RFI, le 13 mars 2018 – Jeremy Dear (à gauche), secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), et Tarik Kafala, de la BBC. C’est une première. La BBC lance un appel aux Nations unies pour protéger les droits de ses journalistes iraniens et les familles de ces derniers.
Le groupe audiovisuel public britannique, qui a un service en persan basé à Londres depuis 2009, a affirmé lundi 12 mars 2018 à Genève que ses membres faisaient l’objet de menaces de mort à cause de leurs reportages. Entre autres pressions.
Les journalistes du groupe audiovisuel public britannique ont décidé de témoigner devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU cette semaine à Genève. Lundi, l’ambassadeur britannique auprès des Nations unies à Genève, Julian Braithwaite, a lui-même condamné le traitement infligé à la BBC par l’Iran.
Selon la BBC, le problème remonte au lancement de son service en langue persane en 2009, année d’élection présidentielle particulièrement tendue en Iran, puisque Téhéran accuse des puissances étrangères d’ingérence autour de ce processus électoral – qui avait débouché sur le « mouvement vert ».
« La BBC a pris l’initiative sans précédent de faire appel aux Nations unies parce que nos tentatives de persuader les autorités iraniennes de cesser leur harcèlement ont été totalement ignorées », précise le directeur général du groupe audiovisuel public britannique, Tony Hall, dans un communiqué.
La République islamique accuse la BBC de conspirer contre sa sécurité
« Plus de 20 d’entre nous, du personnel de BBC Persia et nos familles, ont reçu des menaces de mort », relate Kasra Naji, correspondant spécial du service persan de la BBC- TV. S’exprimant devant les médias depuis Genève, ce dernier ajoute que plusieurs personnes ont besoin d’une protection policière.
« C’est la première fois que la BBC fait une séance à l’ONU comme ça. On a voulu que nos journalistes puissent prendre la parole eux-mêmes pour décrire ce dont ils souffrent, pour convaincre les autres que ce harcèlement ne doit plus continuer », précise sur RFI Jamie Angus, directeur du service international.
Pour ce cadre de la BBC, « les journalistes ne peuvent pas voyager en Iran. Les autorités ont dit que nos journalistes avaient fait une conspiration contre la sécurité nationale, ce que nous rejetons complètement. Ce sont des journalistes indépendants, il n’est pas question de faire des choses comme cela. »
La BBC relate que Téhéran a tenté de recruter l’une de ses journalistes
« Leurs familles aussi en Iran ont été menacées », insiste Jamie Angus. « C’est vraiment inacceptable qu’on puisse faire cela sur des journalistes indépendants. Ils ont le droit, eux à Londres et leur famille en Iran, de rester au pays sans être menacés par les autorités comme cela. »
La BBC évoque le cas de la sœur d’une journaliste londonienne arrêtée en Iran en 2013 et détenue à l’isolement pendant 17 jours. Les autorités iraniennes avaient demandé à la journaliste de quitter la BBC ou d’espionner ses collègues en échange d’une libération, mais elle avait refusé, selon M. Naji.
Présent lundi lors des débats au Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, le secrétaire du Haut Conseil iranien pour les droits de l’homme, Mohammad Javad Larijani, n’a pas répondu aux accusations du groupe audiovisuel public du Royaume-Uni.