CSDHI – Le syndicaliste Esmail Bakhshi et la journaliste indépendante Sepideh Qoliyan se voient refuser un traitement médical dans le centre de détention du ministère du renseignement dans la ville iranienne de Shush, dans la province du Khouzistan, selon le canal Telegram du syndicat des travailleurs de la sucrerie Haft Tappeh.
« Mon client est soumis à une pression si intense qu’il a perdu conscience devant sa famille au cours d’une visite, le 24 février 2019. Un instant, ils ont pensé qu’il était décédé, mais heureusement, il a repris conscience », a déclaré l’avocat Farzaneh Zilabi au syndicat.
Le syndicat a indiqué que Qoliyan, actuellement en isolement cellulaire, se voit également refuser un traitement essentiel :
« Son état s’est tellement aggravé qu’elle a besoin d’être emmenée rapidement dans un centre médical. Mais le procureur et les responsables du ministère du renseignement à Shush la maintiennent en isolement afin de faire pression davantage sur elle et sa famille. Ils la mettent sous le maximum de pression physique et mentale alors qu’elle est malade et faible ».
Les prisonniers politiques en Iran font l’objet d’un traitement sévère qui inclut souvent le refus de leur accorder des soins médicaux.
Zilabi a également critiqué le système judiciaire pour avoir permis aux deux détenus d’être placés en détention par le ministère du Renseignement, alors qu’ils avaient accusé ses agents d’avoir torturé Bakhshi.
« Quel genre d’indépendance judiciaire est-ce lorsque la personne qui a porté plainte contre des agents du ministère du renseignement est détenue par les personnes dont elle se plaint ?», a déclaré Ziladi.
Bakhshi, un travailleur et représentant du syndicat de Haft Tappeh, et Qoliyan, également un défenseuse pacifique des droits des travailleurs en Iran, ont été arrêtés le 18 novembre 2018 et détenus pendant environ un mois dans un centre de détention contrôlé par le ministère du renseignement à Ahwaz.
Les syndicats indépendants ne sont pas autorisés à exercer leurs activités en Iran, les grévistes perdent souvent leur emploi et risquent d’être arrêtés, et les dirigeants syndicaux qui tentent de syndiquer et de négocier collectivement sont poursuivis pour des raisons de sécurité nationale et condamnés à de longues peines de prison.
Après avoir été libérés sous caution, ils ont tous deux déclaré que Bakhshi avait été torturé et ils ont publié sur internet des déclarations qui ont ensuite été confirmées par des témoins oculaires.
Qoliyan a collaboré avec les déclarations de Bakhshi via Instagram en envoyant un tweet le 9 janvier : « Lors de l’arrestation d’Esmail Bakhshi, j’ai été témoin de brutalités et de passage à tabac et lorsqu’il a été interrogé, il a été humilié. À plusieurs reprises, je l’ai vu contraint de se faire insulter. Je suis prête à témoigner à propos de moi-même et d’Esmail Bakhshi dans tout procès équitable ».
Le 20 janvier, deux semaines après la publication de leurs déclarations sur les médias sociaux, Bakhshi et Qoliyan ont été à nouveau arrêtés par des agents du ministère du renseignement.
Les agents du renseignement ont exercé des pressions sur leurs familles pour qu’elles s’abstiennent de parler publiquement de leurs affaires ou d’engager des poursuites.
Le 22 janvier, le Centre pour les droits de l’homme en Iran (CDHI) a appelé les autorités iraniennes à libérer Bakhshi et Qoliyan, à assurer leur protection et à rouvrir une enquête indépendante et impartiale sur les allégations de torture.
Le CDHI a également appelé toutes les instances des droits humains des Nations unies concernées ainsi que les pays de l’Union Européenne avec lesquels l’Iran entretient des relations à prendre des mesures coordonnées pour demander la libération immédiate des militants et demander une enquête exhaustive et impartiale sur les allégations de torture.
Le 11 février, le syndicat des travailleurs de Haft Tappeh a appelé les particuliers et les organisations internationales à exiger la libération de Bakhshi et de Qoliyan.
« Nous sommes conscients qu’au cours de ces derniers jours et au moment de leur arrestation, ils ont été invités à mentir et à avouer contre leur volonté devant une caméra que la torture n’avait jamais été pratiquée et que toute l’histoire leur avait été dictée par de prétendus adversaires et médias anti-révolutionnaires », a déclaré le syndicat dans un message sur Telegram.
« Nous sommes conscients qu’ils subissent une pression intense pour exprimer leurs regrets et écrire des déclarations qui vont à leur encontre », a-t-il ajouté.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran