Un groupe iranien de défense des droits de l'homme a lancé une campagne pour empêcher la lapidation de huit femmes et un homme condamnés à mort pour adultère.
"Nous sommes très inquiets car il y a au moins huit femmes et un homme condamnés à être lapidés et dont la peine peut être appliquée à tout moment", a déclaré dimanche l'avocate Shadi Sadr, membre fondatrice du Réseau des avocats volontaires, lors d'une conférence de presse. "Il n'y a aucune garantie que les peines soient commuées ou empêchées."
Les groupe milite également pour modifier la loi sur la lapidation.
Il critique la procédure légale qui a abouti à ces verdicts, affirmant que les personnes condamnées, pour la plupart illettrées, n'ont pu bénéficier d'une bonne défense.
"Dans aucun des cas, il n'y a eu quatre confessions (prévues par la loi islamique, ndlr) en présence d'avocats et de témoins de l'acte. Ils ont été condamnés par des juges arbitrairement", a déclaré Mme Sadr.
Ces deux dernières années, son Réseau a réussi à sauver de la lapidation cinq femmes et un homme, reconnus coupables d'adultère.
Selon la loi islamique en vigueur en Iran, l'adultère peut être punie par la lapidation.
En vertu de la loi islamique, les hommes condamnés à la lapidation sont enterrés jusqu'aux hanches et les femmes jusqu'au cou et attaqués à coup de pierres jusqu'à la mort.
En juillet 2007, l'Iran s'est attiré la réprobation internationale après la lapidation de Jafar Kiani dans le nord-ouest du pays.
Selon le Réseau des avocats volontaires, Abbas H. et Mahbubeh A. ont également été lapidés en mai 2006 à Machhad (nord-est), mais l'information n'a jamais été confirmée officiellement.
"Une directive ne peut être au-dessus de la loi et tant que la loi n'est pas modifiée les juges peuvent prononcer de tels verdicts", a déclaré l'avocate Shadi Sadr.
Selon le groupe, les personnes condamnées à la lapidation sont :
— Kobra Najar, 43 ans, mère de quatre enfants, emprisonnée depuis 1996 à Tabriz (nord-ouest). Elle est accusée d'avoir participé au meurtre de son mari qui l'avait obligé à se prostituer pendant 12 ans.
— Iran E., 33 ans, mère d'un enfant, emprisonnée à Ahvaz (sud ouest) depuis 2003.
— Shamameh Ghorbani, 34 ans, mère de deux enfants, emprisonnée à Oroumiyeh depuis 2005.
— Zohreh et Azar Kabiri, âgées de 27 et 28 ans, arrêtées en février 2007 après que le mari de l'une d'elle eut présenté un film les montrant avec six hommes.
— Ashraf Kalhori, 37 ans, mère de quatre enfants, emprisonnée à la prison d'Evine à Téhéran depuis six ans pour avoir notamment aidé au meurtre de son mari.
— Kheyrieh V., 38 ans, mère de quatre enfants, emprisonnée à Ahvaz. Elle avait également aidé son amant à tuer son mari. Elle a reconnu sa relation illégitime mais nié avoir participé au meurtre de son mari.
— Leila Q., 34 ans, mère de trois enfants, emprisonnée depuis quatre ans à la prison d'Evine à Téhéran pour avoir aidé au meurtre de son mari.
— Abdullah Farivar, 50 ans, père de deux enfants, un professeur de musique accusé de relation adultérine avec une étudiante à Sari (nord).
Le parlement iranien doit discuter d'une loi pour modifier les peines de lapidation. Selon la nouvelle version, le procureur pourra commuer la lapidation en simple exécution en tenant compte de l'intérêt de la République islamique, selon les avocats.
(AFP)