CSDHI – L’avocat des droits humains, Mostafa Tork Hamedani, a été condamné à six mois de prison en Iran pour diffamation d’un ancien procureur, a annoncé son avocat, Peyman Haj Mahmoud Attar, le 15 janvier 2019.
Hamedani fait partie d’un groupe d’avocats de la défense qui sont actuellement pris pour cible par les services de sécurité du pays pour avoir pris en charge des affaires politiquement sensibles, notamment celles impliquant des militants pacifiques et des dissidents.
L’avocat de Hamedani a déclaré à l’agence de presse iranienne ISNA que son client avait été condamné à 10 mois de prison et 40 coups de fouet, mais que la peine a été réduite à quatre mois en appel et que la peine de flagellation a été suspendue pour un an.
En réaction au verdict de la cour d’appel, Hamedani a publié le 15 janvier une photo de ses filles sur Instagram avec la légende : « Je ne suis pas fâché. Ce n’est rien comparé au peuple courageux qui a donné sa vie pour son pays ».
Hamedani a été poursuivi dans un procès intenté par l’ancien procureur de Téhéran, Saeed Mortazavi, qui aurait accusé Hamed d’avoir porté des accusations publiques à son encontre avant que Mortazavi ne soit condamné dans une affaire de corruption financière à l’époque où Mortazavi dirigeait l’Organisation de la sécurité sociale iranienne (SSO) en 2011-2013.
S’adressant à ISNA, Attar a noté que Hamedani « n’a même pas mentionné le nom de Mortazavi » dans l’interview en question.
« Le tribunal aurait été correcte que si l’accusé avait révélé le nom et l’identité de Mortazavi aux médias », a déclaré Attar, soulignant que Hamedani ne l’avait pas encore fait.
Hamedani a noté sur Instagram que Mortazavi n’avait été condamné qu’à 70 coups de fouet après avoir été reconnu coupable d’avoir détourné près de 308 000 euros de fonds publics, mais pour diffamation présumée, Hamedani a été condamné à six mois d’emprisonnement.
« J’écris ceci pour rappeler à mes collègues ce qu’ils savent déjà … que je paie le prix d’honorer notre serment professionnel », a-t-il écrit.
Avant d’être nommé à la tête du SSO, Mortazavi était procureur et juge à Téhéran de 2003 à 2010. En décembre 2017, il est devenu la seule autorité officielle, responsable de la mort d’un détenu torturé au centre de détention de Kahrizak en 2009. Mortazavi a été condamné à deux ans de prison pour la mort du détenu, qu’il a commencé à purger depuis avril 2018, selon les médias iraniens.
En juillet 2018, Hamedani a été inculpé à la suite des critiques proférées contre le système judiciaire iranien qui l’a empêché, ainsi que plusieurs autres avocats de la défense, de défendre des défenseurs de l’environnement qui avaient été arrêtés par les pasdarans (IRGC).
Au cours de cette période, Hamedani, qui s’est occupé de plusieurs affaires de défense des droits humains tout au long de sa carrière, a publié sur Twitter une copie de son document de convocation.
« J’ai été convoqué devant le tribunal de la culture et des médias après une plainte du procureur adjoint de Téhéran qui m’a accusé de propagation de mensonges », a-t-il tweeté le 26 juillet 2018.
« Les motifs avancés dans la plainte sont mes tweets sur le défunt Kavous Seyed-Emami et la note à l’article 48 concernant l’interdiction faite aux avocats de représenter des écologistes détenus », a-t-il ajouté. « L’enquêteur était poli et j’espère que ma défense sera acceptée. Tous mes efforts visent à améliorer le climat dans lequel les avocats peuvent assurer la défense de l’accusé ».
Seyed-Emami, universitaire et écologiste irano-canadien, est décédé dans des circonstances suspectes à la prison d’Evine à Téhéran en février 2018, deux semaines après avoir été arrêté par les pasdarans, le mois précédent.
Au moins sept avocats ont été emprisonnés en Iran en 2018, dont la célèbre avocate Nasrin Sotoudeh, pour avoir défendu des prisonniers politiques ou pour avoir rejeté l’obligation imposée par l’État aux personnes incarcérées pour « sécurité nationale » de choisir leur conseil parmi une liste approuvée par le pouvoir judiciaire.
Source : Le Centre pour Les droits de l’homme en Iran