OMCT, Genève, le 3 juin 2010 – L'Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) est profondément préoccupée par le fait que près de 3400 membres de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI), un mouvement d'opposition iranien, vivant au camp d'Achraf en Irak, continue de faire face à de graves menaces, en dépit de plusieurs appels de la communauté internationale et de l'OMCT à assurer leur protection.
L'OMCT rappelle que le camp a été attaqué par les forces irakiennes en juillet 2009, faisant plusieurs morts parmi les habitants et beaucoup d'autres blessés, en vue de les expulser vers l'Iran. Le camp est depuis sous le contrôle des forces irakiennes.
Le Secrétaire général des Nations Unies, dans son rapport trimestriel au Conseil de sécurité datée du 14 mai 2010 sur la situation en Irak, écrit : «La méfiance et les tensions entre les deux parties [les résidents d'Achraf et le] gouvernement irakien demeure, avec une coopération limitée concernant l'accès aux services et à l’approvisionnement dans le camp. » Le Secrétaire général a également déclaré que l’UNAMI (1) « a continué à plaider en faveur de l’accès facile des résidents aux biens et aux services à caractère humanitaire, ainsi que de leur droit d'être protégé contre un déplacement de masse arbitraire ou le rapatriement forcé contre leur gré en violation du principe universellement reconnu de non-refoulement. » (2)
Néanmoins, la situation au camp d’Achraf reste critique. Ces derniers mois, ses habitants auraient été soumis à des harcèlements orchestrés menés conjointement par les autorités irakiennes et le régime iranien. Depuis février 2010, des dizaines de personnes, se présentant comme parents de résidents ont été rassemblées à la porte principale du camp, où elles crient des grossièretés et menacent d'une autre attaque violente. Elles utilisent trois douzaines de haut-parleurs 24 heures sur 24, qui empêchent les habitants de dormir. L’OMCT estime que les avertissements constants l'expulsion couplée à des menaces répétées d'exécution et d'incitation au meurtre et les graves restrictions imposées à l'accès à la plupart des besoins essentiels, y compris les soins médicaux, constituent de graves atteintes aux droits humains contre les résidents d'Achraf.
Plus important encore, l'OMCT a appris que les États-Unis envisageaient de fermer leur
Base d'opérations avancée à Achraf (FOB Grizzly) et d’en déplacer ailleurs le bataillon actuellement en poste, pouvant laisser entendre qu’ils remettraient les installations à un bataillon de l'armée irakienne. Un tel transfert aurait un terrible impact sur la protection des résidents d'Achraf. Cela obligerait l'équipe de suivi de la Mission d’Assistance des Nations Unies pour l'Irak à quitter également Achraf parce que l'équipe dépend des forces américaines pour sa protection.
1 – Mission d’Assistance des Nations Unies pour l'Irak.
2 – http://www.uniraq.org/FileLib/misc/SG_Report_S_2010_240_EN.pdf