Radio des Nations Unies – Le Secrétaire général de l’ONU a souligné lundi, devant le Conseil des droits de l’Homme que le Conseil devrait contribuer à éradiquer « la maladie du mépris des droits de l’homme », estimant qu’il pouvait jouer, à cet égard, un rôle crucial de prévention en détectant les signes avant-coureurs de possibles crises. Le Chef de l’ONU Antonio Guterres a déploré en outre « le phénomène pervers du populisme et l’extrémisme, qui se nourrissent l’un l’autre sur fond de déferlante raciste, xénophobe, antisémite et islamophobe, entre autres formes d’intolérance. »
Pour son premier discours devant le Conseil des droits de l’homme, Antonio Guterres a notamment souligné qu’il est à Genève pour « exprimer sa reconnaissance » mais qu’il est aussi ici « dans un contexte d’urgence ». « Le mépris des droits de l’homme est une maladie, une maladie qui se propage partout, au nord, au sud, à l’est, à l’ouest. Une maladie que le Conseil des droits de l’homme doit contribuer à éradiquer », fait-il remarquer. Une façon pour le Secrétaire général des Nations Unies de rappeler le « rôle crucial » que peut jouer le Conseil des droits de l’homme dans la prévention en « détectant les signes avant-coureurs de possibles crises ».
Le Chef de l’ONU s’est ensuite inquiété de voir « prospérer le phénomène pervers du populisme et l’extrémisme, qui se nourrissent l’un l’autre sur fond de déferlante raciste, xénophobe, antisémite et islamophobe, entre autres formes d’intolérance ». « Les droits des réfugiés et des migrants sont gravement mis en cause. La traite des êtres humains gagne de l’importance » a-t-il ajouté. Autre source de préoccupation soulevée par le Secrétaire général des Nations Unies, le sort des minorités, des communautés autochtones et d’autres groupes qui sont en butte à la discrimination et aux exactions partout dans le monde. « Il en va de même pour les membres de la communauté LGBTI.
Par ailleurs, M. Guterres est revenu sur son passé et a indiqué n’avoir connu la démocratie qu’à l’âge de 24 ans, ayant grandi au Portugal sous la dictature. Il a constaté, pendant cette époque, comment ses compatriotes avaient été jetés dans la pauvreté et l’émigration de masse par la privation des droits.
« Je m’exprime en tant que Secrétaire général des Nations Unies, mais mon engagement pour les droits de l’homme ne tient pas seulement à ma fonction. C’est un engagement personnel. Ayant grandi au Portugal sous la dictature de Salazar, je n’ai connu la démocratie qu’à l’âge de 24 ans. Je me suis construit en voyant de mes propres yeux comment le déni des droits civils et politiques – mais aussi des droits économiques, sociaux et culturels – mine une société dans toutes ses dimensions. La privation des droits a jeté nombre de mes compatriotes dans la pauvreté. Elle a provoqué une émigration de masse. Ne pouvant prendre le chemin des urnes, beaucoup de Portugais ont pris celui de l’exode.
J’ai vu la dictature opprimer non seulement ses propres citoyens, mais aussi les peuples de ses colonies africaines, en leur imposant notamment une guerre sanglante qui a duré 13 longues années.
Ma passion pour la cause des droits de l’homme est née de ce que j’ai vécu parmi les miens dans ma jeunesse, puis au plus haut niveau, comme Premier Ministre d’un pays qu’il fallait amener à garantir les droits de l’homme et à permettre à tous ses citoyens de vivre dans la dignité. Ma passion n’a fait que croître lorsque, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, j’ai été témoin des atrocités qui surviennent quand les droits fondamentaux et la dignité des peuples sont dédaignés, voire ostensiblement bafoués. Aujourd’hui, en tant que Secrétaire général, il m’est donné de voir au quotidien à quel point l’avenir du monde et celui des droits de l’homme sont indissociables. »
Face à la multitude de personnes qui fuient la guerre, la communauté internationale ne doit pas se soustraire à ses responsabilités, avertit le Chef de l’ONU qui appelle la communauté internationale à « accroître la sécurité en œuvrant en faveur de la dignité, de la justice, de l’égalité et de l’état de droit ». Le Secrétaire général a conclu son intervention en saluant le courage des défenseurs des droits de l’homme et en les assurant du soutien de l’Organisation des Nations Unies, et en rappelant que les journalistes – contrepouvoirs indispensables à toute société – doivent eux aussi être pleinement protégés « de manière à pouvoir faire leur travail en toute indépendance et sans ingérence ».
Le Chef de l’ONU a insisté sur le fait que les droits de l’homme font partie trois piliers des Nations Unies aux côtés de la paix et du développement. Des piliers qui « sont indissociables et se renforcent mutuellement ». Dans ces conditions, il a rappelé que « si ses membres ont leurs divergences, ce Conseil est bâti sur une vision commune : il est dans l’intérêt de tous les États de défendre les droits de toutes les personnes ».
« C’est pourquoi nous devons défendre les droits de l’homme de manière impartiale, sans jamais faire deux poids, deux mesures », prévient-il. Nous devons les reconnaître en tant que valeurs et objectifs propres, sans laisser personne les instrumentaliser à des fins politiques. « L’intégrité et la crédibilité de ce Conseil ne peuvent être que renforcées par un traitement équitable de tous les États Membres ».