Par Robert P. George et Katrina Lantos Sweet
La persécution de la République islamique vis-à-vis du Bahaïsme s’est intensifiée sous la Présidence de Rohani
Le Wall Street Journal, le 20 mai – Alors que l’Iran se rapproche de l’anniversaire de la victoire présidentielle d’Hassan Rohani, le dossier des droits de l’homme de la République islamique, en particulier son traitement des minorités religieuses, reste catastrophique. C’est particulièrement vrai pour les bahaïs, la plus grande minorité religieuse non musulmane d’Iran.
Comme pour les affaires des pasteurs chrétiens emprisonnés, tels que Saïd Abedini et Farshid Fathi, le régime de Téhéran ne montre aucun signe de vouloir libérer les sept dirigeants bahaïs emprisonnés sur de fausses accusations allant de l’espionnage à la « propagation de corruption sur Terre », ni d’arrêter la persécution de la population bahaïe, qui compte plus de 300 000 personnes.
Les deux chambres du Congrès des États-Unis se sont prononcées en faveur des bahaïs et d’autres minorités religieuses en Iran. Le Sénat, en décembre dernier, a adopté une résolution condamnant la persécution bahaïe. Nous demandons instamment à la Chambre des Représentants d’adopter rapidement la mesure complémentaire. Sans une attention soutenue des États-Unis et d’autres membres de la communauté internationale, l’avenir des bahaïs dans le berceau de leur foi s’avère sombre, de même que le sort des autres minorités d’Iran.
Le 23 mai marque le 170e anniversaire de la naissance de la foi bahaïe en Iran. La foi souligne l’unité de l’humanité. Le 14 mai a marqué les six années pendant lesquelles sept bahaïs, Jamaloddin Khanjani, Afif Naeimi, Saeid Rezaie, Behrouz Tavakkoli, Vahid Tizfahm, Fariba Kamalabadi et Mahvash Sabet – ont été incarcérés pour leur foi. Et alors que la commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF), dans laquelle nous siégeons, a noté dans son rapport annuel qui vient de paraître, que le nombre de prisonniers bahaïs a augmenté sous M. Rohani. En février 2014, au moins 135 bahaïs restaient emprisonnés pour leur foi. Des centaines d’autres, bien qu’ils ne soient plus détenus, ont des dossiers en attente.
Il est bien connu que les bahaïs cherchent la paix, pas le pouvoir politique et ne constituent aucune menace concevable pour la sécurité. Pourtant, la théocratie iranienne les persécute, révélant une profonde aversion pour ceux dont le seul «crime» est d’embrasser une foi différente de celles du régime.
Alors que toutes les communautés religieuses en Iran souffrent de persécution depuis la révolution khomeyniste de 1979, aucune n’a autant souffert que les bahaïs. Le gouvernement a tué plus de 200 dirigeants bahaïs et limogé plus de 10.000 autres de postes gouvernementaux et universitaires.
Les Bahaïs sont maltraités dans presque chaque étape de leur vie. L’année dernière, l’USCIRF a reçu des rapports de bébés bahaïs incarcérés avec leurs mères. Les Bahaïs ont interdiction de fréquenter les collèges et les universités, de construire leurs propres écoles et d’établir des lieux de culte pour élever leurs enfants dans leur foi. Les bahaïs ne peuvent pas servir dans l’armée et sont victimes de discriminations pour l’emploi. Les autorités ne reconnaissent pas leurs mariages et les médias iraniens diabolisent les bahaïs, renforçant leur statut de paria.
Lorsque les bahaïs meurent, leurs parents ne peuvent pas hériter de leurs biens. Ils ont des difficultés à obtenir leurs certificats de décès et sont souvent témoins de la profanation de leurs lieux de sépulture, non seulement par des vandales, mais aussi par le gouvernement. Récemment, les Gardiens de la Révolution iraniens ont commencé à creuser dans un cimetière bahaï où reposent dix femmes pendues par le gouvernement en 1983. Elles ont été reconnues coupables de «délits» comme l’enseignement dans des classes d’enfants. Les femmes ont choisi de mourir plutôt que de renoncer à leur foi.
S’inspirant du régime et des médias, des extrémistes ont attaqué des propriétés bahaïes dans plusieurs villes. En août 2013, après des mois d’interrogatoire, un chef bahaï locale, Ataollah Rezvani, a été tué à cause de sa foi. Personne n’a été accusé de son meurtre.
Face à ces abus, les États-Unis devraient reconnaître que quand il s’agit de droits de l’homme et de la liberté religieuse, M. Rohani doit encore apporter des réformes. Deuxièmement, Washington doit s’interroger sur les conséquences de la persécution bahaïe. Les bahaïs ne menacent personne ; les préceptes religieux et la doctrine à eux seuls conduisent à leur persécution. La répression bahaïe confirme le caractère théocratique de Téhéran et suggère que le changement ne viendra pas facilement.
Troisièmement, en traitant avec Téhéran, les Etats-Unis devrait faire pression pour la liberté religieuse et les droits qui y sont liés, tout en continuant à identifier les organismes iraniens et les fonctionnaires responsables de violations graves, et en gelant leurs avoirs et en leur interdisant d’entrer aux États-Unis comme l’exige la loi américaine.
Enfin, le Congrès américain devrait continuer à attirer l’attention sur les bahaïs et les autres Iraniens victimes de violence avec des lois et d’autres mesures. Le Congrès devrait aussi mettre en lumière les noms, les visages et les histoires qui se cachent derrière ces exactions.
Grâce au projet des défenses des libertés, une initiative de Tom Lantos de la Commission des droits de l’homme en collaboration avec l’USCIRF et Amnesty International des aux USA, les membres du Congrès « ont adopté » des prisonniers de conscience, notamment les pasteurs Abedini et Fathi et les 7 bahaïs, et ont plaidé pour leur libération. Le Président Obama en février a appelé à la libération du pasteur Abedini. Il est temps de demander la libération des 7 bahaïs et des autres prisonniers de conscience iraniens.
Pour finir, ce qui vaut pour les bahaïs, vaut aussi pour les perspectives de liberté en Iran.