Interview avec Mohtaram Kouchali, participante à manifestation…
CSDHI – Alors que le sit-in des familles des résidents d’Achraf et des sympathisants de la Résistance iranienne en France va entrer dans sa cinquième semaine, nous avons voulu savoir un peu plus sur les raisons et la motivation des participants dans ce mouvement qui demande beaucoup d’énergie et de temps, surtout dans la chaleur de cet été à Paris. Pour cela, nous avons demandé à Mme Kouchali de répondre à nos questions. Elle est une figure connue pour les exilés iraniens en France. À un âge qui s’approche les soixante dix ans, elle rate rarement une journée au sit-in. Plusieurs de ses enfants ont été exécutés par le régime sanguinaire des mollahs.. Mme Kouchali que tout le monde appelle affectueusement « Mère Kouchali », nous a reçus chaleureusement pour cet interview :
CSDHI : « Mère Kouchali » ! Pour quoi vous avez choisi l’exile ?
Mère Kouchali : il y a près de 25 ans que j’ai dû fuir l’Iran.. Mes enfants étaient sympathisants de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) et luttaient pour l’instauration d’une démocratie en Iran. Mais le régime iranien n’a hésité à exécuter six membres de ma famille dont cinq de mes fils dans les années 80. Ils ont sacrifié leur vie pour la liberté du peuple iranien. De ce fait et à cause des menaces qui pesaient sur ma personne, j’ai dû me cacher en Iran et quelques temps après laisser ce qui restait de ma famille, ainsi que ma maison et tous mes bien pour fuir clandestinement le pays.
CSDHI : Vous avez aussi des proches à Achraf…
M.K. : Oui tout à fait. Ils sont plusieurs, parmi eux il y a ma fille qui a actuellement 36 ans et que je n’ai pas vue depuis très longtemps. Mais vous savez, si je participe au sit-in, ce n’est pas seulement parce que je suis terriblement inquiète pour ma propre fille. En fait pour moi, je considère tous les 3500 résistants iraniens de la Cité d’Achraf comme mes fils et mes filles et je les porte dans mon cœur.
CSDHI : Vous souffrez de pas mal de maladies. A votre âge ça ne doit pas être très facile de venir tous les jours manifester dans la rue…
M.K. : Si j’ai pris le chemin de l’exile il y a 25 ans, c’était pour faire entendre dans le monde le message de mes enfants martyres. C’est pourquoi tant que je respire, je n’arrêterai pas un instant de dénoncer ce régime barbare des mollahs et surtout le massacre survenu récemment dans la Cité d’Achraf contre des réfugiés sans défense, à la demande de Khamenei (guide suprême du régime iranien).
CSDHI : Pourquoi cette attaque aussi brutale commandité par les mollahs contre des réfugiés iraniens sans défense et à l’extérieur du pays ?
M.K. : Parce que le régime iranien a toujours eu peur des Moudjahidine du peuple. Ils sont le cauchemar de la dictature religieuse. Pour cette raison, il a demandé à (Nouri al) Maliki, le premier ministre irakien de raser le Camp d’Achraf et éliminer ou extrader les résistants iraniens.
CSDHI : Qu’est ce que vous comptez obtenir par ce sit-in ?
M.K. : Tout d’abord la libération de 36 otages enlevés par les forces irakiennes au moment de leur attaque sanglant contre Achraf. Ensuite le retrait des forces irakiennes de la Cité pour que les militaires américains reprennent la responsabilité de la protection des résidents jusqu’à ce que une force onusienne les remplacent.
CSDHI : Et si cela tardait à concrétiser ?
M.K. : Peu importe le temps qu’il faudra. Je continuerai à manifester et à crier tant qu’il me reste de la voix pour transmettre le message de mes filles et de mes fils Moudjahidine à Achraf, pour qu’enfin, la communauté internationale et notamment le gouvernement français rompe le silence, condamne clairement ce massacre et prenne sa responsabilité.
CSDHI : Et peut-être un message pour les « Achrafis » ?
M. K. : Oui, je leur dis qu’ils peuvent compter sur nous. J’aurai tant aimé être à vos côté les jours du massacre dans le camp. J’aurai tant voulu que ce soit mon cœur qui recevait les balles tirés contre vous. Mais je les assure d’une chose : Nous serons jusqu’au bout de ce combat avec eux.