CSDHI – Les défenseurs des droits humains kurdes affirment que les forces de sécurité iraniennes ont ouvert le feu sur un groupe de porteurs kurdes iraniens – qui transportent des marchandises depuis l’Irak voisin – et ont tué un d’entre eux et blessé deux autres.
Selon des informations du Centre de la démocratie et des droits humains au Kurdistan, Nameq Gholami a été tué dimanche 13 janvier, près de la ville de Baneh, dans l’ouest du pays, dans la province du Kurdistan iranien, voisine de l’Irak.
Jabbar Ahmadi et Karzan Aminzade ont été grièvement blessés.
Dans un autre cas encore, les forces militaires frontalières iraniennes ont abattu Sirvan Hassanzadeh, 25 ans, au point zéro de la frontière de Sardasht, dans l’ouest de l’Iran, où il travaillait comme porteur en transportant des marchandises en provenance de l’Irak voisin.
Par ailleurs, Shahriar Khezri, 20 ans, aurait également reçu une balle dans la tête et aurait été grièvement blessé le 12 janvier.
Les informations n’ont pas apporté d’autres détails sur la fusillade et n’ont pas indiqué quelle division des forces de sécurité était responsable.
Un rapport annuel rédigé par des groupes de défense des droits humains, notamment HRANA, a déclaré qu’au moins 300 citoyens iraniens avaient été tués ou blessés directement ou indirectement par les forces de sécurité officielles iraniennes en 2018.
Selon le rapport qui a été compilé du 1er janvier 2018 au 20 décembre 2018, au moins 142 informations ont été publiées à propos de ces incidents, ce qui indique que les forces de sécurité iraniennes ont largement recours à la force meurtrière sans application régulière de la loi, ce qui équivaut à des meurtres arbitraires.
Les forces étatiques iraniennes effectuent ces tirs sans aucune conséquence judiciaire et en toute impunité.
Le rapport n’inclut pas les citoyens tués lors de manifestations, tués en prison ou ceux qui faisaient l’objet de poursuites.
En 2018, environ 48 koulbars ont été tués par les tirs directs ou indirects des forces de la sécurité, tandis que 104 porteurs ont été blessés.
Selon les informations rassemblées, au moins sept koulbars ont été tués en raison d’hypothermie et d’avalanches, cinq sont décédés des suites d’une chute, tandis qu’une personne est décédée des suites d’une crise cardiaque en raison de mauvaises conditions de travail. Selon les informations, au moins 100 chevaux et mules ont également été tués par les forces frontalières iraniennes.
Des membres des pasdarans ont affirmé avoir confondu les porteurs avec des militants kurdes iraniens actifs dans la région. Mais les koulbars ont déclaré que personne n’avait été reconnu responsable de ces tirs, les pasdarans impliqués dans les incidents ayant été réaffectés ailleurs plutôt que punis.
Qui sont les porteurs
Les porteurs kurdes iraniens, connus localement sous le nom de koulbars, ont transporté des marchandises sur des sentiers montagneux de l’Irak vers l’Iran pendant des années. Cette pratique est l’une des seules sources de revenus dans les régions du nord-ouest du Kurdistan à majorité iranienne, qui comptent parmi les plus pauvres du pays.
Travailler comme garde-frontière est devenu une occupation importante pour de nombreuses personnes dans les villes de l’ouest iranien, à la frontière de l’Iraq et de la Turquie. Bien que cela puisse difficilement être appelé une occupation et qu’il s’agisse plus d’une obligation.
Dans la province du Kurdistan, où le taux de chômage a grimpé jusqu’à 40 % chez les jeunes, beaucoup de ces derniers se sont tournés vers cette profession.
Dans des commentaires rapportés par l’agence de presse ILNA, le responsable de l’Association des ouvriers du bâtiment de Marivan et de Sarvabad, a dit que le nombre de porteurs augmentait en hiver, car il s’agissait de la « période de chômage » pour les ouvriers de la construction.
« Quelques mois de chômage pour un travailleur de la construction dont la famille ne bénéficie pas de services tels que l’assurance-chômage, ne laisse aucune autre option que de travailler comme porteurs dans les conditions difficiles et rigoureuses des montagnes », a déclaré Mikael Sedighi.
« Les gens sont obligés de travailler comme porteurs. Les habitants des régions frontalières manquent d’une économie et d’usines productives. Il n’y a pas d’installations. Par conséquent, ils sont donc obligés de travailler comme porteurs », a déclaré le syndicaliste.
« Je connais des femmes dans les villages frontaliers qui ont eu recours au travail de porteur. Les femmes sont moins payées car elles ne peuvent pas porter autant que les hommes. Les porteurs sont payés en fonction du poids qu’ils transportent », a déclaré Sedighi, ajoutant qu’il connaissait des femmes qui travaillaient comme porteurs pour 10 000 tomans (environ 1.75 euros).
Source : Les Droits de l’homme en Iran – 15 janvier 2019