Par Yannick Van des Schueren
Tribune de Genève – 1er– 2 novembre – A l’occasion de son évaluation périodique par le conseil des droits de l’homme de l’ONU, Téhéran a affronté des critiques, hier à Genève. Plusieurs ONG ont relevé l’absence de progrès depuis la présentation du premier rapport il y a quatre ans, tandis qu’une centaine de pays prenaient part au débat.
La France et l’Allemagne ont notamment demandé l’arrêt des exécutions publiques et un moratoire sur la peine de mort. Huit cent cinquante-deux personnes ont été exécutées ces quinze derniers mois en Iran, selon l’ONU.
Quant à l’ambassadeur de Suisse aux Nations Unies, Alexandre Fasel, il a demandé la libération immédiate de toutes les personnes détenues en Iran pour avoir exercé pacifiquement les droits à la liberté d’expression. Il a également souligné les manquements à des procès équitables, en particulier dans le cas de la pendaison de Reyhaneh Jabbari.
Le nom de cette jeune Iranienne a été prononcé par plusieurs intervenants occidentaux lors de la session d’hier. Son exécution par pendaison samedi dernier pour le meurtre supposé, en juillet 2007, d’un homme qui l’aurait sexuellement agressée a suscité une vague d’indignation. Malgré les appels à la clémence lancés par la communauté internationale, la jeune décoratrice de 26 ans n’a pas été graciée.
Et Reyhaneh Jabbari n’est pas la seule victime de régime des mollahs. En début de semaine, le rapporteur spécial des Nations Unies, Ahmed Shaheed, ne cachent pas son inquiétude concernant la détérioration des la condition des femmes dans le pays.
A Ispahan notamment, dans le centre du pays, Les Iraniennes vivent la peur au ventre. Ces dernières semaines, plusieurs d’entre elles ont été attaquées à l’acide par des hommes en scooter alors qu’elles étaient au volent de leur voiture. Une jeune femme serait même décédée à la suite de ses blessures. Selon des rumeurs insistantes relayées sur les réseaux sociaux, les victimes ne respectaient par le port du hijab, soit l’obligation de se couvrir les cheveux et la nuque.
Pour l’heure, les autorités n’ont pas identifié les agresseurs, mais nombreux sont ceux qui voient un lien entre ces attaques et un projet de loi en cours dans la République islamique. Intitulé « soutien à ceux qui font la promotion de la vertu et combattent le vice », il encourage, entre autres, les citoyens à veiller à ce que les femmes portent bien le voile islamique. Si cette loi est votée, explique le Monde , « toute résistance, menace, insulte » contre les gens chargés de veiller à la chasteté et de lutter contre « la débauche » dans la société serait passible d’une condamnation à la prison ferme et à une amende.
En accédant à la présidence de l’Iran, au début du mois d’août 2013, Hassan Rohani, considéré comme un conservateur modéré, avait promis des changements et plus de libertés. Un an et demi plus tard, force est de constater que la situation des droits de l’homme ne s’est guère améliorée au pays des mollahs.