles, les estimations sur le nombre d’Afghans qui se battent en Syrie varient énormément. Les médias officiels iraniens, tout en ne reconnaissant pas l’implication directe de Téhéran, disent que 20.000 Afghans se battent en Syrie.
Selon Amir Toumaj, chercheur à la Fondation pour la Défense des Démocraties, le Fatemiyoun est récemment passé du statut de brigade à celui de division, qui, normalement, fait plus de 10.000 hommes.
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