CSDHI – L’enfer au quotidien. Depuis le 17 mai la chasse aux femmes est ouverte à Téhéran. Une jeune femme témoigne sur les patrouilles de l’inquisition postées un peu partout dans la capitale. Ongles vernis, manches courtes, cheveux, tout y passe.
Je me suis mise une tunique noire, un pantalon noir, un long foulard turkoman coloré dont je jette les deux pans par dessus mes épaules.Lunette de soleil posées sur la tête. J’ai un rendez-vous chez la dermato, donc pas de maquillage aujourd’hui.
Je prends l’autoroute, sortie Jordan où j’aperçois une voiture de police. Un agent et une jeune femme en tchador sont postés devant. L’agent me fait signe de m’arrêter sur le côté. En me garant sur la bande d’arrêt, je vois un fourgon de la patrouille des moeurs, l’inquisition. Je baisse la vitre. La femme en tchador arrive: « permis de conduire et papiers de la voiture et descends s’il te plait ! »
Je n’ai pas fini de sortir de la voiture qu’une autre policière arrive, ell doit avoir la quarantaine, Elle est plus âgée que l’autre et plus haut gradée. Je ne vois aucun insigne ni nom sur son voile.
Une fois dehors, elles m’inspectent de la tête au pied; La plus âgée éructe : « C’est quoi cette manière de s’habiller? Manches courtes, tunique courte, chaussures découvertes devant, et du vernis à ongles ! » instinctivement je porte la main à mon foulard pour le rabaisser. « Attache-le sous le menton », crie-t-elle!
« Non mais franchement, dit la plus jeune à sa collègue, comment elle font pour supporter tous ces cheveux dans la figure! ». Une mèche dépassait …
Elles me prennent les papiers. Je m’excuse, j’explique dans l’espoir de les amadouer un tant soit peu. « Discute pas, sinon on t’en met pour un maximum. »
Le policier qui m’avait fait signe d’arrêter s’avance et lance
– 72h d’immobilisation à la fourrière, le véhicule !
– Mais pourquoi monsieur l’agent ?
– A cause de l’allure que t’as, aboie-t-il, le regard méchant. Pour la tenue hors norme au volant.
Il emmène mes papiers. Au retour, il me tance : « t’as une grosse amende, bien lourde. Tu dois tout payer si tu veux retrouver ta voiture ». Il se retourne et dis à la policière: « Faites-la monter dans le fourgon! »
– Et pourquoi je dois monter dans le fourgon, dis-je en protestant.
– parce que t’es sortie habillée comme ça, assène la fliquette en fronçant les sourcils. « Y’a des lois dans ce pays, quand est-ce que tu vas apprendre à t’habiller? »
Ils m’embarquent et le flic conduit ma voiture à la fourrière. Trois jeunes filles de mon âge interpellées sont déjà dans le fourgon…