CSDHI – Ebrahim Raisi, impliqué dans l’assassinat extrajudiciaire de prisonniers politiques à la fin des années 1980, en Iran, sera le prochain responsable de la justice de l’Iran, en remplacement de Sadeq Amoli Larijani.
Le porte-parole du pouvoir judiciaire iranien a confirmé que M. Raisi, considéré comme une personne en qui le Guide suprême du pays a confiance, est nommé à la tête du pouvoir judiciaire.
Gholamhossein Mohseni Ejei, a déclaré dimanche à la presse iranienne qu’il continuerait à travailler avec le pouvoir judiciaire sous l’autorité de Raisi.
Yahya Kamalipour, membre du comité judiciaire du Parlement iranien, a déclaré dimanche à la presse à Téhéran que Raisi serait officiellement présenté comme magistrat, le jeudi 7 mars.
Le chef du pouvoir judiciaire est nommé directement par le Guide suprême pour un mandat de cinq ans, renouvelable.
Raisi a lui-même été longtemps juge, et c’est à cette époque qu’il a été impliqué dans les décisions relatives aux meurtres en masse d’adversaires politiques dans des prisons en 1988.
Raisi était un membre des « Comités de la mort » de Khomeiny à Téhéran à cette époque, lesquels ont envoyé des dizaines de milliers de prisonniers politiques à la potence pour avoir refusé de renierleur appartenance politique.
Les Comités de la mort ont été formés sur la base d’une fatwa de Khomeiny appelant à l’élimination de tous les prisonniers politiques qui continuaient à soutenir l’opposition, l’opposition des Moudjahidine du peuple (OMPI ou MEK).
En tant que procureur adjoint de Téhéran à l’époque, Raisi a assisté à la plupart des séances du Comité de la mort dans la capitale et il a été identifié par de nombreux survivants comme un décideur clé au cours des ordres d’exécutions.
Il a également été nommé par l’ancien adjoint de Khomeiny, l’ayatollah Hossein-Ali Montazeri, qui a rompu avec le régime et publié le texte de la fatwa écrite de la main de Khomeiny dans ses mémoires.
Raisi est un proche confident du Guide suprême, Ali Khamenei et il a même été envisagé pour devenir son successeur. Actuellement, Raisi est le gardien d’Astan Quds Razavi, la fondation de bienfaisance la plus riche en charge du sanctuaire le plus sacré de l’Iran à Mashhad, dans le nord-ouest de l’Iran, et il entretient des liens très étroits avec le cabinet de Khamenei.
Raisi et Mostafa Pour Mohammadi, ancien ministre iranien de la Justice au sein du cabinet de Hassan Rouhani, étaient deux des quatre membres des Comités de la mort qui avaient été chargés par le Guide suprême Khomeiny d’exécuter sommairement des prisonniers politiques. Khomeiny a rédigé une fatwa, décret religieux autorisant la mission de la Commission.
Au cours de l’été 1988, la Commission a prononcé 30 000 condamnations à mort. Les procès bidons ne duraient guère plus de trois minutes en moyenne. Certains des prisonniers politiques qui ont miraculeusement survécu au massacre ont écrit ou parlé de leurs épreuves.
Les juges posaient une simple question : croyez-vous toujours aux Moudjahidine ? Et selon la réponse, on pouvait se retrouver devant un bourreau. Les récits horribles des survivants, en particulier des prisonnières, laissent souvent les auditeurs sous le choc.
La première chose qui a fait la lumière sur ce drame, c’est une cassette audio qui a été divulguée par le fils de l’ayatollah Hossein-Ali Montazeri en août 2016. Montazeri, le successeur désigné de Khomeini, a été congédié pour ses objections publiques aux exécutions massives de 1988. Il a passé le reste de sa vie en résidence surveillée et il est décédé en 2009.
Sur la bande audio, on peut entendre Montazeri affirmer lors d’une réunion du « Comité de la mort » en 1988 qu’ils sont responsables d’un crime contre l’humanité. Il a déclaré : « Vous avez commis le plus grand crime commis sous le règne de la République islamique, pour lequel l’histoire nous condamnera. Vos noms seront à l’avenir gravés dans les annales de l’histoire en tant que criminels ». Depuis, Mohammadi a admis son rôle dans les « Comités de la mort » et s’est vanté avoir ressenti de la fierté « à accomplir la volonté de Dieu » et a déclaré que ce qu’il avait fait ne lui avait pas fait perdre le sommeil.
Source : Les droits de l’homme en Iran