CSDHI – L’Organisation carcérale et des mesures sécuritaires et correctionnelles d’Iran, placées sous la supervision du pouvoir judiciaire, a donné une nouvelle directive à tous les secteurs sous son contrôle. Cette nouvelle directive affirme que, conformément aux nouvelles lois, toutes les prisons sont tenues d’observer et de prendre en compte les droits des prisonniers.
Nouvelle directive en milieu carcéral en Iran
Cette directive a interdit « toute forme de persécution psychologique et physique des prisonniers et des prévenus en détention ».
Cette directive, rendue publique par l’espace média du pouvoir judiciaire, souligne que les actions telles que la prise des empreintes digitales des prisonniers ou l’inspection de leur nudité doivent être limitées à des cas particuliers. De leur côté, les prisonniers gravement malades ou blessés ne doivent pas être acceptés dans les prisons.
Elle a ajouté que les prévenus devraient avoir accès à un téléphone et avoir le droit d’appeler leurs familles et leurs avocats dans les 48 heures suivant leur détention.
Les jeunes doivent également être séparés des prisonniers adultes. Il est interdit d’insulter les prisonniers ou d’utiliser des menottes à l’intérieur de la prison, sauf si des cas particuliers le justifient.
Il ne fait aucun doute que la décision de publier cette directive est une réponse à la pression massive exercée sur le régime iranien en raison de ses violations des droits humains. Cette appréciation est d’autant plus renforcée que les nouvelles de la mort de certains prisonniers suite à des tortures et des mauvais traitements infligés par les responsables de la prison, ou de l’absence de traitement pour les prisonniers malades continuent de fuiter.
Les prison iraniennes, théâtre d’abus systématiques
Les prisons iraniennes sont quotidiennement le théâtre d’abus systématiques, de tortures, d’exécutions, d’insultes, d’humiliations et de viols.
Un examen des événements qui ont conduit à la mort de certains prisonniers en moins d’un an illustre l’effroyable réalité des prisons iraniennes :
Le 16 février 2021 : Behnam Mahjoubi
Un prisonnier de Darvish arrêté après les manifestations de Golestan, est mort en prison. Il ne pouvait pas supporter l’emprisonnement en raison de sa maladie, mais on l’a arrêté et emprisonné malgré tout. Le 13 février 2021, on l’a emmené à l’hôpital pour la deuxième fois après être tombé dans le coma à cause d’un empoisonnement médicamenteux en prison. Le régime a confirmé la nouvelle de sa mort, le 21 février 2021.
La branche 26 du tribunal révolutionnaire de Téhéran avait condamné Behnam Mahjoubi, à deux ans de prison. Mahjoubi avait déclaré dans un fichier audio depuis la prison en novembre 2020 : » Je suis convaincu que les agents de sécurité ont l’intention de me tuer.
7 juin 2021 : Sasan Nik Nafs
Prisonnier politique de la prison du Grand Téhéran à Fashafoyeh, Nik Nafs est mort après son transfert au centre médical de la prison du Grand Téhéran en raison de la détérioration de son état de santé et de la négligence des autorités.
2 septembre 2021 : Hadi Atazadeh
Le prisonnier est mort dans la ville d’Ahar après avoir reçu des coups de fouet. Les responsables du régime ont démenti ces informations.
20 septembre 2021, Shahin Naseri
Il a révélé que les agents du régime ont torturé le champion de lutte Navid Afkari et l’ont tué dans sa cellule. Ce sont ses amis emprisonnés qui ont, les premiers, révélé sa mort. Les responsables du régime ont ensuite été forcés de l’admettre.
23 septembre 2021, Amir Hossein Hatami
Ce prisonnier d’Ilam est mort dans la prison du Grand Téhéran. Les agents pénitentiaires l’ont battu et torturé. Ce prisonnier de 22 ans habitait Sirvan dans la province d’Ilam. Après sa mort, sa famille et ses amis ont organisé une grande manifestation.
1er janvier 2022, Adel Kianpour
Ce prisonnier politique est mort à la prison de Sheiban à Ahwaz après une semaine de grève de la faim sans recevoir de traitement médical. Il protestait contre le fait qu’il était privé du droit à un procès équitable.
Le 8 janvier 2022, Baktash Abtin, poète et cinéaste iranien, membre de l’Association des écrivains d’Iran, est décédé à la prison d’Evin, faute d’avoir été soigné et hospitalisé à temps.
10 janvier 2022, Omid Mousavi
Les forces du régime iranien l’ont arrêté pendant les manifestations de novembre 2019. Ensuite, elles l’ont ensuite torturé pendant une longue période. Il est resté pendant 15 mois dans la prison du Grand Téhéran. Omid est décédé d’une crise cardiaque à l’âge de 27 ans.
La vidéo qui a révélé les tortures perpétrées par le régime des mollahs
N’oublions pas non plus que ces derniers mois, une vidéo a été diffusée depuis la prison d’Evine, montrant les mauvais traitements et les coups infligés aux prisonniers.
À la suite de la diffusion de cette vidéo troublante, 28 prisonniers politiques de la prison du Grand Téhéran ont publié une déclaration commune affirmant que « ce qui est montré dans ces vidéos sous forme de torture, d’humiliation et de harcèlement nu et physique n’est qu’une partie de la réalité visible de la torture que subissent les prisonniers et leurs familles en Iran. Il existe bien d’autres formes de torture qui ne sont pas enregistrées par des caméras. »
Cette directive soulignait également que « les défendeurs de crimes politiques et de presse, les défendeurs de crimes financiers (légaux) et les personnes âgées de moins de dix-huit ans, ne sont pas tenus de porter un uniforme en prison. » Il fixait également la durée maximale de l’isolement cellulaire entre 10 et 15 jours.
Mais la réalité dans les prisons iraniennes est tout autre. Selon des informations publiées le 23 octobre 2021 par le Kurdistan Human Rights Network, les militants politiques kurdes détenus dans les prisons affiliées aux pasdarans sont régulièrement soumis à des tortures telles que l’attachement de poids à leurs testicules, la suspension au plafond pendant de longues heures, des exécutions artificielles et des menaces de viol contre leurs conjoints et d’autres membres de leur famille.
Cette directive ressemble au décret en 8 articles du fondateur du régime, Khomeini, en 1982, mis en oeuvre après l’exécution de milliers de prisonniers politiques et des meurtres brutaux dans les rues.
Dans ce décret, Khomeini a apparemment limité le comportement brutal de ses gardiens de la révolution (pasdarans). Mais le décret de 8 articles exemptait les prisonniers politiques et les Moudjahidin-e Khalq (MEK). Cela signifie que le régime a jugé tout à fait acceptable de prendre la vie et les biens du MEK.
Source : Iran Focus (site anglais)