CSDHI – « Je m’appelle Amineh Ghara’i. Mon père, Mehdi Ghara’i, a été exécuté dans le massacre de 1988 des prisonniers politiques en Iran parce qu’il soutenait les Moudjahidines du peuple d’Iran (l’OMPI, l’opposition démocratique aux mollahs).
« Ce poster qui représente les tombes anonymes et les fosses communes des victimes du massacre me bouleverse. Cela me rappelle les tombes des martyrs au cimetière de Behecht-Reza à Machad (nord-est de l’Iran). »
Le régime iranien n’a jamais restitué les corps des exécutés aux familles, ni donné l’emplacement des fosses communes et des charniers. Certaines familles ont été averties que des camions bennes déversaient des corps dans les cimetières ou les terrains vagues. D’autres n’ont jamais su.
Amineh poursuit : « Quand j’étais petite, j’allais dans ce cimetière pour parler avec les martyrs, j’y retrouvais la paix. Quand je me sentais trop seule, j’allais m’y réfugier. Il y avait quelque chose de spécial dans l’air, là-bas.
« Cette fleur qui a été plantée ici, me rappelle ma grand-mère et les fleurs qu’elle mettait sur les tombes. Avec d’autres mères, elles s’asseyaient par terre et les fleurissaient.
« Et la semaine suivante quand elles revenaient, elles voyaient que les hommes de main du régime avaient brulé les fleurs, arraché les arbres. Alors les mères, pour l’amour de leurs enfants exécutés, se mettaient à replanter des fleurs. Et là où le bulldozer était passé pour niveler le terrain, elles reformaient des petit tas de terre pour leur donner l’aspect de tombes.
« Le monde ne sait pas ce qui s’est passé dans ces prisons. Pendant vingt ans ma grand-mère a attendu de revoir mon père. A chaque sonnerie à la porte ou au téléphone, elle espérait le retour de son fils, le retour de papa ; elle disait qu’on ne lui avait pas rendu son corps et qu’il était peut-être encore en prison.
« Et il y a des milliers et des milliers de gens comme ma grand-mère ».
« Moi je suis venue demander avec le mouvement pour la justice que les instances internationales dans le monde traduisent les auteurs et les cerveaux de ce massacre en justice et qu’elles mettent fin aux violations des droits humains perpétrées aujourd’hui en Iran. Qu’elles condamnent ce régime ».