AI, 11 septembre 2009, 10h06 – Amnesty International a exprimé sa profonde préoccupation au Premier ministre irakien Nouri al-Maliki sur la tuerie et d’autres exactions commises par les forces de sécurité irakiennes lors de la prise de contrôle du camp d’Ashraf dans la province de Diyala, où vivent quelque 3.400 exilés iraniens, les 28 et 29 juillet 2009, et le maintien en détention sans inculpation ni procès de 36 résidents du camp incarcérés depuis. Au moins neuf résidents du camp ont été tués et plusieurs autres grièvement blessés lorsque les forces de sécurité irakiennes ont fait irruption dans le camp, fonçant avec des véhicules dans des foules de résidents protestataires et utilisant des balles réelles apparemment sans justification adéquate.
Dans sa lettre au Premier ministre al-Maliki, Amnesty International lui demande instamment de mener immédiatement une enquête complète et indépendante sur les méthodes utilisées par les forces de sécurité irakiennes lors de la prise de contrôle du camp d'Ashraf, et de rendre ses conclusions publiques dès que possible. L'organisation l’a aussi appelé à veiller à ce que les membres des forces de sécurité et autres fonctionnaires responsables d’avoir fait usage d’une force excessive et commis de graves violations de droits humains soient immédiatement suspendus de leurs fonctions et rapidement traduits en justice.
Amnesty International a également exprimé une préoccupation particulière pour les 36 hommes détenus depuis que les forces de sécurité irakiennes ont pris sur le camp fin juillet et qui auraient été battus et maltraités avant d'être déplacés vers un poste de police à Al-Khalis, une ville située à environ 25 km de la Cité d'Ashraf, où ils sont détenus actuellement sans inculpation ni procès. Ils seraient en mauvaise santé et en grève de la faim pour protester contre leur détention et mauvais traitements. Le 24 août, un juge d'instruction a ordonné leur libération au motif qu'aucune charge ne pesait contre eux, mais la police locale a refusé de les remettre en liberté, en violation de la législation irakienne. Un magistrat du parquet de Baquba, dans la province de Diyala, a alors fait appel de l’arrêt de remise en liberté du juge d'instruction, apparemment comme un moyen de justifier leur maintien en détention, et l'appel est actuellement en attente de décision à la Cour de cassation.
Dans sa lettre, Amnesty international a exhorté le Premier ministre à intervenir pour veiller à ce que les 36 détenus soient libérés immédiatement et sans condition à moins qu’ils ne soient accusés de délits reconnus et jugés rapidement dans un procès équitable, en conformité avec les normes internationales des Droits de l'homme. Amnesty International a également exhorté le Premier ministre irakien à ordonner une enquête sur le refus de la police d’Al-Khalis de se conformer à l'ordonnance du juge de remise en liberté des 36 hommes, et de s’assurer que tous les officiers de policiers responsables de détentions illégales rendent des comptes.
Amnesty international a réitéré au Premier ministre al-Maliki son opposition à tout retour forcé des Iraniens, y compris les 36 détenus ou d'autres résidents du camp d’Ashraf, en Iran dans des circonstances où ils seraient exposés au risque de graves violations des droits de l'homme, y compris la torture et l’exécution.
(Traduit de l'original en anglais, NDLR)