CSDHI – L’hebdomadaire Ya Lesarat, la publication officielle du groupe d’autodéfense, ultraconservateur, Ansar-e Hezbollah, a été suspendu par le Comité de surveillance de la presse iranienne pour avoir publié une campagne de diffamation sexuelle contre les femmes des acteurs. « L’utilisation de ce langage grossier, qui n’a pas sa place dans notre culture, constitue une violation de la loi sur la presse, par conséquent, cette publication a été suspendue », a déclaré le porte parole du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, Hossein Noushabadi le 1er août 2016.
Le 28 juillet, Ya Lesarat a publié un article appelé : « Dayyous Keest ? » (Qui est un Cocu ?), avec des photographies d’acteurs de cinéma et de télévision iraniens, affirmant qu’ils n’ont « aucun honneur » en permettant à leurs femmes d’apparaître en public avec des hijabs prétendument inappropriés. Le mot « dayyous » fait référence aux maris qui permettent à leurs épouses d’avoir des rapports sexuels avec d’autres hommes.
La chronique a été critiquée par la « Screen Actors Guild of Iran », qui a appelé le pouvoir judiciaire à prendre des mesures contre l’ « affront » à la communauté des acteurs. « Malheureusement, Ya Lesarat a utilisé un mot impropre et lubrique contre des acteurs et leurs familles, sans aucune justification », a-t-elle dit dans une déclaration.
Bien que désapprouvant publiquement les choix de style des épouses, le député conservateur Ahmad Tavakkoli a dit, quant à lui, ouvertement, que Ya Lesarat était le « plus grand perdant » de recourir à des insultes.
« Si quelqu’un veut publier des photos et critiquer ces sortes d’apparitions, cela devrait être fait sans identifier les personnes, sinon ce sera considéré comme un péché », a-t-il écrit sur son canal de réseau Telegram le 31 juillet.
Ya Lesarat a une histoire de diffamation des femmes, particulièrement les militantes féminines, y compris la lauréate du prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi, Zanan, éditrice du magazine Shahla Sherkat, et Shadi Sadr, avocate du droit des femmes.
En décembre dernier, la vice-présidente des affaires familiales et féminines, Shahindokht Mowlaverdi, a menacé de poursuivre l’hebdomadaire pour l’avoir décrite comme étant « pire que la plus célèbre prostituée dans le monde ». Peu de temps après, son permis a été révoqué par le conseil de contrôle de la presse, le 4 janvier 2016, mais il a repris ses publications deux jours plus tard.
Ansar-e Hezbollah, le groupe extrémiste derrière Ya Lesarat, est farouchement fidèle au guide suprême iranien, Ali Khamenei, et croit jouir de son plein appui. Le groupe est connu pour sa rhétorique et ses actions violentes, en particulier contre les femmes qui ne respectent pas la la stricte politique de port du hidjab.
Source : Campagne internationale pour les droits de l’homme en Iran