CSDHI – Mehdi Moghaddari, membre du conseil municipal d’Ispahan, en Iran, a été suspendu de ses fonctions pendant six mois, en partie pour avoir soutenu un collègue conseiller municipal qui avait demandé la libération des adeptes emprisonnés de la foi bahaïe et qui a donc été arrêté.
« Ce matin, j’ai comparu devant la 11e chambre du tribunal révolutionnaire d’Ispahan et j’ai présenté une défense finale concernant mes publications sur Twitter et Instagram, en soutien à M. Mehdi Hajati, membre du conseil municipal de Chiraz, et à M. Ali Asghar (ou Aliasghar) Gharavi, expert du Coran et activiste politique », a-t-il déclaré dans un message publié sur Instagram le 15 avril 2019.
«À la fin de l’audience… j’ai été condamné à une suspension de six mois par le conseil municipal d’Ispahan », a ajouté Moghaddari.
Moghaddari a noté dans son message sur internet que les plaignants dans son affaire avaient été identifiés comme étant le bureau d’Ispahan des pasdarans et un groupe politique conservateur radical s’auto proclamant le quartier général pour « la résurrection de la promotion du bien et la prévention du mal ».
En février 2019, Moghaddari a été condamné à six mois de prison pour ses publications sur les réseaux sociaux. Bien que la cour d’appel ait confirmé le verdict, il n’a pas été condamné à la prison.
Les messages qui lui ont valu une condamnation à la prison incluaient des critiques de ses rivaux politiques conservateurs, et son point de vue sur la censure des réseaux de médias sociaux par l’État, ainsi que sur l’interdiction par l’Etat des femmes qui font du vélo en public.
« Certains sont si fiers de filtrer Telegram comme s’ils avaient réalisé la plus grande conquête », a-t-il écrit sur Instagram le 18 avril 2018, moins de trois semaines après que la justice ait interdit l’application de messagerie largement utilisée. « Le filtrage est une déclaration de défaite. Cela va mettre les gens en colère et les frustrer. Il n’y a pas de quoi être fier.
Défendant le conseiller municipal de Chiraz, Mehdi Hajati, qui a été détenu pendant dix jours en octobre 2018 pour avoir recherché la liberté de deux bahaïs dans sa circonscription, Moghddari a écrit sur Instagram le 29 septembre 2018 :
« Certains ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre, avoir des droits ne veut pas nécessairement dire avoir raison. Tout être humain, qu’il aime ou non ses convictions et ses idées, jouit de certains droits, dont le plus important est le droit à l’application régulière de la loi. Défendre ceux à qui vous vous opposez, c’est la définition de la liberté. Libérez Mehdi Hajati ».
La Constitution iranienne ne reconnaît pas la religion bahaïe en tant que religion officielle. Bien que l’article 23 dispose que « personne ne peut être molesté ni accusé simplement pour avoir maintenu une certaine croyance », les bahaïs sont sévèrement poursuivis pour avoir participé à un activisme pacifique et privés de nombreux droits fondamentaux, y compris l’enseignement supérieur.
Mi-novembre, Moghaddari a été convoqué au bureau du ministère du renseignement à Ispahan et interrogé pour son soutien à Hajati.
Répondant à la suspension de six mois de Moghaddari, Abdollah Ramezanzadeh, professeur de droit à la retraite, a tweeté : « Mes amis juristes pourraient-ils s’exprimer sur la condamnation du conseiller municipal d’Ispahan, Mehdi Moghaddari ? … Cette condamnation ne nie-t-elle pas les droits des personnes qui l’ont élu ? »
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran