CSDHI – La République islamique d’Iran a participé aux Jeux olympiques d’été 2016 à Rio de Janeiro avec 63 athlètes, dont neuf d’entre eux étaient des femmes. (Vidéo)
Pourtant Kimia Alizadeh, en compétition en taekwondo, a écrit l’histoire quand elle est devenue la première femme iranienne à remporter une médaille olympique.
Ce fut un événement mémorable pour les athlètes iraniennes, qui sont souvent humiliées par des personnalités religieuses et politiques parce qu’elles pratiquent un sport et souffrent d’un sérieux désavantage par rapport à beaucoup de leurs concurrents en raison du refus du gouvernement iranien de les soutenir.
Après 1979, la révolution de l’Iran, les femmes iraniennes ont été interdites de prendre part à des compétitions sportives internationales pendant plus d’une décennie. Enfin, les femmes iraniennes qui pratiquent le Tir sont devenues les premières athlètes féminines à représenter l’Iran post-révolutionnaire lors d’une compétition internationale pendant les Jeux asiatiques de 1990. Puis, en 1996, la tireuse, Lida Fariman, est devenue la première femme iranienne à participer aux Jeux Olympiques de la République islamique.
Lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016, les femmes iraniennes ont participé au taekwondo, à l’aviron, à l’athlétisme (lancer du poids), au tennis de table, au tir et au tir à l’arc. Lors des séries de qualification régionale de la compétition olympique, les femmes ont également participé à d’autres catégories, notamment le tennis et le wushu, un art martial. Dans tous les cas, les femmes portaient le hijab islamique imposé par l’État.
La station de télévision de la République islamique iranienne (IRIB) et d’autres médias officiels ont consacré un minimum de temps et d’espace aux rapports sur le sport féminin. Les utilisateurs iraniens ont rempli le vide laissé par le refus des médias officiels de couvrir le sport féminin en utilisant les médias sociaux pour partager des images et des histoires d’athlètes féminines sur des sites comme Facebook et Twitter (illégale en Iran), et Instagram et Telegram.
Cela a conduit à une critique croissante de la participation des femmes des quartiers religieux conservateurs et extrémistes dans le sport, même si le chef suprême de l’Iran, Ali Khamenei, a décrit la participation des femmes iraniennes dans les sports internationaux comme « importante et précieuse avec le respect du hijab et la chasteté islamique ».
Plusieurs éminents théologiens à Qom, les leaders de la prière du vendredi, et les politiciens ont souligné que la responsabilité première des femmes est de s’occuper de leur famille, et ils ont réprimandé la participation des femmes dans les compétitions internationales, décrivant à certains moments, leur participation comme scandaleuse.
« Il n’y a pas de vertu chez nos filles et nos femmes à nous obtenir des médailles en jetant leurs jambes en l’air et en frappant un autre athlète. « Dans quelle direction allons-nous ? », a déclaré l’ayatollah Abdollah Javadi Amoli, un important théologien basé à Qom dans une conférence le 8 Octobre 2014.
De nombreuses autorités religieuses chiites n’approuvent le sport féminin que si les femmes sont cachées aux yeux du public ou se produisent exclusivement en face d’un public féminin. Pourtant, les femmes musulmanes à l’échelle internationale de divers pays, dont les États-Unis, rivalisent de plus en plus sur la scène mondiale en portant des costumes faits sur mesure qui leur permettent de porter le hijab tandis qu’elles sont en compétition.
Dans les épreuves de natation, les athlètes féminines ont maintenant la possibilité de porter un « burkini » un maillot de bain qui couvre tout le corps sauf le visage, les mains et les pieds. Le burkini est interdit en Iran cependant, et les femmes sont encore complètement interdites de participer à des manifestations internationales de natation.
Athlètes féminines iraniennes à Rio et au-delà
Kimia Alizadeh, 18 ans, combattante iranienne de taekwondo, a été classé 26ème dans le monde, mais elle a réussi à décrocher une médaille de bronze à Rio, la première médaille olympique remportée par une iranienne en battant l’athlète suédoise Nikita Glasnović dans la catégorie de poids de 57 kg, avec un score dominant de 5 contre 0. Alizadeh a déjà remporté une médaille d’or dans la catégorie 63 kg aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Nanjing en 2014 et une médaille de bronze au Championnat du Monde de Taekwondo en 2015 en Russie. Le Président Hassan Rouhani a félicité Alizadeh pour sa victoire historique et l’a remercié pour « avoir rendu tous les gens heureux, en particulier les femmes ».
Raheleh Asemani était un membre de l’équipe nationale des femmes iraniennes de taekwondo jusqu’en 2012, quand elle a reçu l’asile politique en Belgique. En 2010, elle est devenue la première femme iranienne à participer à la finale des Jeux Asiatiques de taekwondo et elle a remporté une médaille d’argent dans la catégorie des 62 kg. Représentant la Belgique à Rio en 2016, Asemani a été battue dans les tours préliminaires par la combattante égyptienne Hedaya Wahba.
