CSDHI : Plus de vingt prisonniers politiques sont mort dans la sinistre prison de Kahrizak, au sud de la capitale. Le régime vient de fermer cette prison sous la pression de responsables du régime dont les enfants y ont péri après avoir été arrêtés dans les manifestations anti-gouvernementales. De jeunes gens ont péri pour avoir refusé l’élection frauduleuse d’Ahmadinejad. Une prison où l’horreur a atteint son paroxysme.
Alors que les gouvernements occidentaux continuent leurs hésitations à prendre des mesures concrètes contre le régime iranien qui a perdu toute légitimité, les jeunes iraniens résistent au prix des supplices au quotidien.
Mohammad Kamrani, 18 ans, avait été arrêté le 9 juillet, près de la place Vali Asr de Téhéran et immédiatement emmené à la prison de Kahrizak. Il est mort en raison de graves tortures. Mohsen Rouhol-Amine, un jeune étudiant arrêté les 9 juillets, a été suspendu par les pieds et battu à mort. Selon les estimations les plus prudentes, plus de 300 personnes ont été tuées durant les manifestations ou sous la torture après leurs arrestation depuis l'annonce du résultat des élections contesté d'Ahmadinejad.
Ali, un jeune artiste a raconté à Iran Focus le cauchemar qu’il a subit depuis son arrestation : « Kahrizak est un camp de la mort. Un entrepôt de fruits et de légume transformé en prison de fortune, les cellules sont des containers métalliques avec pour aération un petite orifice qu’il faut se partager l’accès pour pouvoir prendre la respiration. »
Kahrizak avait déjà fait parler d’elle. Il y a un an, lorsqu’en août 2008 le Conseil National de la Résistance iranienne (CNRI) révélait les circonstances terribles dans lesquels 18 prisonnières étaient mortes à Kahrizak. Faute de section féminine, les 18 femmes avaient été enfermées dans la chaleur brûlante du mois d’août dans des conteneurs métalliques. Elles sont toutes mortes de chaleur et d’étouffement. Maryam Radjavi, la dirigeante de l’opposition organisée avait appelé à l’époque le Haut commissaire aux droits de l’homme de l’Onu à intervenir pour envoyer une commission d’enquête à Kahrizak. Rien n’a été fait.
Après le déclenchement du soulèvement populaire au lendemain de l’élection frauduleuse d’Ahmadinejad, Kahrizak a servie de camp de détention et frappe par la cruauté de ses geôliers. Les manifestants sont détenus par groupes de 40 à 60 personnes dans des cellules 30 mètres cubes. Les quelques rescapés ont fait état des supplices endurés par les prisonniers. Constamment roués de coups avec des bars de fer et des fouets métalliques sur les parties sensibles du corps, ils sont brûlés avec de l’eau bouillante qu’on déverse sur eux.
De nombreux témoins ont déclaré être prêts à témoigner devant une commission internationale sur les atrocités commis à Kahrizak. Ahmad-Reza Radan, commandant des Forces de Sécurité de l’Etat (FSE) a été directement impliqué dans les exactions et la torture des prisonniers à Kahrizak, dont il avait le contrôle selon plusieurs témoignages.
Un jeune manifestant a rapporté son témoignage à magazine Paris Match sur Kahrizak : « On s'est retrouvés debout, serrés comme des sardines, dans des sortes de conteneurs par plus de 40 degrés, pendant deux jours, sans toilettes, sans eau ni nourriture, avec des rats. Quand nos gardiens bassidji nous ont fait couler de l'eau à travers la porte, nous avons été obligés de laper le liquide comme des chiens. C'était dégueulasse : des saletés et surtout du sang. Car nous étions sanguinolents, battus avec des gourdins, le visage démoli. On a tous les dents cassées. Moi je n'entends plus d'une oreille. Mais je suis mieux loti que des camarades qui sont morts. »
C'est un intellectuel d'environ 25 ans, avec qui nous avons pu entrer en relation, qui raconte ses conditions de détention à la prison de Kahrizak, près de Téhéran. Le jeune homme poursuit : « Nous avons vu des membres de notre " conteneur" pendus par les pieds pendant quarante-huit heures ; l'un d'entre eux, rendu à sa famille défiguré avec des yeux gonflés comme des balles de tennis violacées, est mort dans les bras de ses parents. Il y avait des viols tous les jours : trois des plus jeunes y sont passés, on entendait leurs hurlements. »
Reza Yavari, un autre prisonnier libéré : « Dans notre cellule, des gens tombaient dans le coma. Quand l'un d'entre eux est mort, on a protesté, nos geôliers, des voyous en civil (on les appelle " lebas shakhsi" ), sont revenus, ont cassé les ampoules électriques, brandi le cadavre, braqué des torches sur nos visages : " On va vous enculer, vous tuer, c'est les ordres !" Ils ont attrapé un jeune de 16-17 ans, l'ont cogné comme des fous, certains ont protesté, ils leur ont infligé le même traitement. Le lendemain matin, quatre d'entre nous avaient succombé. »