LCI, 12 septembre – Direction l'Iran. La prison d'Evine de Téhéran est aussi célèbre et aussi sinistre qu'Alcatraz.
Evine c'est un haut lieu de la révolution. Mais c'est rare qu'on puisse visiter le bâtiment. Des journalistes ont pourtant eu la surprise d'y être invités et dans la cour, ça tombe bien, ils ont rencontré un de ces immigrés qui a eu la mauvaise idée de rentrer au pays. Un de ces suspects que les tribunaux islamiques accusent en ce moment d'espionnage. Il s'appelle Kian Tajbakhsh. Il est Américain, il est sociologue. Il est enfermé depuis 4 mois et il espère bien que son calvaire se termine, qu'il soit bientôt relâché.
C'est un genre de prison modèle qu'on fait visiter les autorités iraniennes à la presse internationale. La prison d'Evine au nord de Téhéran est pourtant plus connue depuis plus de 50 ans pour ses salles de torture que pour le marbre de ses salles d'attente ou des parloirs. Créée par la Savak, les renseignements spéciaux du chah, des milliers d'opposants y ont trouvé la mort aussi bien avant qu'après la révolution islamique.
Aujourd'hui les mollahs sortent de sa cellule un chercheur américain iranien, membre de la fondation Soros accusé d'espionnage, pour faire la promotion de la tristement célèbre prison :
Kian Tajbaksh : « Ma chambre est très bien. J'ai accès à la télévision et je peux voir ma femme toutes les semaines. Il me manque juste une piscine. J'ai été à l'isolement pendant plus de 120 jours, depuis le début en fait. Je coopère avec les enquêteurs et j'espère que mon cas sera vite résolu. »
La récitation est bien apprise. Kian Tajbakhch sait qu'il risque gros. Exhibé à la télévision iranienne en juillet dernier, il a avoué être venu en Iran à la demande de la fondation Soros pour organiser l'opposition à la manière de la révolution rose géorgienne. Aujourd'hui après cette rédemption, le ministère de la justice iranien envisage de le sortir de prison.
Alireza Jamchidi, porte-parole du ministère de la justice iranien : « Je ne peux pas vous dire exactement dans combien de temps il sera libéré, mais j'espère que ce sera rapide. »
Les caméras de télévision n'ont eu accès qu'à une partie de la prison d'Evine. Dans l'aile où sont détenus les opposants au régime, les témoignages sont concordants : il n'y a pas de marbre et l'on peut entendre jour et nuit des hurlements de douleurs.
Pour avoir photographié la prison en 2003, la photographe irano-canadienne Zahra Kazemi a été assassinée lors de son interrogatoire.