CSDHI – Les nouvelles selon lesquelles la prisonnière politique iranien d’origine kurde, Zeinab Jalalian aurait pu contracter la COVID-19 dans la prison de Qarchak dans la province de Téhéran ont profondément inquiété sa famille, a appris le Centre pour les droits de l’homme en Iran (CDHI).
« Zeinab a téléphoné à sa mère la semaine dernière … et a dit qu’elle ne se sentait pas bien », a déclaré son père Ali Jalalian au CDH, le 9 juin 2020. « Elle a dit qu’elle avait les symptômes du coronavirus. »
« Après cela, elle n’a plus appelé » a-t-il ajouté. « Nous sommes inquiets et ne savons pas quoi faire. Ils ont emmené Zeinab de la prison centrale de la ville de Khoy, dans la province de l’Azerbaïdjan oriental, à Qarchak et nous n’avons pas les moyens de nous y rendre pour la voir. »
Depuis 13 ans, Zeinab Jalalian, 39 ans, purge une peine d’emprisonnement à perpétuité pour son appartenance présumée au Parti kurde PEJAK dans le nord-ouest de l’Iran.
Elle a été transférée le mois dernier sans préavis à la prison de Qarchak, à 60 kilomètres au sud de Téhéran, dans la ville de Varamine, en violation de l’article 234 du règlement de l’organisation pénitentiaire nationale, qui donne aux condamnés le droit d’être détenus dans une prison près de leur lieu de résidence – dans son cas, dans la province de l’Azerbaïdjan oriental, selon son père.
En août 2019, 200 détenues du quartier 5 de la prison de Garchak ont envoyé une lettre ouverte au chef de l’organisation pénitentiaire de la province de Téhéran pour protester contre les conditions de vie inhumaines dans la prison.
En juin 2020, le CDH a reçu des informations selon lesquelles d’autres prisonniers politiques à Qarchak avaient été infectées par la COVID-19 et avaient été transférées dans un endroit de la prison mal équipé pour recevoir des soins médicaux.
« Ces derniers jours, huit prisonnières qui ont contracté le coronavirus à la prison de Qarchak ont été déplacées et abandonnées dans un espace inadéquat sans médicaments ni traitement dans la prison, qui est insalubre et manque de ventilation », a tweeté le 8 juin la journaliste Jila Baniyaghoub, ancienne détenue.
« Certaines prisonnières ont déclaré avoir contracté le virus d’une détenue qui était revenue de sa permission », a-t-elle ajouté. « La prisonnière malade n’a pas été mise en quarantaine. Elle a été conduite dans sa cellule malgré les symptômes de la maladie. Lorsque son test est revenu positif, huit compagnes de cellule ont demandé à être testées et les résultats étaient tous positifs. »
« D’autres détenues refusent d’être testées, même si elles présentent des signes de la maladie, car elles ont peur de subir le même sort que les positives et d’être abandonnées dans un endroit inadapté », a déclaré Baniyaghoub.
« Aujourd’hui, les prisonnières en quarantaine n’ont été nourries qu’à cinq heures de l’après-midi parce que les gardiens ont peur d’y aller », a-t-elle ajouté.
En mars, alors que l’Iran luttait pour faire face à l’augmentation rapide des infections à COVID-19, le chef du pouvoir judiciaire, Ebrahim Raïssi, avait déclaré que 85 000 prisonniers avaient été temporairement libérés pour réduire les transmissions dans les prisons. Mais les prisonniers politiques et les doubles nationaux ont été pour la plupart exclus malgré les appels des prisonniers et de leurs proches.
En avril 2020, Fatemeh Khishvand (alias Sahar Tabar), une célébrité d’Instagram âgée de 18 ans, a été hospitalisée après avoir contracté le COVID-19 à la prison d’Evine de Téhéran.
« Nous trouvons inacceptable que cette jeune femme ait maintenant attrapé le coronavirus dans ces circonstances alors que son ordre de détention a été prolongé pendant tout ce temps en prison », a déclaré à l’époque son avocat, Payam Derafshan.
Ce mois-là, les experts des droits de l’homme de l’ONU avaient demandé à la justice iranienne d’étendre la libération temporaire de milliers de détenus pour y inclure les prisonniers d’opinion et les doubles nationaux et étrangers qui sont toujours derrière les barreaux malgré le risque sérieux d’être infectés par la COVID-19.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran