CSDHI – Jeudi 9 décembre, les médias officiels ont diffusé une vidéo montrant les aveux forcés de deux étudiants iraniens d’élite, Ali Younesi et Amir-Hossein Moradi.
Dans cette vidéo de propagande, les autorités nient avoir affiché le visage des accusés et même leurs aveux. Cependant, les médias affirment que ces personnes expliquent leurs activités anti-régime.
Le ministère du renseignement et de la Sécurité (MOIS) a arrêté les deux étudiants, Younesi et Moradi, le 10 avril 2020. Depuis lors, ses agents les ont soumis à des tortures physiques et psychologiques pour les forcer à faire de faux aveux.
En tant que méthode connue, les autorités iraniennes, en particulier les services du renseignement, utilisent la torture et les mauvais traitements contre des personnes innocentes, les forçant à répéter comme un perroquet ce que leur disent les tortionnaires. Ensuite, les autorités judiciaires classent ces aveux entachés de torture comme preuves. Ils prononcent des peines sévères, comme la peine de mort, à l’encontre des victimes.
En 2020, les autorités iraniennes ont utilisé cette méthode odieuse pour condamner et pendre Mostafa Salehi et Navid Afkari pour avoir participé à des manifestations pacifiques. Au cours des 600 derniers jours, les interrogateurs ont appliqué divers types de torture sur ces deux étudiants pour qu’ils admettent leurs allégations.
En outre, l’organisation Islamic Republic of Iran Broadcasting (IRIB) a depuis longtemps l’habitude de diffuser ces aveux forcés. À la suite des manifestations contre le gaz en novembre 2019, les autorités ont forcé plusieurs détenus à faire des aveux télévisés.
Le gouvernement a en effet tenté de terrifier la société des conséquences de nouvelles protestations et de tuer dans l’œuf d’autres activités anti-régime. Au lieu de cela, il s’est attiré la haine de la population. D’ailleurs, les citoyens ont publiquement scandé des slogans « IRIB est une honte » dans différentes marches et rassemblements socio-économiques.
Obtenir des aveux forcés est un acte criminel
Dans ce contexte, Reza Younesi, frère d’Ali et professeur associé à l’université suédoise d’Uppsala, a sévèrement attaqué les autorités pour les pressions exercées sur les étudiants détenus. Il a qualifié l’acte d' »inhumain ». Il a fourni des détails supplémentaires sur les conditions désastreuses de son frère Ali et d’Amir-Hossein Moradi.
» Avec près de deux ans de détention » temporaire « , 59 jours d’isolement avec torture mentale et physique, et une absence d’accès à l’avocat pendant un an, les aveux forcés et dirigés de deux jeunes de 20 ans ne prouvent aucune accusation. Ils ne font que confirmer le » brillant » bilan des autorités iraniennes dans un faux classement. #AmirHosseinMoradi #AliYounesi », a tweeté le professeur Younesi le 8 décembre.
En effet, cette vidéo était la réponse des autorités à la protestation des étudiants du 7 décembre. Ce jour-là, le secrétaire de l’Association des étudiants islamiques de l’Université de technologie Sharif Mohammad-Hossein Kazemi a giflé le président Ebrahim Raïssi pour l’histoire de la République islamique faite d’échecs économiques et de répressions sanglantes contre des manifestants pacifiques.
« Savez-vous que depuis plus de deux ans, nos deux universitaires, Ali Younesi et Amir Hossein Moradi, sont en prison ? ». Kazemi a interrogé Raïssi. « Savez-vous que de nombreux étudiants sont toujours impliqués dans des affaires instruites contre eux, sous le prétexte d’une activité étudiante légale sous la forme d’institutions étudiantes autorisées ou sous le prétexte de manifestations étudiantes pacifiques en janvier 2017 et en novembre 2019 ? »
Ali Younesi a perdu la vue sous la torture
Dans une interview accordée à l’agence de presse Iran International, l’un des anciens compagnons de cellule d’Ali Younesi a déclaré qu’Ali avait été exposé à de dures tortures et cela a gravement affecté sa vue. « Ils filmaient certaines phrases, dix fois de suite, pour faire des aveux télévisés. Le produit d’un film prenait parfois une journée. Après 100 jours, du pus sortait de l’œil d’Ali à cause des coups. Il disait : « Je ne peux pas accepter ce que je n’ai jamais fait » », a expliqué en avril Mojtaba Hosseini, qui avait déjà été libéré.
Younesi, 21 ans, et Moradi, 22 ans, ont remporté plusieurs médailles à l’Olympiade internationale. Younesi a remporté la médaille d’or de la 12e Olympiade internationale d’astronomie et d’astrophysique, organisée en Chine en 2018. Auparavant, il avait remporté les médailles d’argent et d’or des Olympiades nationales d’astronomie en 2016 et 2017. Amir Hossein a également remporté la médaille d’argent des Olympiades en 2017.
Les organisations et défenseurs des droits humains, dont Amnesty International, ont exprimé à plusieurs reprises leurs inquiétudes concernant la santé et la vie de ces étudiants d’élite, appelant à leur libération inconditionnelle immédiate.
« Depuis un an, [Ali Younesi et Amir Hossein Moradi] sont détenus sans procès dans la section 209 de la prison d’Evine à Téhéran, sous le contrôle du ministère du renseignement. Ils n’ont pas pu consulter un avocat indépendant de leur choix », a tweeté Amnesty.
Source : INU