Leyla Rajabi est née comme Tatsiana Ilyushchanka en Biélorussie, mais elle a changé son nom en 2007 après avoir épousé un iranien et s’être convertie à l’Islam. La lanceuse de poids a remporté une médaille d’argent lors de la Première Coupe européenne de la Ligue en 2005 et une autre médaille d’argent aux Jeux asiatiques de 2014. Rajabi n’ pas remporté de médaille à Rio en 2016 et elle est sorti de la compétition à la 16e place. « Le port du hijab est pas un problème », a-t-elle dit dans une interview avec le journal Mardomsalari le 10 juillet, 2016. « Le problème en Iran est le manque d’installations pour les femmes ».
Mahsa Javer, née en 1994, a raté une médaille à seulement deux secondes. Elle est arrivée en quatrième position en aviron.
Neda Shahsavari, une concurrente en tennis de table, née dans la ville occidentale de Kermanshah, a été éliminée dans son premier match dans les jeux de Rio par un score de 3-4 par Alexandra Privalova de Biélorussie. À Londres 2012, Shahsavari était la première femme à représenter l’Iran aux Jeux olympiques de tennis de table.
Zahra Nemati, une archer paraplégique, a participé à deux tours préliminaires, mais n’a pas gagné assez de points pour le prochain tour. Nemati est devenue la première femme iranienne à remporter une médaille d’or aux Jeux paralympiques de 2012 à Londres. Après sa performance exceptionnelle à Londres, elle a reçu le Spirit 2013, l’Award du Sport individuel pour « ses réalisations, sa détermination, son courage et son auto-motivation », qui fait d’elle « un modèle d’émulation dans la société iranienne, en aidant à changer les perceptions des personnes ayant un handicap », selon le communiqué de presse des Jeux paralympiques. Nemati était un concurrent de ceinture noire en taekwondo avant de subir une blessure à la moelle épinière en 2004. Elle s’est mise au tir à l’arc deux ans plus tard.
Golnoush Sebghatollahi a participé à ses premiers Jeux Olympiques comme tireuse à Rio. Elle a terminé 21ème dans la catégorie carabine à air comprimé dans le 10m et 28ème dans le 25m.
Mahlagha Jambozorg a été éliminée lors des qualifications pour les tirs à 50 m. Elle a dédié la médaille d’argent qu’elle a gagnée aux Jeux asiatiques de 2010 en Chine à Khamenei, qui a salué le « hijab supérieur » qu’elle portait sous la forme d’un tchador, un morceau de tissu qui expose seulement le visage. Elle a atteint la finale lors des championnats du monde de tir en 2010 à Munich et a terminé à la quatrième place dans la catégorie carabine à air comprimé à 10m.
Najmeh Khedmadi, également membre de l’équipe de tir iranienne, a terminé 8ème dans l’épreuve du tir à 50m à Rio. Khedmati avait gagné la médaille d’or aux Jeux asiatiques de 2014 en Corée dans la catégorie carabine à air comprimé à 10 m.
Elaheh Ahmadi a obtenu la 6e place, dans la même catégorie.
Dans la même catégorie, Ahmadi est arrivée en finale aux Jeux olympiques de 2012 et a remporté la médaille d’or à la Coupe du Monde de 2015 en Allemagne.
Interdites de stade
Les femmes iraniennes ont démontré leur capacité à participer avec succès à des compétitions sportives malgré la résistance des directions religieuses et politiques, mais elles sont toujours soumises à l’ interdiction d’assister à des événements sportifs masculins en Iran.
Les militants des droits iraniens et internationaux ont protesté contre cette interdiction discriminatoire – un acte qui a fait attérir quelques femmes en prison. L’interdiction a été mise en évidence lors des Jeux Olympiques de Rio quand l’activiste Darya Safai a brandi un panneau au match de volley-ball masculin entre l’Iran et l’Egypte et a appelé les autorités iraniennes à « laisser les femmes iraniennes entrer dans leurs stades ». On lui a d’abord dit de mettre de côté le panneau alors que les autorités olympiques ne permettent généralement pas de déclarations politiques aux jeux, mais on lui a ensuite donné la permission de continuer sa protestation.
Jusqu’en 2012, l’interdiction des fans féminines lors de manifestations sportives masculines dans les stades s’appliquait seulement aux matchs de football. Mais depuis cette année, les femmes ont également été empêchées de regarder le basket et le volley masculins à l’intérieur des stades. Les groupes de la Fédération Internationale de Volleyball et des droits de l’homme ont appelé à plusieurs reprises la République islamique d’Iran à mettre fin à l’interdiction pour les femmes de pénétrer dans les stades.
Source : Campagne Internationale pour les droits de l’homme en Iran