IRAK : AL-MALIKI DOIT AGIR A PROPOS DU RAID CONTRE LE CAMP D’ACHRAF
NOUVELLE LETTRE
Grèves de la faim en Irak, à Londres et ailleurs alors que l’inquiétude grandit pour les résidents
Amnesty International UK, 11 septembre – Amnesty International a écrit au Premier ministre irakien Nouri Maliki exprimant sa profonde préoccupation quant à la tuerie et d’autres exactions commises par les forces de sécurité irakiennes au Camp d’Achraf cet été.
Les 28-29 juillet un grand nombre d'agents de sécurité irakiens ont pris le contrôle du camp d’Achraf dans la province irakienne de Diyala, au nord de Bagdad, un site où vivent quelque 3400 exilés iraniens depuis plus de 20 ans. Au moins neuf résidents du camp ont été tués et plusieurs autres grièvement blessés lors de l'assaut contre le camp, au cours duquel des véhicules ont foncé sur des groupes de résidents protestataires et des balles réelles ont été utilisées, apparemment sans justification adéquate. Depuis juillet, 36 résidents du camp sont détenus sans inculpation ni jugement.
En réponse, des craintes concernant les milliers de ressortissants iraniens – dont beaucoup ont une longue histoire d'opposition politique au gouvernement de l'Iran voisin – ont été soulevées par de nombreux partisans à travers le monde. Des protestations ont été menées à travers le monde, y compris une longue veillée et une grève de la faim devant l'ambassade américaine à Londres. Les manifestants disent que le retrait des forces américaines des bases militaires en Irak au début de l’année a rendu les résidents du Camp d’Achraf nouvellement vulnérables vis-à-vis des forces de sécurité irakiennes, une préoccupation partagée par Amnesty.
La directrice d’Amnesty International en Grande-Bretagne Kate Allen a déclaré :
«Il y a de nombreuses informations – dont des images choquantes – sur les forces de sécurité irakiennes utilisant ce qui semble être une force manifestement excessive dans leur prise du camp d'Achraf, et il faut correctement enquêter là-dessus. Tout comme sur les informations comme quoi les détenus ont été maltraités en détention
«On peut craindre désormais que l'Irak puisse forcer les résidents du camp d'Achraf à retourner en Iran, où ils risquent la prison ou la torture. Aucun résident vulnérable du camp d’Achraf ne doit connaître ce sort. »
Amnesty a clairement dit aux deux gouvernements irakien et américain qu’elle s'oppose fermement à tout retour forcé de ceux du camp d'Achraf ou d'autres ressortissants iraniens qui vivent actuellement en Irak après avoir quitté l'Iran pour des raisons politiques ou pour échapper à la persécution. Dans sa lettre au Premier Ministre al-Maliki, Amnesty lui demande instamment d'ouvrir immédiatement une enquête complète et indépendante sur les méthodes utilisées par les forces de sécurité irakiennes lors de l'opération d’Achraf, et de rendre ses conclusions publiques dès que possible. Amnesty lui a également demandé de veiller à ce que les membres des forces de sécurité et d'autres autorités jugés responsables d’avoir recouru à la force excessive et commis de graves violations des droits humains soient immédiatement suspendus de leurs fonctions et traduits rapidement en justice.
En attendant Amnesty s'est dit particulièrement préoccupée par le sort des 36 hommes arrêtés, d’autant plus que des allégations disent qu’ils auraient été battus et maltraités. Ils sont actuellement détenus dans un poste de police d'Al-Khalis – une ville située à quelque 25 km du camp d’Achraf – où ils seraient en mauvaise santé et en grève de la faim pour protester contre leur détention et les mauvais traitements.
Le 24 août, un juge d'instruction irakien a ordonné la libération des 36, au motif qu’aucune charge n’était retenue contre eux, mais la police locale a refusé de les remettre en liberté, en violation de la législation irakienne. Un magistrat du parquet à Bakuba, dans la province de Diyala, aurait fait appel contre l'ordonnance de libération prononcée par le juge d'instruction, apparemment comme un moyen de justifier leur maintien en détention, et l'appel est actuellement en attente de décision à la Cour de cassation.
Dans sa lettre d'Amnesty a exhorté le Premier ministre irakien à intervenir et à faire en sorte que les 36 détenus soient libérés immédiatement et sans condition à moins qu’ils ne soient accusés de délits reconnus et jugés rapidement dans un procès équitable, en conformité avec les normes internationales des Droits de l'homme. Amnesty a également exhorté M. Al-Maliki le Premier ministre irakien à ordonner une enquête sur le refus de la police d’Al-Khalis de se conformer à l'ordonnance du juge de remise en liberté des 36 hommes, et de s’assurer que tous les officiers de police responsables de détentions illégales rendent des comptes.
(Traduit de l’original en anglais)