Un fonctionnaire iranien ayant récemment accusé de corruption des religieux de premier plan a été arrêté pour "diffusion de mensonges", a rapporté mercredi l'agence Fars.
Lors d'un discours à l'Université de Hamedan (centre) le 27 mai, Abbas Palizdar a aussi accusé les autorités d'avoir assassiné deux hauts responsables du régime.
Le fonctionnaire, affirmant soutenir le président ultra-conservateur iranien Mahmoud Ahmadinejad, a été convoqué au tribunal de la fonction publique mercredi et inculpé d'irrégularités financières, diffusion de mensonges et trouble à l'ordre public.
"Il a reçu un ordre d'incarcération et a été envoyé en prison", a rapporté l'agence Fars, sans autres détails.
Les journaux et agences de presse officielles n'ont pas rapporté le contenu du discours de M. Palizdar mais le site internet conservateur Tabnak en a diffusé des extraits il y a quelques jours.
Il a accusé de corruption des religieux conservateurs de premier plan, dont l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, un responsable de la prière du vendredi à Téhéran l'ayatollah Mohammad Emami Kachani, l'ex-président du Parlement Ali Akbar Nateq Nouri et l'ex-chef du pouvoir judiciaire l'ayatollah Mohammad Yazdi.
Il a aussi insinué qu'un ministre des Transports sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami et un commandant des forces terrestres des Gardiens de la révolution sous celle de M. Ahmadinejad, tous deux décédés dans des accidents d'avion, avaient été assassinés.
M. Palizdar s'est présenté comme membre de la Cour des comptes, du centre de recherche du Parlement et comme ex-candidat aux municipales de 2006 au sein d'une liste soutenant M. Ahmadinejad.
Mercredi, la presse conservatrice a sévèrement critiqué M. Palizdar et ses accusations.
Le journal Iran, qui a qualifié M. Palizdar de "fumiste", a démenti qu'il ait eu un quelconque lien avec le gouvernement ou le Parlement. Il l'a accusé de chercher à "diviser ces religieux et personnages respectables, et le gouvernement".
Pour le quotidien ultra-conservateur Kayhan, M. Palizdar a "été choisi par les contre-révolutionnaires pour cet acte de propagande".
La lutte contre la corruption était un des thèmes de campagne de M. Ahmadinejad pour la présidentielle de 2005.
Il est revenu dessus récemment en lançant une violente attaque contre une soi-disant "mafia" politique et économique qui serait opposée à ses réformes.
. Palizdar aurait défendu la politique d'Ahmadinejad en assurant que "le gouvernement est seul dans son combat contre la corruption et personne ne le soutient", selon Tabnak.
(AFP / 11 juin 2008 )