AFP, le 6 mars 2018 – Genève, Suisse — Les détenus en Iran semblent être systématiquement soumis à la torture et aux abus, notamment aux violences sexuelles, a fait savoir un rapport de l’ONU qui a été publié lundi condamnant de la même manière le refus d’accorder un traitement médical aux prisonniers.
« Des rapports constants qui ont été reçus suggèrent un modèle de pressions physiques et mentales appliquées aux prisonniers pour forcer les aveux, dont certains sont diffusées », a fait savoir ce document des Nations unies.
Le rapport, qui a été esquissé par Asma Jahangir – la plus importante experte sur la situation des droits de l’Homme en Iran qui est décédée d’une crise cardiaque le mois dernier à l’âge de 66 ans – devrait être discuté la semaine prochaine devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.
Dans le document, cette éminente avocate pakistanaise des droits de l’Homme a exprimé sa profonde préoccupation face aux récentes répressions inflexibles des manifestations en Iran, qui ont fait plus de 20 morts. Au moins mille personnes ont également été arrêtées en quelques jours à la fin de l’année dernière.
Elle indique dans son rapport avoir été « consternée d’apprendre des informations citant des membres du système judiciaire, qui ont déclaré que les manifestants subiraient les plus dures sanctions », et elle a exprimé son inquiétude sur le « sort et les conditions de détention des personnes qui ont été arrêtées ».
Jahangir a également tiré la sonnette d’alarme sur les conditions générales d’incarcération en Iran.
Même si elle n’avait jamais obtenu l’autorisation de se rendre dans la République islamique, elle avait indiqué ces derniers mois qu’elle avait rencontré au moins six personnes qui avaient quitté le pays et « qui portaient encore des traces de torture » datant de leur détention.
Dans son rapport, Jahangir a également souligné les conclusions récentes tirées par l’organisation Freedom from Torture d’actes de torture subis pendant les interrogatoires des détenus, soit pour glaner des informations sur eux-mêmes ou leur famille ou pour extorquer des aveux.
Chocs électriques, amputations
Parmi les méthodes de torture utilisées, le viol et autres violences sexuelles, les chocs électriques et les amputations, a-t-elle écrit, recommandant vivement à Téhéran de mettre un terme à de telles pratiques et à sanctionner leurs auteurs.
Elle a suggéré que le gouvernement « prenne en considération l’usage des technologies modernes pour contrôler les centres de détention et dissuader… les actes de torture ».
Jahangir a également fait part de sa « grave préoccupation sur la pratique consistant à refuser des traitements médicaux à certaines catégories de détenus, en particulier aux prisonniers de conscience, aux prisonniers politiques et aux défenseurs des droits de l’Homme ».
Soulignant un certain nombre de cas de « menace imminente à la santé », elle a appelé Téhéran à « enquêter et remédier à de telles allégations ».
Elle a également expliqué rester troublée par le nombre important d’exécutions continues en Iran, avec 482 mises à mort signalées dans le pays l’année dernière, dont cinq jeunes délinquants.
Ce nombre a baissé, passant de 969 en 2015 à 530 en 2016, mais l’experte a fait savoir être encore « alarmée », soulignant le « modèle constamment rapporté de graves violations au droit à un procès équitable et du refus de ce processus » dans le pays.
Jahangir a également vivement recommandé à Téhéran de mettre un terme aux sanctions physiques, soulignant 50 condamnations au fouet et cinq condamnations à des amputations qui auraient été exécutées dans le pays l’année dernière.