CSDHI – Sept millions : C’est le nombre d’enfants impliqués dans les pires formes de travail des enfants en Iran, y compris la prostitution, la manipulation de matières dangereuses et le travail pénible. A l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, « Iran Human Rights Monitor » fait le point sur la situation des enfants travailleurs en Iran.
Malgré les efforts internationaux pour éradiquer le travail des enfants et alors que les taux de travail des enfants dans le monde ont diminué d’un tiers depuis 2000, le phénomène des enfants travailleurs demeure très répandu en Iran.
Des millions d’enfants sont vendus ou envoyés au travail par leurs familles démunies. La pauvreté imposée par le régime pousse les parents à prendre ces mesures pour survivre. Pour rembourser leurs dettes ou gagner de maigres sommes d’argent, certaines familles pauvres louent leurs enfants dès l’âge de cinq ans et parfois moins, ce qui les exposent à des années d’expériences de violence et d’abus.
Selon le vice-président de l’Association pour la protection des droits de l’enfant, Tahereh Pazhuhesh, « Malgré la réduction mondiale des statistiques sur le travail des enfants, nous voyons le travail des enfants augmenter en Iran ».
Ces enfants travaillent comme soutiens de famille, perdant leur seule chance de vivre leur enfance, en travaillant dur le long des routes et des rues, au milieu de la fumée et du vacarme ou dans les ateliers clandestins.
La société iranienne est bien trop familière avec les image d’enfants travailleurs. On voit souvent des enfants travailler comme vendeurs, nettoyer des pare-brises de voiture ou peiner dans des fermes et des usines. La plupart d’entre eux ont abandonné l’école.
En vertu des lois du régime, les enfants de moins de 15 ans ne sont pas autorisés à travailler et aucun enfant ne peut être employé dans un travail dangereux qui présente un risque pour sa santé ou sa vie. La loi fixe également des conditions spéciales pour le travail des enfants âgés de 15 à 18 ans, mais ils sont ignorés par les institutions gouvernementales.
Le 12 juin est la Journée mondiale contre le travail des enfants, instituée pour sensibiliser la population à l’égard de ce problème et prévenir la propagation de ce pitoyable phénomène. « Iran Human Rights Monitor » tente de faire la lumière sur une infime partie de la triste réalité des enfants travailleurs iraniens.
La triste condition des enfants travailleurs en Iran
La raison principale du taux de travail des enfants est l’extrême pauvreté, résultant des 40 années de politiques économiques destructrices du régime. Selon les dernières statistiques fournies par des experts en économie urbaine, quelques sept millions d’enfants sont contraints de rejoindre la population active à un âge précoce. (L’agence de presse ISNA d’Etat – 27 septembre 2017)
Les statistiques officielles montrent qu’au moins 30 % de ces enfants ne vont pas à l’école, 31 % ont entre 6 et 11 ans et 9 % ont moins de 6 ans. Et fait incroyable, 60 % de ces enfants sont la seule source de revenu de leur famille.
Bien que l’Iran ait officiellement interdit cette pratique, les institutions de l’État utilisent des enfants mineurs comme main-d’œuvre.
Les entrepreneurs de la municipalité recrutent des enfants de 5 à 15 ans comme main-d’œuvre bon marché pour le nettoyage de la ville ou la gestion des déchets.
Certains entrepreneurs embauchent des enfants principalement parce qu’ils peuvent les payer 70 % moins cher que des adultes ; De plus, en raison de leur très jeune âge, ils ignorent leurs droits en tant qu’êtres humains, et encore moins en tant que travailleurs. Cela profite à de nombreux entrepreneurs et investisseurs pour continuer à exploiter les enfants pour toutes sortes de travaux forcés.
Elham Eftekhari, membre du conseil municipal de Téhéran, cité par l’agence de presse officielle ILNA, le 29 mai 2018, a déclaré : « Pour des raisons évidentes, les municipalités facilitent l’exploitation des enfants dans des emplois difficiles, en particulier la collecte des déchets ».
Elle a décrit comment les entrepreneurs municipaux utilisent les enfants comme main-d’œuvre bon marché dans les décharges pour la récupération et le recyclage, et a déclaré : « Ces enfants, non seulement, travaillent, mais vivent et dorment dans des usines de déchets remplies de vermine et d’odeurs ; et nous sommes bien conscients des dangers auxquels ces enfants sont exposés en plus de l’aspect hygiénique ; tels que les risques de souffrances mentales, physiques et sexuelles… »
En le voyant jouer avec ses amis, Aziz ressemble beaucoup à n’importe quel autre enfant. Mais le jeune garçon de 12 ans a mené une existence très différente. L’épreuve d’Aziz a commencé il y a plusieurs années quand il a été forcé de ramasser des ordures pendant 19 heures exténuantes, chaque jour. Il a dit qu’il devait travailler de 6 heures du matin midi, tous les jours, avec à peine quelques pauses, ne sachant pas quand il finira.
« Nous nous levons à 10 heures et nous commençons à ramasser les ordures à 11 heures du matin. Nous revenons au garage minuit. Ensuite, nous devons trier différents types de déchets. On ne peut dormir que de 6h à 10h. On déjeune à 10h et on recommence », a-t-il dit.
Tahereh Pazhuhesh a dit : « Actuellement, « l’esclavage du travail des enfants » est l’un des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Certains de ces enfants doivent même obtenir la permission de leur maître ou de leur employeur pour simplement prendre une douche. Ils travaillent jusqu’à midi et n’ont même pas 2 heures de temps libre par jour ». (L’agence de presse ISNA – 11 juin 2016)
Dans une interview accordée à ILNA, un enseignant de Yazd a commenté cette question : « À la fin de chaque année, je suis témoin de l’embauche de jeunes élèves par des entrepreneurs. Ils cherchent seulement à augmenter leurs propres profits en profitant de ces enfants. La majorité des enfants et des jeunes élèves de notre ville sont issus de familles très pauvres dont les salaires sont inférieurs au seuil de pauvreté. Ils sont donc forcés de travailler dans ce genre d’emplois, passant leur précieuse enfance dans les rues et les autoroutes polluées » (Agence de presse ILNA, 7 avril 2018)
Pendant ce temps, l’Iran a signé la Convention relative aux droits de l’enfant, le 5 septembre 1991, et l’a ratifiée le 13 juillet 1994. L’article 32 de la Convention des droits de l’enfant, qui est entièrement violé par le régime, réaffirme le droit de l’enfant d’être protégé contre l’exploitation économique et tout travail mettant en danger sa santé, son éducation ou son développement physique, mental et spirituel.
Pour en savoir davantage : http://iran-hrm.com/index.php/2018/06/11/children-without-childhood-iran-child-laborers/
Source : Les droits de l’homme en Iran